En visite en Suisse où il s'est rendu pour des soins dans la capitale fédérale de la Confédération helvétique, Berne, le général à la retraite Khaled Nezzar a été interpellé par la police judiciaire sur ordre du procureur fédéral suisse, afin d'être entendu et de livrer sa version des faits sur une affaire «de crimes de guerre et violation des droits de l'homme», objet d'une plainte déposée contre le général à la retraite par deux anciens responsables du Front islamique du salut (FIS), le parti dissous, qui séjournent depuis des années en Suisse. Les faits dont le général Nezzar est accusé sont situés par les plaignants en 1993, autrement dit à l'époque où le général Khaled Nezzar était ministre de la Défense. Ainsi, durant les deux journées de jeudi et vendredi, le général en retraite a dû se livrer à l'exercice demandé par le parquet helvétique, à savoir le jeu des questions/réponses qui informe et instruit le dossier de l'affaire sus citée en y adjoignant la déposition de l'ancien ministre algérien de la Défense. Suite à quoi, le général à la retraite était libre de tout mouvement, le procureur fédéral ayant levé toutes mesures de suspension, dont l'interdiction de quitter le territoire suisse. Néanmoins, le général en retraite, Khaled Nezzar demeure à la disposition de la justice helvétique à laquelle il pourra répondre à partir d'Alger. En tout cas, aucune charge n'a été retenue contre le général Nezzar à qui fut restitué son passeport diplomatique. Sur cette affaire qui n'engage pas que la personne du général en retraite, ancien membre du Haut Comité d'Etat et ancien ministre de la Défense, nous avons appris, de sources concordantes, que les plus hautes autorités de l'Etat ont tenu à suivre le dossier, minute par minute, alors que le ministre algérien des Affaires étrangères (AE), qui avait mis sur place une cellule de crise, en session permanente au niveau de son siège ministériel, était en contact permanent avec le général Nezzar, mobilisant, également, auprès de lui le consul d'Algérie qui a été à son chevet durant toute la procédure judiciaire. Il est, à vrai dire, singulier que des actions de ce genre soient intentées dans un contexte particulier de réconciliation nationale. Une loi qui a fait table rase du passé et qui a effacé les accusations pesant sur les uns et les autres en vue d'un retour salvateur à la paix. Voilà un fait qui plaide pour une démarche diplomatique algérienne qui expliciterait, à l'international, le contenu de la loi sur la réconciliation nationale et ce qu'elle implique comme disparition des charges qui pourraient encore figurer dans des dossiers d'instruction au niveau des justices européennes concernant ce qui s'est passé à cette période en Algérie. Dans cette affaire de justice, il semble bien qu'il y ait, pourtant, des relents de politique, notamment de la part des anciens membres du FIS qui entendent tirer avantage d'un calendrier favorable, celui du retour en force des Frères musulmans en Egypte, de l'émergence des djihadistes en Libye, et de l'espoir d'une victoire électorale des islamistes d'Ennahda en Tunisie. Cela sans oublier Al Qaïda au Yémen et les islamistes armés en Syrie. La vox populi nourrit même une rumeur – ce n'est qu'une rumeur qu'il faut prendre comme telle – selon laquelle- Ali Benhadj s'apprêterait à faire paraître ses mémoires. Sans commentaire !