Hasan Slameh venait d'être libéré «sans condition», dans le cadre de l'accord conclu entre Israël et le Hamas pour la libération du soldat Gilad Shalit. Petit homme mince au grand veston, qui a passé 29 années dans les prisons israéliennes, il savoure une liberté à l'arrière-goût de sursis : «Ils sont venus à une heure du matin. C'était début novembre. Ils ont tambouriné à la porte et m'ont emmené à la prison d'Ofer (près de Ramallah). J'ai attendu trois heures mais l'interrogatoire n'a duré que dix minutes : ils m'ont montré des photos satellitaires de mon quartier et m'ont demandé de désigner ma maison. Ils m'ont aussi demandé le nom de mes voisins et où vivait chaque membre de ma famille. Mais ils ont déjà toutes ces informations.» Ancien activiste du Fatah emprisonné en août 1982, à l'âge de 24 ans, alors qu'il était encore étudiant en physique à l'université de Bir Zeit, Hassan Slameh est l'un des plus vieux prisonniers politiques palestiniens - un de ceux que l'on surnomme ici «les généraux de la patience». Selon Ziad Abu Ein, vice-ministre palestinien en charge des Affaires des prisonniers, le cas de Slameh n'est pas un cas isolé : «La grande majorité des anciens détenus reçoivent des «visites» de l'armée israélienne à leur domicile, la maison est fouillée de fond en comble, ils sont interrogés. C'est une façon de leur dire : «Nous savons où vous êtes. Restez tranquilles.» Le 16 octobre, Emi Talmor, directeur du département des pardons au ministère de la Justice israélien, déclarait pourtant au site Al Jazeera que les prisonniers libérés «sans condition» dans le cadre de l'échange Shalit «devront signer une déclaration dans laquelle ils s'engagent à ne prendre part à aucune activité terroriste. Après cela, il n'y aura aucune surveillance».