Après avoir exclu pendant longtemps de négocier avec eux, le chef de l'Etat du Niger, Mamadou Tandja, a rencontré dimanche des rebelles touaregs et leur a proposé l'amnistie en contrepartie d'un dépôt des armes. Les autorités nigériennes ont changé radicalement leur position sur la question des rebelles touaregs, qui interdisait toute négociation avec les représentants de leur mouvement, le MNJ. Mamadou Tandja, le président nigérien, a rencontré dimanche soir à Agadez, dans le nord du pays, des rebelles touaregs auxquels il a promis une amnistie s'ils déposent les armes, a indiqué une source officielle hier. Il s'agit du premier contact entre le chef de l'Etat nigérien et les chefs rebelles, depuis l'apparition dans cette région au début de l'année 2007 du Mouvement des Nigériens pour la Justice (MNJ). D'ailleurs, Mamadou Tandja ne s'est pas rendu dans la zone de conflit depuis plus de deux ans. "Depuis longtemps, nous les avions appelés à déposer les armes et à venir construire le pays avec nous. Nous leur pardonnons, car nous voulons la paix au Niger", a déclaré à la radio locale le président à la suite de sa rencontre avec une dizaine de représentants de trois groupes rebelles touaregs. Parlant en langue haoussa, il lancera en direction de ceux qu'il avait refusé de rencontrer durant les deux dernières années : "On ne construit pas un pays les armes à la main (...) revenez travailler pour développer votre pays." Il les qualifiait, pour rappel, de "bandits" et de "trafiquants de drogue". Ceci étant, aucune date pour un désarmement éventuel ou la signature d'un accord de paix n'a été toutefois annoncée à l'issue de cette rencontre. Jusqu'à hier, on ignorait encore la réaction des groupes rebelles à l'appel du président Tandja. Derrière ce rapprochement, se trouvait Tripoli, car les délégués touaregs étaient arrivés de Libye à bord d'un avion affrété par les autorités libyennes. Il y avait également dans le même vol le dernier militaire nigérien retenu par les rebelles touaregs et qui a été libéré grâce à la médiation du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, selon le ministre nigérien de l'Intérieur, Albadé Abouba. Pour rappel, le lieutenant Mamane Laouali avait été capturé en juin 2007 dans le nord du pays par des éléments du Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ), le principal groupe rebelle. Les contacts entre les deux parties remontent au début du mois d'avril dernier, lorsque des groupes de rebelles touaregs conduits par Aghali Alambo, le chef du MNJ, et une délégation du gouvernement nigérien, avaient affirmé leur engagement pour "une paix définitive dans le nord du Niger" lors d'une rencontre avec le leader libyen Mouammar Kadhafi à Tripoli. Cette réunion avait regroupé, outre le MNJ, le Front des forces de redressement (FFR) et le Front patriotique nigérien (FPN). Le chef de l'Etat libyen, président en exercice de l'Union africaine, a indiqué de son côté qu'il suivrait la situation au Niger jusqu'à l'achèvement du processus de paix. C'est lors de sa visite au Niger, le 15 mars dernier, que Kadhafi avait appelé les rebelles touaregs à déposer les armes et à intégrer un processus de paix. Il avait saisi l'occasion pour remettre au président Tandja six ex-otages nigériens des rebelles touaregs du MNJ, dont il avait obtenu la libération.