De notre envoyé spécial à Pékin Abdelghani Aïchoun Grandiose. Magnifique. Somptueuse. Ces mots se révèlent insignifiants pour décrire la magnificence de cette cérémonie d'ouverture des 29èmes jeux Olympiques (JO) d'été. Jamais un pays n'a réussi un tel spectacle. La cérémonie chinoise surclasse de loin toutes les cérémonies organisées à ce jour et place la barre très très haut pour les futurs organisateurs des JO. Sous les caméras des télévisions de la terre entière, les Chinois ont tenu en haleine les 5 milliards de téléspectateurs qui ont suivi le magistral spectacle. De véritables prouesses techniques doublées d'incontestables performances humaines ont rendu hommage à la culture millénaire du pays. La Chine a prouvé qu'elle n'est pas seulement le pays le plus peuplé du monde, mais c'est aussi le pays qui sait vanter son histoire et sa culture ô combien riche et glorieuse. C'est dans son nouveau stade national, baptisé le «Nid d'oiseau», pouvant contenir 91 000 spectateurs, que les Chinois ont reçu près de 80 chefs d'Etat, dont le président de la République Abdelaziz Bouteflika, le président américain George W. Bush, Le Premier ministre russe Vladimir Poutine et le Français Nicolas Sarkozy. Et c'est devant les maîtres du monde que les Chinois ont prouvé qu'ils étaient les maîtres indétrônables de la cérémonie. Entre magie, splendeur, faste et somptuosité, la scénographie orchestrée par le cinéaste Zhang Yimou a dirigé d'une main de maître les jeux de lumières et la synchronisation humaine époustouflante, mobilisant pas moins de 14 000 personnes. Deux mille huit caissons «fous» (percussions antiques) ont fait une entrée magistrale pour lancer le compte à rebours jusqu'à l'ouverture officielle de la cérémonie par le premier feu d'artifice, à 20 heures locales (13h, heure algérienne). La fête chinoise démarre avec le message de bienvenue de l'inévitable Confucius («N'est-ce pas un bonheur d'avoir des amis qui viennent de loin ?»), pour revenir vers la mère patrie par la lecture du poème A la gloire de notre pays, et la levée du drapeau rouge à cinq étoiles par des militaires entourés des gamins représentant les 56 ethnies du pays. Les Chinois ont rappelé à la terre entière que l'invention du papier, c'était la Chine antique. L'hommage à leurs ancêtres qui ont su mettre l'humanité sur le chemin de l'écriture s'est illustré par le grand parchemin sur lequel se relayaient des danseurs peintres introduisant ainsi l'art de l'écriture. Dans une chorégraphie de blocs mouvants, animés par des humains, les sociétaires du spectacle ont réussi une performance éblouissante. La musique est introduite à travers l'opéra puis les cinq dynasties chinoises (Tang, Song, Yuan, Ming et Qing). Des musiciens aux trônes ascensionnels en colonnes imposantes terminaient en stylites mélomanes. La modernité n'a pas été à l'écart dans le spectacle chinois. La fluorescence d'une masse humaine ondoyante et chatoyante cernait le célèbre pianiste Lang Lang et son instrument, jusqu'à bâtir en pyramide humaine le stade olympique «Nid d'oiseau». Un tableau forçant l'admiration des plus exigeants. La fête chinoise n'aurait pas été édifiante sans la démonstration des arts martiaux. Les Chinois ont choisi le «tai chi chuan» pour l'occasion, représentant l'harmonie entre l'homme et la nature avant qu'une boule sorte de terre, la Terre justement, entourée de centaines de femmes brandissant des portraits d'enfants de toutes origines. L'ouverture de la Chine sur le monde s'accomplit avec l'entrée dans le stade des 204 délégations d'athlètes. S'égrenant derrière la délégation grecque et son porte-drapeau, les Chinois ont tenu à marquer de leur sceau le défilé des délégations en imposant leur alphabet pour l'ordre d'entrée au stade. De mémoire de jeux Olympiques, jamais un pays n'a réussi de telles prouesses. La Chine a réussi son pari. Exaltant avec magnificence leur civilisation, les Chinois ont démontré au monde entier que leur puissance n'est pas seulement économique, qu'elle est avant tout civilisationnelle. Car un peuple qui compte sa civilisation par plusieurs millénaires ne saurait être en deçà de la grandeur et des exploits de ses augustes ancêtres.