Après les associations des cancéreux et de lutte contre le cancer, c'est au tour des oncologues de donner de la voix pour médicalement alerter les plus hautes autorités sur cette pathologie qui, sous différentes formes, fait des ravages dans le milieu gériatrique. Après les associations des cancéreux et de lutte contre le cancer, c'est au tour des oncologues de donner de la voix pour médicalement alerter les plus hautes autorités sur cette pathologie qui, sous différentes formes, fait des ravages dans le milieu gériatrique. Venus de tous les horizons du pays, d'outre-mer et des Etats- Unis dans le cadre du 1er meeting d'oncologie médicale de Annaba, les oncologues ont, durant deux jours, échangé leurs expériences sur l'onco-gériatrie. Ils l'ont fait sous la conduite du Pr Kamel Bouzid président de la Société algérienne d'oncologie médicale (SAOM) et le Pr Azzedine Ayadi président du Conseil de l'Ordre régional. Dans leur volonté de permettre aux quelques 500 participants de mieux appréhender les questions d'onco-gériatrie, une sous-spécialité émergente, les organisateurs ont fait appel à Balducci Ludovico, une sommité mondiale. Cet expert américain est à l'origine de la mise en place d'un score onco-gériatrique, de son application et de son évaluation devenues incontournables dans la prise en charge d'une personne âgée. Durant les deux jours de ce rendez-vous scientifique, les intervenants sont allés au-delà des techniques médicales d'oncologie. Dans les 23 communications et les 66 posters, ils ont traité des progrès réalisés en chirurgie carcinologique, en anesthésie-réanimation, en supports nutritifs et psychologiques dans la prise en charge des cancers des personnes âgées. Les débats ont, en effet, débordé sur le peu de considération accordée par les responsables nationaux aux données épidémiologiques actualisées et localisations cancéreuses en relation avec l'âge dans notre pays. Il s'agit notamment du myélome multiple, cancer de la prostate, des voies biliaires et colorectales ainsi que le cancer du sein chez la femme âgée. C'est ce que ce meeting a eu le mérite de conférer à l'onco-gériatrie, outre son aspect médical, une dimension sociale et politique. C'est-à-dire dépasser le rôle que l'on attribue en Algérie aux oncologues d'être de simples accompagnateurs de leurs patients. « … Les progrès réalisés permettent maintenant de ne plus reculer devant le vieillissement et ses conséquences qui paraissaient une tare irrémédiable», souligne le Pr Bouzid. Le même praticien a estimé que le cancer du sein chez la femme âgée peut bénéficier de thérapeutiques nouvelles, en radiothérapie, en hormonothérapie, en traitements symptomatiques et en thérapies ciblées. A partir de là est posé le problème de l'insuffisance des moyens matériels tel qu'un appareillage de radiothérapie pour 30.000 habitants. Sur l'ensemble du territoire du pays, cet appareillage ne dépasse pas les doigts d'une seule main alors que se multiplient tous les types de cancers. En tête de liste figurent celui des poumons et du sein. L'excellente intervention du Dr Mahnane de par la précision des statistiques établies et des définitions et concepts des cancers des sujets âgés, a ébranlé plus d'un. Ce que ce praticien a proclamé avec éclat est un véritable appel à l'élaboration d'une politique nationale pour la prise en charge du cancer chez les personnes âgées. En parlant de l'anémie touchant cette catégorie de personnes, le Pf Balducci Lodovico de Tampa (Floride USA), a pratiquement disqualifié certaines idées bien ancrées de déterminismes sociaux, familiaux et culturels en relation avec la prise en charge des cancéreux. «Les maladies qui affectent les personnes âgées ne sont pas bien prises en charge dans le monde. A ce niveau, la recherche est totalement absente, l'industrie pharmaceutique à l'échelle mondiale préfère s'investir ailleurs. Aux Etats-Unis, nous avons énormément espéré avec la réforme de la santé que s'est engagé à réaliser le président Obama. Mais il reste encore du chemin à parcourir tant dans mon pays que partout à travers le monde. Je dois préciser qu'il existe en Algérie un peu plus d'humanisme dans la prise en charge de la santé des citoyens à l'inverse des USA où cette santé se détermine en fonction du niveau social», a-t-il souligné. Les statistiques de différents types de cancers établis laissent apparaître une courbe ascendante du nombre de sujets atteints. Entre autres, le cancer bronchique qualifié de première cause de décès chez l'homme. Annuellement, ce sont 700.000 nouveaux cas qui viennent grossir la liste des sujets atteints en Algérie. Il est suivi par celui du sein chez la femme qui, chaque année, comptabilise 9000 cas. C'est à de telles statistiques que les oncologues mesurent les changements d'époque avec, en Algérie, toujours la même attitude de passivité des autorités algériennes face à ce fléau. «En attendant l'installation des équipements nécessaires à la radiothérapie, rien ne s'oppose à la création d'un service oncologie au Centre hospitalier universitaire de Annaba. Les moyens humains sont disponibles, il est grand temps d'y penser sérieusement», dira le Pr Azzedine Ayadi, président du Conseil de l'Ordre régional de Annaba. On retiendra à l'issue de ce meeting international sur l'onco-gériatrie qui a vu la participation d'oncologues de renom en Algérie, au Maroc, des USA et de France, la déclaration du Pr Balducci Ludovico : «J'ai été impressionné par l'organisation médicale en Algérie. Comme je le suis en ce qui concerne la joie de vivre des Algériens et surtout leur tolérance les uns vis-à-vis des autres. J'ai été tout aussi impressionné par les compétences médicales et le compte rendu très pertinent des communications présentées et des interventions qui se sont succédé». A. Djabali