Les habitants de la ville de Bou Ismaïl, dans la wilaya de Tipasa, plus particulièrement ceux résidant au quartier réputé dangereux de Ballili, campé en haut du cimetière de la ville, ont certainement poussé un grand ouf de soulagement à l'annonce de l'arrestation des quatre malfaiteurs impliqués dans le forfait perpétré le 24 novembre dernier dans une des cités dudit quartier. Et pour cause, depuis la découverte du cadavre de la victime gisant par terre et sur la tête de laquelle était posé un oreiller, couverte d'un sachet fermé à l'aide de ruban adhésif, la peur s'était insallée. Dans l'objectif avéré d'apaiser la population de la ville, le chef de la sûreté de daïra de Bou Ismaïl, le commissaire principal Abdelaziz Khalfallah, entouré pour l'occasion des principaux enquêteurs, parmi lesquels le chef de la police judiciaire, a animé dans la matinée du mercredi 7 décembre une conférence de presse consacrée à cette douloureuse histoire. Tout a débuté, suivant le chef de sûreté de daïra de Bou Ismaïl, dans la soirée du dimanche 27 novembre quand des habitants d'une des cités du quartier susmentionné ont prévenu les responsables de la sûreté urbaine de Ballili d' effluves nauséabondes filtrant de l'un des logements. Ensuite les choses sont allées très vite : munis des dispenses obligatoires nécessaires en pareils cas du procureur de la République près le tribunal de Koléa, les policiers se sont introduits dans l'appartement signalé, pour entrevoir, dans l'état dit plus haut, le corps sans vie de son occupant, C. H., un homme de 39 ans, qui occupait les fonctions d'inspecteur principal chargé de l'audit interne à la direction générale de la CAAT (Caisse algérienne des assurances transport). Intervenant dans les débats, le chef de la police judiciaire de la sûreté de daïra de Bou Ismaïl a indiqué que C. H., qui était natif d'Oran et habitait antérieurement avec sa famille d'adoption dans le quartier de Sidi M'hamed à Alger, s'était établi en juillet 2011 dans la ville. Il paraît que cet arrivée a correspondu avec son retour de Tamanrasset où il avait, pendant cinq années, conduit l'agence de wilaya de la CAAT. C'est d'ailleurs de cette ville du Grand Sud algérien qu'il avait, selon les animateurs de la conférence de presse, établi des contacts avec A. M. un lycéen de 18 ans, l'auteur principal supposé du crime dont il sera victime le jeudi 24 novembre, soit trois jours avant que son corps ne soit retrouvé. Un contact qui s'est fait par Facebook et qui s'est, par la suite, étendu aux trois autres présumés inculpés essentiels dans l'exécution de cet homicide : Z. M., un lycéen de 17 ans, R. K., un tailleur de 18 ans et B. M., un apprenti pâtissier de 16 ans, tous des amis du premier et comme lui résidant à Douéra, dans la wilaya d'Alger, et qui a évolué en un contact direct, C. H., ont ajouté les policiers, ayant pris l'habitude de les recevoir chez lui à Bou Ismaïl. Pour quelle raison l'auteur principal présumé du crime a-t-il décidé de tuer celui qui paraissait être devenu l'ami du groupe, et comment a-t-il fait pour persuader ses trois amis de le suivre dans son projet funèbre ? Les enquêteurs ont laissé le soin à la justice de répondre à ces deux accablantes interrogations. Ce que les policiers ont confirmé, entre autres, la découverte du fil électrique qui a servi à l'étranglement de la victime, et des gants que les assassins ont mis peu avant qu'ils ne passent à l'action ; des objets que les mis en cause ont avoué avoir ramené avec eux le jour fatal du jeudi 24 novembre. Leur forfait commis, ces derniers ont, toujours selon le commissaire principal Abdelaziz Fathallah, abandonné la demeure de la victime non sans en subtiliser deux ordinateurs portables, un téléphone mobile, un play-station et les documents et les clés du véhicule personnel de celle-ci. C'est, d'ailleurs, a-t-il poursuivi, ces deux derniers objets qui ont permis à ses hommes de démêler l'écheveau cette affaire. Le 30 novembre dernier, soit trois jours après la découverte du cadavre de sa victime, A. M. l'auteur principal, est revenu au quartier Ballili ; cette fois-ci en présence de deux autres jeunes habitants eux aussi à Douéra. La découverte dans ses poches des clés et des papiers de la voiture de la victime a distinctement fait interpréter aux policiers, en mission de surveillance dans le quartier depuis la découverte du crime, qui les ont appréhendés, qu'ils y étaient venus pour reprendre ledit véhicule. Questionné par un confrère si B.B., âgé de 19 ans, et Z. M., d'une année plus vieux, les deux jeunes arrêtés en même temps que A. M., étaient au courant de l'exécution du crime, le chef de la sûreté de la daïra de Bou Ismaïl a assuré que, selon leurs dires, ils devaient, comme ils ont leur permis de conduire, conduire le véhicule que A.M. leur a présenté comme étant celui de son oncle, jusqu'à Douéra. Ces arrestations faites, les policiers, à la faveur des confessions acquises des personnes arrêtées, sont remontés aux trois autres auteurs principaux présumés, puis aux receleurs des objets volés, dont un gérant de cybercafé installé à Douéra ainsi qu'aux deux chauffeurs de taxi clandestins, l'un résidant à Douéra et l'autre à Bou Ismaïl ; le premier a conduit le quartette assassin à Bou Ismaïl, et le second l'a ramené, son forfait achevé, à Douéra. Les enquêteurs éloignent toute collaboration de leur part dans l'exécution dudit crime. S'agissant de A. M. inculpé essentiel présomptif du crime du quartier Ballili, le commissaire principal Fathallah n'a pas manqué de relever sa carence de repentir pour ce dont il est accusé d'avoir commis : «Quand je lui ai demandé s'il n'avait pas de regret pour ce qu'il a fait, il m'a répondu qu'il ne le regrettait pas mais ce qu'il regrettait, c'était d'avoir connu la victime», a-t-il déclaré à ce propos. Présentées devant le procureur de la République près le tribunal de Koléa, les 18 personnes arrêtées dans le cadre de l'enquête sur le crime aujourd'hui élucidé, ont été, pour quatre d'entre elles (les quatre auteurs principaux présumés) emprisonnées et pour toutes les autres, placées en liberté provisoire assortie d'une citation directe à comparaître.