Une scission est apparue au sein du mouvement rebelle touareg des Nigériens pour la justice (MNJ) avec l'annonce de la formation d'un mouvement dissident baptisé Front des forces de redressement (FFR). Mohamed Awtchiki Kriska, une figure de la révolte touareg nigérienne des années 1990, s'est propulsé président du nouveau mouvement, alors qu'il avait rallié le MNJ en novembre 2007, le mouvement dirigé par Agali Alamabo et apparu en février de la même année. Awtchiki a jugé que le MNJ est bloqué depuis une année, c'est-à-dire, depuis la reprise des hostilités contre le pouvoir de N'Djamena et que “la population civile reste la seule victime majeure du conflit”. Durant la première révolte des Touaregs (1991-1995), il était le porte-parole de la Coordination de la résistance armée (CRA) qui regroupait une dizaine de fronts touaregs. La défection de Awtchiki est lourde de sens pour le MJN, elle peut signer la mort de ce mouvement. Par ailleurs, le sécessionniste a emporté dans ses bagages un autre chef historique de la rébellion des années 1990, signataire des accords de 1995 qui y avaient mis fin, Rhissa Ag-Boula. C'est ce dernier qui avait annoncé en janvier dernier le lancement d'une “bataille de l'uranium”, minerai dont le Niger est le troisième producteur mondial. Deux autres chefs rebelles ont également rejoint le FFR : Chehna Ag-Hamate et Kaocen Seydou Maïga qui font partie de l'organe directeur du mouvement, respectivement comme commissaire aux relations avec l'Europe et porte-parole des FFR. Théoriquement, le MJN aura vécu avec la naissance du FFR. Depuis le début 2007, les autorités nigériennes font face au MNJ dans le nord du pays, où ce mouvement mène des opérations meurtrières contre des postes militaires. Cette région frontalière de l'Algérie renferme les mines d'uranium et il est également fait état de présence de pétrole dans la partie accolée à la Libye et que ce dernier pays revendique. Malgré de nombreux appels au dialogue, lancés notamment par des députés, le président Mamadou Tandja refuse toute négociation avec le MNJ dont les chefs sont, selon lui, des “bandits et des trafiquants de drogue”. La ligne dure de Mamadou Tandja aura-t-elle payé ? La rébellion touareg malienne n'a pas elle aussi échappée à ce phénomène de dissidence. Deux années après l'insurrection “fagaguiste” et “bahanguiste”, la rébellion touareg qui sévit au Nord Mali laisse éclater ses déchirures. Face au mode opératoire de la rébellion, qui a suscité la désapprobation des populations, y compris chez les Touaregs, le mouvement a fini par s'émietter avec la multiplication des groupes armés.L'entrée en lice de paramètres tels l'islamisme radical, les trafics d'armes, de drogues et la traite des hommes, a compliqué l'imbroglio malien. Sans compter la présence de nouveaux médiateurs dans l'affaire, dont la Libye et son rêve de république saharienne. La rébellion armée qui secoue le nord du Mali (Kidal) depuis le 23 mai 2006, a métastasé pour ainsi dire, avec l'émergence de nouveaux groupes armés. L'Alliance du 23 Mai pour la démocratie et le changement, l'ADC, a volé en éclats. Avec une dissidence, Alliance touareg Nord Mali pour le changement (ATNMC)) conduite par Ibrahim Ag-Bahanga, qui avait déposé ses armes et même rejoint l'armée malienne, emportant dans ses bagages le colonel déserteur Hassan Fagaga auquel Bamako avait confié le commandement d'unités spéciales antiterroristes en gestation. Alors que l'ADC est resté attachée à l'accord d'Alger du 4 juillet 2006 qui avait mis un terme aux premiers affrontements armés, Ag-Bahanga. Toutes les choses qui ne sont pas sans implication lorsqu'on sait que cette nouvelle donne conduit à avoir deux interlocuteurs : ceux qui sont restés attachés à l'accord d'Alger (ADC) et ceux qui ont préféré le langage des armes, menés par Brahim Ag-Bahanga a repris le maquis dans une région très convoitée par des forces extra-africaines. Le mal a pris récemment une nouvelle dimension avec l'apparition d'une nébuleuse de groupuscules. Peu connus au départ, ils se distinguent par le fait qu'ils présentent des revendications mal définies donnant le plus souvent même le sentiment de ne point en avoir. Le mouvement touareg malien est aujourd'hui comme un serpent à multiples têtes avec des attaques non revendiquées aux auteurs anonymes et mystérieux. Même le théâtre des opérations s'est déplacé : à la partie septentrionale, nord-est de Kidal, on assiste désormais à l'extension des attaques aux régions sud, contre l'armée mais aussi contre des particuliers dont les biens l'objet de razzia et l'apparition du phénomène de prises d'otages pour internationaliser le problème. D. Bouatta