La Chine a exposé hier sa modernité à la face du monde en célébrant l'ouverture des Jeux olympiques de Pékin, avec pour leitmotiv la grandeur de sa civilisation. Près de 91 000 personnes étaient présentes au sein du Stade national de Pékin et plus d'un milliard de téléspectateurs ont assisté à cette cérémonie longue de quatre heures, célébrant l'histoire de la Chine, puis celle des Jeux olympiques. Ce n'est qu'à 00h04, heure locale (18h04 GMT), que l'ancien gymnaste chinois Ning Li, sextuple médaillé aux jeux de Los Angeles en 1984, a été porté dans les airs par des câbles en acier jusqu'au sommet du stade. Suivi par un projecteur, Ning Li a simulé une course le long du toit du Nid d'oiseau avant d'allumer l'immense vasque olympique. Le président de la République populaire de Chine, Hu Jintao, avait auparavant déclaré ouverts les XXVIe Jeux olympiques d'été de l'ère moderne, après un discours du président du Comité international olympique (CIO) Jacques Rogge. “Pékin, vous êtes tout à la fois le présent et une porte ouverte sur l'avenir. Merci”, a dit Rogge en invitant les athlètes à “refuser le dopage”. Ponctuée par de spectaculaires feux d'artifice dans toute la capitale chinoise, la cérémonie s'est déroulée sous un ciel lourd et humide, mais elle a été épargnée par la pluie que redoutaient les organisateurs. Plus de 80 chefs d'?tat et de gouvernement ont assisté à la soirée pékinoise, très harmonieuse. La Corée du Nord et la Corée du Sud ont ainsi refusé de défiler ensemble pour la première fois depuis 1996 et les JO d'Atlanta. La délégation de la Corée du Nord a changé hier de position pour ne pas défiler juste derrière la Corée du Sud, sa rivale, lors de la cérémonie d'ouverture des JO de Pékin. Contrairement à ce qui était prévu selon l'ordre alphabétique, la Corée du Nord, acclamée par le public, a défilé quatre positions plus loin, entre le Monténégro et le Chili. Contrairement aux deux dernières éditions des JO, la Corée du Sud et la Corée du Nord, séparées depuis la guerre de Corée (1950-1953), ont décidé de ne pas défiler ensemble à Pékin. Pays historiquement en conflit avec la Chine, le Taïwan et le Japon ont, en revanche, été acclamés par la foule. Après un décompte en lumière sur la pelouse du Nid d'oiseau, le stade s'est embrasé à 20h heure locale (14h00 GMT) avec un feu d'artifice éclatant, quelques minutes avant que les spectateurs n'applaudissent les présidents du CIO et de la Chine. Autre symbole, une armée de 2 008 Chinois a scandé un proverbe de Confucius en martelant des tambours traditionnels pour entamer la cérémonie, chorégraphiée par le réalisateur chinois Zhang Yimou. 14 000 figurants ont ensuite dansé et chanté sur différents tableaux aux effets visuels garantis. Cent millions de dollars ont été consacrés aux cérémonies d'ouverture et de clôture, le double de la facture des jeux d'Athènes en 2004. Yimou, réalisateur reconnu en Europe et dont un film fut censuré par le Parti communiste chinois, avait pour consigne de glorifier les 5 000 ans d'histoire du pays le plus peuplé du monde. L'invention de la poudre, de l'écriture, des idéogrammes, du papier, la route de la soie, la construction de la Grande muraille et la conquête de l'espace ont ainsi été mis à l'honneur tout comme les grandes dynasties des Tang et des Ming. La grandeur de la Chine devait se lire jusque dans la taille du porteur du drapeau de l'immense délégation, le basketteur Yao Ming, 2,28m. Il était accompagné par un petit garçon rescapé du séisme du Sichuan, qui a fait près de 70 000 morts en mai dernier. ? leur entrée, le Nid d'oiseau s'est enflammé une deuxième fois pour acclamer les 639 athlètes qui font du pays organisateur le plus gros contingent de ces JO devant les Américains et les Russes. Deux cent quatre pays ont ainsi défilé au lieu des 205 initialement prévus, puisque le Bruneï a été retiré de ces olympiades faute d'avoir enregistré ses athlètes assez tôt. K. A.