A Annaba, où elle avait animé ce dernier vendredi un meeting populaire au théâtre Azzedine Medjoubi, Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des Travailleurs (PT), a annoncé la tenue d'une conférence internationale contre l'ingérence des puissances étrangères et du Fonds monétaire international dans la politique intérieure des Etats. Organisée à Alger en collaboration avec la centrale syndicale du 3 au 5 décembre 2011, cette manifestation verra la participation de représentants des organisations, syndicalistes et des personnalités du Maghreb, des pays du Sahel, d'Afrique et de nombreux Etats dont ceux membres de l'Otan. Dans ses analyses et critiques de la situation actuelle dans la région du Maghreb et du monde arabe, Mme Louisa Hanoune n'a épargné aucune puissance de ce monde ou pays de moindre importance militaire et économique impliqué directement ou indirectement dans ce qu'elle a qualifié de guerre fratricide entre les peuples arabes. Elle a cité pour l'exemple la France, la Grande-Bretagne, le Qatar pourvoyeurs d'hommes, de matériels et d'armes aux rebelles libyens et la Turquie. Sur sa lancée, Louisa Hanoune a accusé les pays de la coalition anti-Kadhafi d'avoir outrepassé la résolution 1973 de l'ONU et la France pour avoir ordonné l'assassinat de Mouammar Kadhafi quelques minutes après avoir été fait prisonnier. Dans les propos de la première responsable du PT, reviennent sans cesse les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne. Selon elle, sous l'argument de «protection des populations civiles» avec la complaisance du secrétaire général des Nations unies, ces Etats confrontés à une crise économique et financière sans précédent ont envahi divers pays arabes pour faire main basse sur leurs richesses pétrolières. «Après la Libye où ils se préparent à faire main basse sur le fonds de souveraineté libyen de 200 milliards de dollars, des puits de pétrole et de gaz, ils ont pour objectif de transformer la région du Maghreb en poudrière. Les ressources de l'Algérie sont leur prochaine cible», a-t-elle annoncé tout en dénonçant les récentes tentatives de déstabilisation enregistrées dans notre pays. Elle a cité celle avortée ciblant l'aéroport de Jijel et la découverte d'armes en provenance de Libye à Oum El Bouaghi avant d'ajouter : «Le responsable américain chargé des Affaires africaines venu nous conseiller d'entamer des réformes et de ne pas lancer des investissements publics, ferait mieux de balayer devant sa porte. Il doit le faire pour éviter au peuple américain de vivre misérablement ; conséquence de la crise économique, financière et sociale que son pays vit ces dernières années». Revenant à la situation socioéconomique actuelle en Algérie, Louisa Hanoune a abordé le dossier des revendications des salariés, des retraités, des sans-emploi et des sans logis. Il a occupé la majeure partie de son intervention. Tout en rappelant les instructions du président de la république en ce sens, la secrétaire générale du PT n'a pas manqué de stigmatiser les responsables à différents niveaux de responsabilité dans les administrations de l'Etat et des entreprises publiques et privées. «La privatisation de nos entreprises est une aberration. Sans investir un seul centime, les étrangers auxquels ces entreprises ont été offertes se sont enrichis. D'autres comme des Australiens ont disparu après avoir empoché 75 millions de dollars. Lafarge, Djezzy, Orlac Draa Ben Khada, Kemial Annaba, ENGI, ArcelorMittal, Fertial pour ne citer que celles-là sont toujours au même niveau technologique et de production où elles étaient avant d'être remises aux étrangers. Elles doivent être récupérées», a-t-elle affirmé. Le leader du PT a vivement critiqué le P-DG de Batimétal : «Comment le P-DG de l'EPE Batimétal peut-il outrepasser les dispositions d'une ordonnance présidentielle. Quant aux entreprises bradées, pourquoi maintenir leur privatisation au moment où tous les travailleurs et cadres appellent à leur renationalisation», s'est interrogée Mme Hanoune. Elle s'exprimait devant un auditoire composé de travailleurs, syndicalistes, cadres d'entreprises et de la Fonction publique. Comment travailler pour un avenir meilleur en Algérie ? Comment contrecarrer les desseins de ceux intéressés par l'instabilité de notre pays ? Quelle démarche économique adoptée ? Même si elle ne s'est pas trop attardée sur les solutions qu'elle estime adaptées, Louiza Hanoune n'en a pas moins pointé du doigt l'interminable cortège de ceux qui profitent du système. Elle l'a fait en donnant forme et langage aux ressentiments latents des uns et des autres. Mme Hanoune a aussi parlé des responsables à différents niveaux des institutions à l'origine de l'immobilisme générateur de conflits sociaux. Il faut dire que les dossiers qu'elle a abordés ont déjà bousculé les clivages politiques traditionnels et troublé la quiétude d'un gouvernement adepte du consensus. Ainsi, après de longs mois d'atonie politique, Louiza Hanoune semble avoir retrouvé sa verve, son verbe et le sens de l'offensive. Evitant d'écorcher un tant soit peu les actuels détenteurs du pouvoir, elle n'a pas manqué d'égrener les différentes manifestations de mécontentement ayant caractérisé le quotidien des populations dans différentes régions du pays. A Annaba, elle s'est retrouvée en présence d'une opinion publique, qui a les idées claires quant à la nécessité de ne rien faire, qui puisse porter atteinte à la stabilité du pays.