Plusieurs voix se sont élevées à Madrid pour dénoncer la politique de José Luis Rodriguez Zapatero. La signature du Pacte européen sur l'immigration et l'asile par l'Union européenne, le 25 septembre 2008, n'est pas du tout au goût de certaines parties, notamment en Espagne. Plusieurs voix se sont élevées à Madrid. Partis politiques, associations et plusieurs ONG de défense des droits des immigrés ont sévèrement dénoncé encore une fois le projet «Carte bleue» pour attirer les diplômés étrangers et répondre aux besoins de main-d'oeuvre qualifiée. Gaspar Llamazares, le coordinateur général de Izquierda Unida (IU- Gauche unie) a déploré cet accord en matière d'immigration. Il a également critiqué, lors d'une conférence de presse, le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero: «Le gouvernement espagnol a fait une erreur en soutenant le Pacte européen sur l'immigration et cela n'aide en rien la politique migratoire», a-t-il estimé. Pourtant Zapatero a procédé à une régularisation massive des sans-papiers lors de sa première législature. Le chef de cette formation politique a dénoncé, cependant, son revirement durant son deuxième mandat à la tête de l'Exécutif espagnol en matière d'immigration. «Aujourd'hui Zapatero est tombé dans la politique migratoire de la droite européenne, de la droite de Sarkozy, en acceptant le pacte d'immigration et la fin des régularisations collectives», a-t-il souligné. Le Pacte UE sur l'immigration est pris pour «une immigration serviable et jetable» par un autre parti de gauche, Initiative pour la Catalogne Verts (ICV). «Le contenu du Pacte européen sur l'immigration et l'asile est la preuve définitive d'une vision mercantiliste de l'immigration», a souligné Raul Romeva, eurodéputé de cette formation politique. La création de cette fameuse «Carte bleue» a été également sévèrement critiquée par des responsables d'associations ou d'ONG, ces organisations non gouvernementales estimant cette mesure illégale à l'égard des pays d'origine. La Commission espagnole d'aide aux réfugiés (Cear) a exprimé son désaccord avec la thèse européenne de l'immigration, qui mise, selon cette ONG, sur un modèle circulaire qui «ne va pas réguler les flux migratoires, mais va décapitaliser professionnellement les possibilités de développement de ces pays». Mauricio Valiente, secrétaire général de la Cear, déplore ce «modèle de coopération». «Au lieu de défendre un modèle de coopération avec les pays d'origine, pour faire face à la nécessité d'émigrer et de mener des politiques d'accueil et d'intégration dans les sociétés d'accueil, l'UE favorise beaucoup plus l'apparence des grandes initiatives que la pratique réelle», a-t-il soutenu. Pour sa part, le porte-parole de SOS Racisme, Javier Ramirez, a indiqué que la «Carte bleue est une pratique discriminatoire et élitiste, y compris parmi les travailleurs étrangers». Selon ce même responsable, «l'UE tente actuellement de créer une classe spécifique de travailleurs privilégiés, mais ne fait pas une politique commune pour des travailleurs étrangers, qui continuent tous d'être traités comme une simple main-d'oeuvre». La Carte bleue sera officiellement entérinée par leurs dirigeants à leur Sommet du 15 octobre prochain à Bruxelles. Les parties opposantes à ce pacte seront certainement au rendez-vous.