Le Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle d'Oran a accueilli durant deux jours, les 21 et 22 novembre, un important colloque portant sur la thématique du roman algérien de 1990 à nos jours. Ce colloque, d'une importance pour les universitaires et les étudiants en littérature, a permis de poser la thématique de la situation actuelle du roman et de la littérature en Algérie et les perspectives de leur développement. L'organisatrice de l'événement, Lynda-Nawel Tebbani-Alouache, de l'université de Lyon, a souligné, dans sa communication intitulée «Le nouveau roman algérien : entre la mémoire de l'événement et la fable du récit», que le roman algérien, «depuis 1990, ne s'est point démarqué de l'histoire du pays en dépit de tous les événements qu'a connus le pays, ce qui fait de lui un roman de mémoire». Et d'ajouter : «L'histoire riche de l'Algérie a toujours été le principal inspirateur des œuvres d'éminents écrivains algériens, à l'instar de Mouloud Mammeri, Kateb Yacine mais aussi de Wacini Laaredj, Amine Zaoui, Ahlem Mosteghanemi». De son côté, Yamina Zenaï, chercheur au CRASC, est revenu d'une façon succinte sur l'historique de la littérature et du roman algériens à travers les temps, marqués, dans un premier temps, par des ouvrages dont la préoccupation principale était l'affirmation de l'identité nationale par la description d'une réalité socioculturelle qui allait à l'encontre des clichés habituels. «C'est à ce titre que l'on a assisté à la publication de romans tels que la trilogie de Mohammed Dib avec ses trois volets que sont «La Grande Maison», «L'Incendie» et «Le Métier à tisser» ou encore le roman «Nedjma» de Kateb Yacine souvent considéré comme une œuvre majeure», a-t-elle indiqué. Toujours dans cette optique, elle a soutenu qu'au lendemain de l'indépendance, plusieurs nouveaux auteurs ont émergé sur la scène littéraire algérienne dont Rachid Boudjedra, Rachid Mimouni, Tahar Djaout, Abdelhamid Benhadouga et Tahar Ouettar. Ces brillants auteurs ont abordé d'une façon subtile dans leurs œuvres plusieurs tabous. «Nombre d'auteurs algériens ont tendance, actuellement, à se définir dans une littérature d'expression bouleversante en raison, notamment, du terrorisme qui a sévi durant les années 1990. Une autre partie adopte un autre style de littérature qui met en scène une conception individualiste de l'aventure humaine en cette période», a-t-elle ajouté devant une assistance nombreuse. Parmi les œuvres récentes les plus remarquées, citons, entre autres, «L'Ecrivain», «Les Hirondelles de Kaboul» et «L'attentat» de Yasmina Khadra, «Le Serment des Barbares» de Boualem Sansal et «Nulle part dans la maison de mon père» d'Assia Djebbar. Hind Saâdouni, maîtresse assistante en lettres arabes à Constantine, a affirmé que le roman algérien a connu une abondance avec l'avènement de nouveaux auteurs à partir des années 1990, «ce qui lui a permis de briller». Il convient de signaler que la deuxième journée de ce riche colloque s'est articulée autour d'autres communications portant entre autres sur «Evénements historiques entre fiction et fonctionnalité», «Textes superposés et fictionnalités de la typographie dans «si diable veut» de Mohamed Dib.