Les forces de sécurité ont arrêté hier à Khartoum le chef de l'opposition islamiste soudanaise Hassan al-Tourabi et, au moins, quatre cadres de son parti après une attaque sans précédent menée samedi par des rebelles du Darfour près de la capitale soudanaise. L'attaque contre la ville jumelle de Khartoum, Omdurman, reliée par un pont sur le Nil, a été menée par le Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM), le plus puissant militairement des groupes rebelles du Darfour, région de l'ouest soudanais en guerre civile depuis 2003. Les autorités soudanaises ont affirmé l'avoir repoussée et ont rompu dimanche les relations diplomatiques avec le Tchad, accusé d'avoir soutenu l'offensive, la première lancée aussi près de la capitale par des rebelles avec l'objectif de renverser le régime d'Omar el-Béchir. Mais le Tchad a nié toute implication. “Les forces de sécurité sont venues chez nous ce matin et ont arrêté mon époux Béchir (Adam Rahma)”, a dit Israa Mohammed el-Béchir par téléphone depuis Khartoum. “Nous savons qu'elles détiennent aussi Hassan al-Tourabi et au moins trois autres membres importants de son parti (le Congrès populaire)”. “Il pourrait y avoir plus de personnes détenues,” a-t-elle ajouté. “Les forces de sécurité n'ont donné aucune raison pour les arrestations mais certains disent qu'ils étaient impliqués dans ce qui s'est passé à Khartoum”. M.Tourabi, ex-bras droit du président Omar el-Béchir et aujourd'hui son principal ennemi, a dans le passé nié tout lien avec le mouvement JEM, tout en admettant qu'il était influent. Le chef du parti du Congrès populaire a été emprisonné à plusieurs reprises ces dernières années. Il a été libéré pour la dernière fois en juin 2005, 15 mois après son emprisonnement sous l'accusation d'avoir orchestré une tentative de coup d'Etat. Une chasse à l'homme a été lancée par les troupes dans la capitale et dans les régions voisines, où des armes et des explosifs ont été saisis, selon les médias d'Etat. Le couvre-feu a été levé dans Khartoum mais maintenu à Omdurman. Le Soudan a offert en récompense plus de 120 millions de dollars à quiconque permettrait de capturer le chef du JEM, Khalil Ibrahim, d'après l'agence officielle Suna. Selon Suna, l'armée a tué en repoussant l'attaque de samedi un commandant du JEM et a pourchassé, combattu et éliminé une force rebelle de 45 hommes à une cinquantaine de km d'Omdurman. Elle a aussi arrêté 300 rebelles. Les Affaires étrangères soudanaises ont dit détenir des preuves sur des contacts entre les rebelles, le gouvernement tchadien et l'ambassade du Tchad à Khartoum. Cinq ou six diplomates tchadiens ont été sommés de quitter le pays. R.I/Agences