Les «révolutions» telles qu'elles se déroulent et telles qu'elles sont réprimées charrient avec elles des guerres civiles, là où il existe des communautés qui estiment que la chute du régime en place ne peut que leur être favorable. Entre la détermination des populations qui exigent la chute du régime et celle des pouvoirs en place, la première est celle qui ne faiblira pas. Il est impossible que des peuples acceptent d'être vaincus. Les armées gagnent face aux autres armées mais pas face à leur propre peuple, ou face à des peuples qu'elles ont pour mission d'occuper ou de coloniser. Une occupation du genre colonial est encore plus grave pour les armées occupantes en immersion au sein des populations hostiles. Les armées occupantes finissent toujours par sortir car ne pouvant vaincre, elles sont fatalement vaincues même si elles ne le reconnaissent pas. Dorénavant, les grandes puissances qui se coalisent pour agresser militairement un pays arabe ou simplement musulman ont accordé une attention à l'analyse du cas libyen. Une analyse d'un cas grandeur nature. Quel devait être leur objectif inavoué. Faire tomber le régime, y placer un gouvernement qui leur est acquis puis partir. N'est-ce pas ce qui a été fait ? N'est-ce pas ce qui a été mal fait, plus particulièrement dans le cas irakien ? En Libye, le principe «zéro mort» a triomphé. «Zéro mort» dans les rangs de la coalition. Pas dans les rangs des populations indigènes. Pas de combats caractérisés par des engagements physiques. En haut et sur mer, les pilotes de la coalition, au sol les troupes indigènes. Le profit reviendra à ceux qui ont tiré de loin et qui ne voient pas tomber les populations indigènes. La révolution n'est pas libyenne. Elle est plutôt occidentale car, désormais, les puissances occidentales pourront mener impunément toutes les guerres qu'elles voudront dans les pays musulmans du moment que les morts ne concerneront que les indigènes.