La RN1B qui relie Djelfa au sud est coupée partiellement à la circulation depuis 38 jours par les habitants de Bouigla, village de plus de 3 000 habitants qui dépend de la commune de Guettara, à quelque 245 km au sud du chef-lieu de wilaya. Une seule revendication : le départ de l'Assemblée communale et le maire après 21 ans de mandature. La RN1B qui relie Djelfa au sud est coupée partiellement à la circulation depuis 38 jours par les habitants de Bouigla, village de plus de 3 000 habitants qui dépend de la commune de Guettara, à quelque 245 km au sud du chef-lieu de wilaya. Une seule revendication : le départ de l'Assemblée communale et le maire après 21 ans de mandature. Mais en fait, ce sont beaucoup de dessous et les non-dits qui alimentent en réalité la tension. D'ailleurs, depuis les années 90, c'est toujours les mêmes revendications pas tout à fait claires. A chaque élection, le maire et son équipe passent. Ils sont à chaque fois presque plébiscités. La veille de chaque élection, ils sont ciblés pour qu'ils soient remis en cause. Mais cette fois-ci, il semble que les choses ne sont pas du tout les mêmes. Les revendications sont un peu plus claires, en plus de celle du départ du maire et de son équipe. Entre autre problèmes, l'assainissement des eaux usées, l'adduction en eau potable, l'électricité aux mêmes tarifs que ceux appliqués aux régions du Sud et les soins sanitaires primaires. A propos de ce dernier point, ils diront que le médecin n'est présent que lorsque la délégation du wali rend visite à la localité, le reste du temps c'est la lutte au quotidien contre la mort. La goutte qui a fait déborder le vase c'est la démolition des logements construits par les Ouled Laouer à Bouigla. Ils disent que l'Etat ne les prend pas en charge et il (ndlr, le maire) leur démolit, par-dessus le marché, ce qu'ils construisent. Bouigla sans les câbles électriques et les bâtisses de l'Etat, le CEM, l'école, la salle de soins et l'antenne administrative aurait servi de décor pour des films racontant le siècle précédent. En fait, ce n'est pas le maire et son équipe qui sont ciblés. Bien plus, c'est la misère et l'abandon par les autorités de ces deux tribus sœurs et rivales. Les uns accusent les autres, sans apporter de preuves palpables, de tous les maux. C'est la parole contre la parole. Bien qu'en réalité il n'y a jamais de fumée sans feux. Il est rapporté, avec force parfois, que le maire et les adjoints demanderaient 10 millions pour attribuer les logements ruraux. Et aussi 10 millions pour les locaux. Et bien d'autres griefs parfois sectaires qui sont reprochés aux élus. Il y a de cela cinq jours, l'escadron du GIR de Djelfa s'est rendu sur le lieu du sit-in pour dégager la route ; des échauffourées et affrontements ont eu lieu, et des blessés parmi les gendarmes ont été enregistrés. Nous saurons plus tard que les blessures étaient légères ; les vieux qui ont été indisposés par les gaz lacrymogènes et les gendarmes blessés par les jets de pierres sont tous rentrés chez eux. Après plus d'une heure d'affrontements, le dialogue est engagé entre une délégation de gens âgés et les gendarmes. La route est rouverte à la circulation. Les rochers et les pierres qui jonchaient la RN1B sont retirés par les protestataires eux-mêmes. Mais le sit-in n'est toujours pas levé. La solution ? Bouigla devrait devenir une commune à part entière et que les Ouled Laouer se prennent en charge. Le wali de Djelfa nous a fait la déclaration suivante : «Je veillerai personnellement au développement de Bouigla. Djilali Harfouche