Ne voulant pas d'incidents, pouvant surgir entre dirigeants arabes et israéliens et qui risquaient de se répercuter négativement sur ce sommet de lancement de l'Union pour la Méditerranée, les organisateurs ont trouvé la parade à travers un dispositif protocolaire basée sur l'alphabet et une table circulaire. Une dizaine de places séparaient, hier, les délégations syrienne et israélienne au cours de la cérémonie du sommet de lancement de l'Union pour la Méditerranée. Cette disposition est loin d'être le fait du hasard. Elle a été mûrement réfléchie et minutieusement préparée par le service protocolaire du président français et aura constitué la solution pour que l'événement se déroule sans accrocs entre les délégations de certains pays arabes, refusant de siéger aux côtés d'Israël. Il était clair que de nombreux dirigeants de pays arabes n'entretenant pas de relations avec Israël ne voulaient être dans la gêne en se retrouvant côte à côte avec les responsables de ce pays, en raison du contentieux entre les deux parties. Par la voix de la Ligue arabe, les chefs d'Etats arabes ont demandé à ce que ce rendez-vous ne se transforme pas en une rampe de normalisation israélo-arabe, rappelant que l'offre de paix arabe “La terre contre la paix” présenté lors du sommet arabe de Beyrouth en 2002 et réaffirmée lors de celui de Khartoum récemment est la base de tout règlement du conflit, insistant sur le fait qu'il n'y aura pas de normalisation sans contrepartie. Ceci étant, les organisateurs français ont fait en sorte d'éviter les frictions entre les parties concernées, bien que l'espoir secret de Nicolas Sarkozy était de provoquer une poignée de main historique entre Ehud Olmert et Bachar al-Assad, qu'il mettrait à son compte comme une grande réalisation diplomatique. Il n'en demeure pas moins que le président syrien avait refusé tout contact direct à cette occasion avec le Premier ministre israélien, même si des négociations indirectes sous l'égide de la Turquie se déroulent entre Damas et Israël. Ainsi, en recourant à une table ronde et à l'ordre alphabétique pour situer l'emplacement des délégations, le protocolaire se met à l'abri de surprises désagréables. De cette façon, le président syrien Bachar al-Assad et le Premier ministre israélien Ehud Olmert, bien qu'ils fussent du même côté de la table, se retrouvaient séparés de dix places, comme ce fut le cas le matin lors d'une réunion ministérielle dans la matinée. La table était divisée en deux parties, l'une présidée par l'Egypte et l'autre par la France. Syrie et Israël se trouvaient du côté présidé par l'Egypte, alors que la place qui était réservée à la Libye, entre le Liban et Malte, a été noircie sur le plan. Pour rappel, le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, qui a qualifié le projet de l'Union pour la Méditerranée de “champ de mines” pour ses membres, a décidé de boycotter ce rendez-vous. K. ABDELKAMEL