Encore un hiver rude pour les modestes bourses. Se chauffer, se vêtir ou se nourrir est devenu de plus en plus difficile, notamment pour de nombreuses familles à faibles ou souvent sans revenus. Comment un père de famille qui touche un salaire net de 18.000 DA peut-il subvenir aux besoins alimentaires de sa famille avec une mercuriale qui affiche des prix très élevés ? Le simple acte de manger devient un véritable luxe actuellement. Par cette période de grand froid, alors que le thermomètre descend, la mercuriale n'arrête pas moins de grimper. Des prix de plus en plus salés caractérisent les différents marchés de la ville. Le comble pour les ménagères en ce début de semaine réside dans le prix de la pomme de terre qui est fixé à 60 DA le kilo. «Trop, c'est trop», dira une mère de famille excédée de voir ce tubercule atteindre un tel prix. Les autres légumes ne sont guère plus accessibles. La tomate est cédée entre 90 et 100 DA, les oignons coûtent 60 DA le kilo et leurs prix doublent en l'espace de quelques semaines seulement. Quant aux artichauts et aux petits pois, ils répondent toujours aux abonnés absents dans les assiettes vu qu'ils sont cédés respectivement à 120 et 160 DA le kilo. Les légumes secs se mettent également de la partie puisque le kilo de pois chiches est cédé à 220 DA, les haricots secs à 150 DA et les lentilles à 120 DA. Ces produits, très recherchés en cette période particulièrement froide, viennent relever une facture déjà très salée pour le citoyen. Revenons un peu à ce père de famille qui touche 18.000DA par mois et voyons s'il peut s'en sortir avec les prix affichés au marché. Avec son épouse et trois enfants, la famille de notre bonhomme est donc constituée de cinq membres. Le kilo de pomme de terre, un produit qui est indispensable dans toute cuisine, est cédé à 60 DA. Ce père, dont la famille a besoin de deux kilos en moyenne, par jour devra donc débourser 120 DA. En cinq jours, il aura dépensé 600 DA. Cette facture s'élèvera, au bout d'un mois, à 3.600 DA, cela juste pour la pomme de terre. A cela viennent s'ajouter les autres légumes, même le strict minimum. La viande, quasi inaccessible pour ce smicard, n'entrera jamais chez lui. Pour le pain, indispensable, la facture s'élèvera à 1.620 DA par mois. Le litre de lait coûtera 750 DA par mois, sans oublier le paquet de café. Il faut penser aussi au règlement du loyer et des diverses factures d'électricité et de gaz sans oublier celle de l'eau. Une question toute simple se pose d'elle-même. Comment ce père de famille peut-il boucler son mois avec sa misérable paie qui est loin de pouvoir concurrencer des prix aussi élevés? Sans parler des soins et traitements en cas de pépin (maladie). Le citoyen, en général, a du mal à s'en sortir et à boucler ses fins de mois en toute quiétude avec ces prix qui ont un besoin pressant d'accalmie. A Tissemsilt, bien évidemment, des citoyens sont impuissants devant ce fardage et cette tromperie sur le poids des produits vendus, devenus par la force des choses «légaux» car acceptés bon gré mal gré. De même qu'ils sont tolérés par les responsables concernés. En effet, à bien observer ce phénomène, on constate que le client est aujourd'hui bien obligé de payer presque le double du prix affiché pour un produit donné, à l'exemple de la salade, des oignons verts, de la pomme de terre et de certains fruits. Des clients, ceux surtout constituant la couche sociale la plus défavorisée, lésés dans leurs droits et «agressés» dans leur porte-monnaie. Mais pourrait-il en être autrement quand on sait que tous les étals des fruits et légumes présentent pratiquement le même visage et que leurs propriétaires utilisent le même langage. «Nous n'y pouvons rien, nous les achetons ainsi», un refrain malheureusement fredonné à longueur d'année par les marchands, les plus courtois du moins. D'autres, par contre, sont glacials : «Si ma marchandise ne te plaît pas vas acheter ailleurs !» Devant cette situation, aggravée par tous les chamboulements qui connaît le commerce (commerce informel, libéralisation sauvage ...), le client, est le dindon de la farce, l'oiseau à déplumer, dans la mesure où il est le seul à subir les contrecoups de toutes ces anomalies relevées dans la présentation à la vente de plusieurs produits, notamment ceux cités plus haut, une pomme de terre entièrement recouverte de... terre, des queues de cardes longues de plus de 50 cm , une salade trop mouillée... Est-ce normal tout cela ? Un contrecoup qui constitue également l'un des facteurs négatifs responsables de la dégradation du pouvoir d'achat des citoyens qui voient ainsi le budget familial profondément grévé. Et là, les pouvoirs publics pourraient avoir leur mot à dire à travers une réglementation bien précise et exécutée sur le terrain, à laquelle producteurs et revendeurs devraient se soumettre. Cela n'est pas une simple sinécure, tout le monde en convient, mais il serait toutefois possible d'y réfléchir et de régir en organisant, par exemple, une campagne de sensibilisation à grande échelle. En espérant un retour aux bonnes pratiques d'antan où le client avait réellement pour son argent, avec la possibilité d'acheter selon ses capacités financières à travers les choix, pour un même produit qui lui étaient offerts. Des voix se sont soulevées pour dénoncer la discrimination de l'Article 87 bis de la loi 90-11 du 21/04/1990 modifiée et complétée le 11 janvier 1997. Plusieurs employés rencontrés dans différents lieux parlent uniquement de cet article 87 bis de la loi 90-11, dans la rue, les cafés, dans les bains maures et même dans les lieux de travail. Ils sont de plus en plus nombreux à se plaindre du mépris et du peu de considération. Il y a lieu de rappeler que l'article en question a été promulgué en 1990 avant d'être révisé en 1997. Le SNMG a été relevé à 18.000 DA, mais des milliers de fonctionnaires continuent de percevoir un salaire indécent en raison de l'article 87 bis qui définit le SNMG comme accumulation du salaire de base et des indemnités. Ce qui est sûr, c'est que les petits fonctionnaires et employés doivent faire face à cette situation de hausse des prix des produits alimentaires et les ménages ne savent plus à quel saint se vouer devant cette cherté des produits.