Tant que le président français persistera à soutenir inconditionnellement Israël, il sera confronté au refus des pays arabes de siéger aux côtés de l'Etat hébreu à l'Union pour la Méditerranée, considérée par beaucoup comme une tentative de normalisation israélo-arabe qui ne dit pas son nom. Avant son arrivée hier après-midi à Jérusalem, Nicolas Sarkozy a versé dans des éloges sans fin envers Israël, en déclarant à la presse locale : “L'existence d'Israël n'est pas discutable, sa sécurité n'est pas négociable et le peuple israélien doit savoir qu'il pourra toujours compter sur la France dès lors que sa survie ou sa sécurité serait menacée.” Cet alignement total sur les thèses israéliennes, bien qu'il ait promis de dire à ses interlocuteurs israéliens que leur sécurité et la paix dans la région passent par “le gel total de la colonisation et la création d'un Etat palestinien”, risque de durcir davantage la position des pays arabes hésitant à adhérer à l'Union pour la Méditerranée, le projet cher au patron de l'Elysée. Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que les réticences des Arabes à intégrer cet ensemble sont liées à leur refus de s'asseoir à la même table que les dirigeants israéliens tant que le conflit du Proche-Orient n'est pas réglé. Estimant que l'UPM n'est qu'une “normalisation rampante” des relations israélo-arabes, alors que l'offre de paix arabe, lancée lors du Sommet de la Ligue arabe de Beyrouth en 2002 et renouvelée par le récent Sommet de Damas, une bonne partie des Etats arabes riverains de la mer Méditerranée est loin d'accepter d'en faire partie. Cette visite de Sarkozy en Israël, qui intervient à huit jours du début de la présidence française de l'Union européenne et à trois semaines avant le sommet de lancement de l'Union pour la Méditerranée, le 13 juillet prochain à Paris, n'est pas faite pour assurer le maximum de présence arabe à ce rendez-vous. En effet, alors qu'il tente de faire le forcing pour renforcer la présence de Paris au Proche-Orient, ainsi que la dernière visite de soutien au nouveau président libanais, Michel Souleïmane, sans oublier les contacts avec Damas, le chef de l'Etat français pourrait tout perdre vis-à-vis des Arabes à cause de ce séjour israélien. Lors de la dernière réunion de préparation d'Alger, la France n'avait pas réussi à convaincre ses interlocuteurs arabes, notamment l'Algérie, laquelle avait exigé des “clarifications” sur un projet qu'elle a jugé flou. Juste avant la visite du Premier ministre français à Alger, le Chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, a réitéré la position algérienne dans un entretien accordé au journal Le Monde. Il avait notamment déclaré : “Si l'Algérie est favorable à une union de projets à géométrie variable, il ne faut pas que ces projets soient une couverture pour une normalisation rampante avec Israël.” Le fait qu'il soit considéré en Israël comme le président français à ce jour le plus pro-israélien pourrait coûter cher à Nicolas Sarkozy, à travers une adhésion arabe très limitée à son “Union pour la Méditerranée”. K. ABDELKAMEL