Histoire qui frise l'insolite. Histoire d'une modeste famille dont le rêve s'est transformé en cauchemar. C'est l'histoire de Zakat et Salsabile, dont le destin est pour l'instant scellé. Ce sont deux sœurs siamoises nées un certain 21 octobre 2008, à Oued El Athménia (W. de Mila). Leur père Amokrane Aïssa et leur mère Safia Salhi, âgés respectivement de 37 et 33 ans, étaient ravis de savoir, après les premiers examens échographiques, qu'ils allaient avoir deux jumelles. Mais, au quatrième mois de la grossesse, le rêve allait prendre une facette cauchemardesque, lorsqu'ils apprirent que les deux fœtus étaient liés au niveau de leurs têtes. Une médecin spécialiste leur conseille alors de procéder à un avortement afin d'éviter toute souffrance future. Un second spécialiste les orientera vers l'imam avant de procéder à cet acte contraire aux préceptes de l'Islam. Un dilemme cornélien s'installe en fait. Le père s'adresse à l'imam de la mosquée Omar-Ibn-Khattab, sise à Oued Athménia. Ce dernier sans tergiverser lui fera savoir qu'il faut se soumettre à la volonté divine. Acceptant leur sort, les parents renoncent à l'avortement et s'en remettent à Dieu. La naissance de Zakat et Salsabile se fera au service maternité de Sidi Mabrouk (Constantine). Le docteur Chergui et son staff, qui ont procédé à une césarienne, et pris en charge les deux jumelles pendant une quinzaine de jours, décident de s'en décharger vu la délicatesse du cas et le manque de moyens. Place, alors, à l'angoisse permanente. Zakat et Salsabile focalisent tous les efforts de la famille Mokrane. Veiller à leurs besoins n'est pas une mince affaire, toute réaction de l'une entraînant immanquablement celle de l'autre. En état de veille ou dans leur sommeil, dans leur joie ou leur maladie, leur destin était scellé. Pour la mère, la tâche était double. Aussi, de jour en jour, les petites grandissaient et leur prise en charge devenait oppressante. Au mois de novembre, Monsieur Mokrane contacte la DAS de Mila. A ce propos, Noureddine Dlih, directeur de l'action sociale à Mila, confirme : « Nous avons été contactés par M.Mokrane qui nous a exposé son cas, en novembre 2010. Nous avons transmis l'affaire à notre tutelle. En collaboration avec la CNAS, la famille a été orientée vers l'hôpital de Blida ». Là, le professeur Bouyoucef, un éminent neurochirurgien algérien, après avoir procédé aux examens nécessaires, fera savoir à la famille qu'une telle intervention serait impossible en Algérie vu qu'elle nécessiterait un plateau technique des plus sophistiqués. Ce type de cas est rare dans le monde. Sa probabilité est estimée à un cas pour un million. Les deux fillettes possèdent deux cerveaux, et leurs deux cervelets se trouvent dans une boîte commune. A part cela, les autres membres du corps sont indépendants. Avec ses moyens limités de petit libraire et l'aide de ses proches, M. Amokrane ne sait plus à quel saint se vouer. Après publication d'un article par le quotidien Echourouk en mars dernier, l'affaire se répercute au niveau d'un hôpital germano-saoudien qui promet d'étudier le dossier. En vain, car la réponse tarde encore à venir. «Ensemble avec Zakat et Salsabile» Tel a été le slogan d'une équipe de volontaires, journalistes et autres, qui ont décidé de briser le silence en lançant un appel sur Face- book. L'affaire a mobilisé plus de deux cent personnes à travers le territoire national et à travers le monde. Les autorités locales de la wilaya décident de se joindre à l'initiative. Ainsi, Abderrahmane Kadid, wali de Mila, et son staff décident d'accompagner les membres de la corporation journalistique lors d'une visite aux deux sœurs jumelles dans l'après-midi du 9 juin dernier. A cette occasion, l'humain l'a emporté sur l'officiel. Le wali a remis au père de Zakat et Salsabile un chèque de 20 millions de centimes pour les besoins de leurs frais quotidiens tout en leur promettant la mise à leur disposition d'un véhicule pour leurs déplacements à Alger. Dans ce contexte, une autre action de solidarité engagée par le wali à Ferdjioua mérite également d'être signalée. Il s'agit d'une prise en charge pour une intervention chirurgicale au profit de la jeune Abir Semmar qui nécessitait une greffe de la cornée. A cette occasion, le wali a remis un chèque de 70 millions de centimes à la famille Semmar. Quant au cas des jumelles Mokrane, le wali déclarera : « Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour aider Zakat et Salsabile, même s'il faut mobiliser nos moyens personnels, en sus de ceux de l'Etat. Maintenant, la balle est dans le camp des ministres de la Solidarité et celui de la Santé. Zaakat et Salsabile ne sauraient encore attendre et leur prise en charge demeure urgente et ne permet aucun laxisme.