La fondation Friedrich Ebert en Algérie, a organisé un séminaire de deux jours, qui a débuté hier, dont la thématique est le «harcèlement moral en milieu professionnel». Bon nombre de spécialistes en la matière, des syndicats autonomes ainsi que des associations ont été conviés à apporter leur savoir pour les uns et leurs expériences et témoignages pour les autres sur la question. M. Meziane Meriane, coordinateur national du syndicat national autonome des professeurs d'enseignement secondaire et technique (Snapest) a expliqué dans son allocution que le harcèlement peut s'exercer par des «comportements, des paroles, des actes, des gestes et des écrits» qui portent atteinte à la personnalité, à la dignité et met la profession de la victime en péril. En marge, M. Meziane nous dira, qu'il espère que ce colloque apportera beaucoup aux syndicalistes. «Plusieurs spécialistes qui, ont eu déjà l'occasion d'étudier ce phénomène, sont présents à ce colloque pour nous aider à voir plus clair», dit-il. en soulignant : «Si nous sommes en partenariat avec la fondation Friedrich Ebert, c'est beaucoup plus pour sensibiliser l'opinion nationale et armer nos syndicalistes à prendre en charge le harcelement où il se présente». Il explique que le harcèlement sexuel est protégé par des lois, chose qui reste à faire pour le harcèlement moral. Il affirme qu'un combat sera mené, avec tous les syndicats autonomes, pour selon lui, «essayer de voir ceux qui sont censés légiférer, c'est-à-dire les députés, pour cerner ce problème et l'anéantir, par des lois cadre qui vont protéger la victime». «Le harcèlement moral dans le milieu du travail arrive à détruire les fonctionnaires et les ouvriers», lance t-il. Il avouera par contre, que ce problème manque de statistiques, car la question reste un sujet tabou dans le milieu du travail. «La victime préfère garder le silence plutôt que de mettre à nu les agissements du harceleur, au risque de recevoir encore des problèmes. Elle choisit la souffrance dans le silence au lieu de s'extérioriser», argumente-t-il. De son côté, Nassera Merah, sociologue et présidente du séminaire, s'est basée sur une définition subjective de l'harceleur en le décrivant de pervers et de manipulateur. Pour elle, le harcèlement moral devient un fléau dramatique et les victimes sont fragilisées par le fonctionnement et la perversité du harceleur et sa manipulation par le collectif. Elle l'explique, aussi par le fait que le marché de l'emploi se rétrécie, et que les gens ont plus de difficultés à trouver du travail. «Il est malheureux de le dire, mais le système de la rente dans les entreprises publiques fait que l'on soit productif ou pas, cela ne dérange personne», n'excluant pas le fait que ce phénomène existe dans les entreprises privées également, mais pas de la même ampleur. En ajoutant : «c'est tout le système de gestion qui est perverti et tant qu'il n'y a pas un contrôle de la gestion et de la rigueur contre les responsables, le harcèlement, dans toutes ses facettes est inévitable». «Et c'est pour toutes ses raisons, que ce colloque a été organisé pour tirer la sonnette d'alarme auprès des collectifs syndicats et mouvements associatifs qui sont, les plus visés», poursuit-elle, tout en exprimant le souhait que des rencontres sur ce thème soient organisées dorénavant par l'Etat. L'objectif selon les organisateurs est de faire l'état des lieux, juridique et social de la problématique en Algérie ; d'informer et sensibiliser sur la question du harcèlement moral en milieu professionnel et proposer, si possible, des recommandations pour outiller les syndicalistes à la prise en charge de cet harcèlement notamment moral.