Pour une fois ils ne l'ont pas promis mais ils l'ont quand même fait ! C'est que, après leur semi-échec d'il y a deux semaines au match aller à Tizi-Ouzou (1-1), les Canaris étaient plutôt dans leurs petits souliers et guère partants pour une première qualification historique aux poules de cette Coupe de la CAF au parfum quelque peu teinté d'amertume et surtout de frustration après cette fameuse élimination en 8es de finales de la Ligue des champions face au Coton sport de Garoua. Et lorsqu'ils se firent étriller la semaine dernière en match amical à Khouribga (6.0), on ne donnait vraiment pas cher des chances de qualification de cette JSK qu'on disait —certainement à tort— désintéressée de cette C2 africaine, qui tombait de surcroît comme un cheveu dans la soupe en cette période estivale où toutes les autres équipes algériennes ont pour seul souci la préparation de la nouvelle saison. En fait, c'est certainement cette situation d'épreuve presque facultative qui aura propulsé littéralement la JSK vers les poules de l'épreuve là où on ne l'attendait pas. N'est-ce pas là la position forte d'un joueur de casino qui place à tout bout de champ ses pions pour quitter le jeu au plus vite et qui décroche aussitôt la grosse cagnotte sans l'avoir trop provoquée. À ce jeu-là, les dirigeants de la JSK ont justement su trouver la parade et positiver ainsi les choses au maximum. À Yaoundé, où la JSK était presque en villégiature surtout qu'il faisait un temps splendide de 24° à peine au pied du mont Fébé, le nouveau coach roumain de la JSK motivait ses troupes en les incitant au sérieux et à la sérénité. “Au point où nous en sommes, il n'y a plus rien à perdre sinon tout à gagner. Alors, faites-vous plaisir sur le terrain et prouvez-leur votre talent et votre notoriété, eux, qui pensent déjà être qualifiés. Ce qui n'est pas le cas car, en football tout peut arriver”, a déclaré en substance Moldovan, cet ex-numéro 10 du Dynamo de Bucarest qui affectionne particulièrement le beau jeu et l'adversité d'où qu'elle vienne. Et lorsque le président Hannachi a encore dopé ses troupes en leur promettant une forte prime tout en leur exigeant de faire valoir “l'orgueil légendaire des Imazighen”, le discours avait déjà donné ses fruits au sein de la formation kabyle. Dès leur arrivée au stade national Ahmadou-Ahidjo de Yaoundé —là où ils avaient remporté haut la tête leur dernière Coupe de la CAF en 2002 face au Tonnerre local— les camarades de Chaouchi affichaient un air étrangement conquérant alors que les Camerounais des Astres de Douala étaient déjà dans les nues. Dès le coup d'envoi du referee ivoirien Momandiez Doue, la peur et surtout l'optimisme avaient soudainement changé de camp. Maîtres de leur sujet et de leur destin, les Algériens auront faussé tous les plans camerounais, notamment en première mi-temps où le 3-5-2 prôné par Moldovan avait sérieusement contrarié les Camerounais qui ne s'attendaient guère à une telle difficulté. Certes Meftah dégageait une balle assassine sur la ligne fatidique alors que Chaouchi était archi battu (30') mais la JSK tenait bon et maîtrisait la situation. Schéma très attendu et limpide comme de l'eau de roche, Moldovan allait aussitôt faire pencher la balance en incorporant à la fois deux attaquants racés, en l'occurrence le Béninois Wassiou et le revenant Amaouche aux places respectives de Douicher et Derrag et l'exploit qu'on pensait presque impossible commençait à prendre forme. Après deux bonnes occasions de scorer de Berremla (63') et Amaouche (70'), ridiculement annulées par l'arbitre ivoirien pour des positions de hors-jeu imaginaires, la JSK passait à la vitesse supérieure et réussira le “coup de théâtre” parfait en fin de partie. Un démarrage en trombe de Amaouche, ponctué d'un centre très tendu qui sera dévié de la tête par Bensaïd, et voilà que ce diable de Berramla arrive de loin pour décocher un tir foudroyant en pleine lucarne (78'). Il ne restait plus que douze minutes pour résister vaillamment et se laisser emporter par une ivresse collective au coup de sifflet final de l'arbitre ivoirien Doue qui enfonça définitivement les Astres de Douala en expulsant logiquement le capitaine Bikima, auteur d'une agression gratuite sur le convalescent Oussalah.Voilà comment la JSK évita de rentrer bredouille du pays des Lions indomptables pour honorer une fois de plus les couleurs nationales aux quatre coins de l'Afrique. Les airs bien connus de “Imazighen ! Imazighen !” retentirent gaiement dans les vestiaires du stade de Yaoundé et sur tout le trajet du retour vers Douala où la soirée fut douce et mémorable. M. H.