Les joueurs de l'Espérance Sportive de Tunis avaient oublié le ballon pour ne surveiller que l'arbitre central. Ils attendaient le coup de sifflet final avec une certaine pression indescriptible, ils étaient tous des arbitres de la dernière seconde. Ils la voulaient, après celle de 1994, ils lui avaient préparée son programme et au coup de sifflet final, la coupe se dévoile aux Tunisiens, ils l'ont délivrée pour la porter bien haut. Ils additionnent ça au championnat de Tunisie puis à la Coupe nationale, samedi 12 novembre 2011 au stade de Radès, c'est autour de la Coupe de la Ligue des champions CAF. Ils ont bousculé les pronostics et les habitudes des autres clubs. Ils succèdent ainsi au Tout Puissant Mazembe. Ils ont réussi ce triplé retentissant en battant (1-0), le Widad de Casablanca réduit à 10 durant les arrêts de jeu de la première partie. Les attaquants des deux équipes commencent à manifester des signes de nervosité, on multiplie les fautes, le jeu se colle au rythme de l'ambiance des gradins d'où se dégage cette pression qui se répercute sur le moral des joueurs, les fautes grossières se succèdent de part et d'autre. Oussama Darragi, profitant d'une très belle action, avertit le gardien de Casablanca qui voit ainsi la balle volée à quelques centimètres du poteau. La réponse ne s'est pas faite attendre. Yassine Lakhal du Widad récupère une balle de son coéquipier, le latéral droit tire mais le cuir passe à côté des buts. Le jeu commence à se lézarder, à se découdre, on oublie le schéma tactique, le jeu s'échauffe, les actions se multiplient, le contrôle de la balle se fait rarement des deux côtés, la précipitation se précise, le jeu devient méchant. Sur la ligne de touche, les entraîneurs manifestent des signes de nervosité. On procède à quelques changements, Bounou donne de la voix, replace ses partenaires, erreur tactique ou choix volontairement voulu, le remplaçant de Nadir Lamyaghri n'était pas l'acteur qu'il fallait, impuissant sur une superbe frappe enroulée d'Harrison Afful. A la 23e minute, le Ghanéen profite d'une passe intelligente pour éviter le défenseur Abderrahmane Massassi et d'un crochet sec du pied gauche, il loge le cuir dans la lucarne (1-0). Piqués par ce premier but, les Tunisiens en voulaient encore un deuxième et le formidable Darragi ne s'est pas fait prier pour envoyer la balle à 50 centimètres de la cage du gardien marocain. Les gradins comme un seul supporter, fêtaient le deuxième but mais la chance était de l'autre côté. Accélération des deux camps, Bounou sur un corner, la balle est déviée par le Camerounais Yannick N'Djeng (31e). Le chrono fait couler les minutes, le but tel un trésor est sauvagement protégé pour éviter toute égalisation. On se mobilise autour de la défense pour envoyer le cuir le plus loin possible. Ainsi à la 35e, Fabrice Ondama efface deux défenseurs, gène mais arrive à tirer de la pointe du pied jusqu'à obliger le gardien de l'ES Tunis à se coucher, un tir qui donna des sueurs froides à la défense tunisienne qui croyait à l'égalisation. Les 60 000 supporters réclamaient la fin de la première période. L'arbitre ivoirien signale les 3' du temps additionnel. Trois minutes qui furent fatales aux Marocains où Mourad Lemssen fut exclu pour faute sur N'Djeng (45e+3). La seconde étape allait être dure, boiteuse pour le Widad qui évolue à dix. Les consignes de l'entraîneur sont claires, ne pas baisser les bras et continuer à jouer avec plus d'ardeur. On joue la 57e, un tir croisé marocain faillit mettre à genou les Tunisiens, la balle effleure le poteau. Est-ce la reprise folle, l'égalisation est-elle proche ? Les joueurs développent un autre jeu plus violent, les coups pleuvent, on veut gagner du temps pour arriver à bon port avec ce but magnifique et attendu. La victoire approche, elle est à 10', 6', 3', 2', 1', l'Ivoirien gonfle son chrono à 3 puis à 6 minutes et c'est la fin. Le Stade de Radès explose de joie : l'Espérance remporte le trophée pour la seconde fois après 1994 et trois finales perdues en 1999, 2000 et 2010. L'EST remporte les 1,1 million d'euros de prime promis au vainqueur et arrache le billet pour la Coupe du monde des clubs de la FIFA (8-18 décembre). Dans moins d'un mois, les champions d'Afrique rejoindront au Japon, le FC Barcelone de Lionel Messi et le Santos FC de Neymar. Les dix derniers vainqueurs 2011 : Espérance Tunis (TUN) 2010 : Tout Puissant Mazembe (RDC) 2009 : Tout Puissant Mazembe (RDC) 2008 : Al Ahly (EGY) 2007 : Etoile du Sahel (TUN) 2006 : Al Ahly (EGY) 2005 : Al Ahly (EGY) 2004 : Enyimba (NGR) 2003 : Enyimba (NGR) 2002 : Zamalek (EGY)