Le chef du gouvernement socialiste espagnol est sur les pas de Sarkozy pour l'immigration. José Luis Rodriguez Zapatero se fait l'avocat de la controversée directive européenne sur l'immigration clandestine, concoctée par le président français et adoptée par les députés européens. Pourtant, l'Espagne s'était singularisée sur ce dossier en procédant à la régularisation de ses immigrés, force de frappe de sa croissance. Le volte-face de Zapatero est sévèrement critiqué par les pays d'Amérique latine, d'autant plus que celui-ci considère la directive liberticide comme “une avancée progressiste”. Zapatero a, du reste, été obligé de rassurer ses partenaires latino-américains en leur expliquant que la directive offre, aux citoyens latino-américains en situation irrégulière, des garanties. Un aveu lourd de sens qui laisse supposer que la porte de l'UE n'est, tout compte fait, fermée que pour les ressortissants maghrébins. Très critiquée en Amérique latine, la nouvelle loi européenne sur l'immigration adoptée avec le soutien de l'Espagne prévoit une détention maximale de 18 mois avant l'expulsion, ainsi qu'une interdiction de territoire de 5 ans. C'est une loi qui criminalise l'immigration et qui porte atteinte aux droits de l'homme. L'Espagne, qui a absorbé environ quatre millions d'immigrants, majoritairement latino-américains, depuis les années 1990, va donc fermer ses portes et procéder à la chasse aux immigrés. Madrid a même confectionné un programme sous le couvert du “retour volontaire des immigrés dans leur pays”. Le Groupe de Rio, qui rassemble 21 pays d'Amérique latine et des Caraïbes, s'est dite préoccupée par la directive européenne. Le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, l'a jugée “xénophobe” et son homologue vénézuélien, Hugo Chavez, a menacé de suspendre ses livraisons de pétrole en Europe. D. B.