La Banque extérieure d'Algérie (BEA) a finalement octroyé à la société ArcelorMittal Annaba l'enveloppe financière nécessaire au lancement de son plan de développement. L'accord signé à Alger dimanche dernier a fait l'objet d'un communiqué émis par la direction générale de la filiale algérienne à Annaba du leader mondial de l'acier ayant son siège au Luxembourg. «ArcelorMittal et la BEA ont signé ce 1er avril un accord stratégique de financement. Il constitue un élément essentiel pour le lancement du plan de développement qui permettra progressivement à ArcelorMittal de porter sa capacité de production à 1,4 million de tonnes/an. Les différents développements considérés contribueront durablement à la modernisation de l'outil de production», précise le communiqué établi à l'issue de la cérémonie de signature du document portant crédit. Le même document souligne la satisfaction du premier responsable de la société mixte de sidérurgie créée le 18 septembre 2001 sous la forme d'un contrat de partenariat accordant 70% des actifs du capital social à ArcelorMittal et 30% au groupe des entreprises algériennes Sider. «Nous avons réuni l'ensemble des garanties requises. Je suis heureux que cet accord, fruit d'une coopération exemplaire entre la BEA et ArcelorMittal Annaba, se concrétise», a estimé Joe Kazadi, le nouveau directeur général de ArcelorMittal Annaba. Il succède à Vincent le Gouïc qui cumul la qualité de directeur général ArcelorMittal Maghreb Afrique et président-directeur général de la filiale de Annaba. Le groupe a en charge le complexe sidérurgique El-Hadjar et les mines de fer de l'Ouenza et de Boukhadra qui représentent ses deux plus importantes filiales en Algérie. Il était temps qu'intervienne cet accord pour le financement du plan de développement devenu incontournable. Ce signe d'un retour «progressif» à la normale avec amélioration de la capacité de production, qui atteindra dès 2013 les 1,4 million de tonnes/an, confère à cette signature une valeur de symbole. Elle va au-delà d'un plan de financement pour se positionner en véritable ballon d'oxygène pour la société mixte. C'est dire qu'après 3 années de récession dont la plus rude est certainement celle de 2011 avec une production d'à peine 630 000 tonnes, ArcelorMittal pourrait faire de nouveau meilleure figure, au contraire de nombreuses autres filiales du groupe luxembourgeois à travers le monde, notamment européennes, qui sont confrontées à la crise de l'acier. Ce printemps 2012 donc s'accompagne d'une nouvelle dynamique avec la rénovation, la réhabilitation ou le changement de plusieurs installations de production. Cette dynamique a, cependant, ses limites en ce sens que le crédit alloué concerne la première phase du plan de développement pour un montant de 250 millions d'euros. Globalement, ce plan avait été évalué par les experts d'un bureau d'études étranger à 500 millions d'euros. Le crédit est arrivé au moment où la vulnérabilité du groupe leader mondial de l'acier est de plus en plus apparente. Ce qui n'était pas le cas il y a quelques années durant lesquelles le succès de ses produits, ses chiffres d'affaires record et l'étonnante cohésion de ses filiales lui avaient valu son titre de leader mondial de l'acier. Sa réussite en faisait une entité économique impressionnante et déroutante. Mais l'ascension d'ArcelorMittal a brutalement trébuché sur d'abord la crise financière mondiale suivie de la crise de l'acier. La machine à gagner mise en branle par Lakshmi Mittal s'est enrayée en Europe. Assez sérieusement pour jeter le trouble sur l'endurance du détenteur de la suprématie mondiale sur l'acier. C'est ce trouble qui aurait été à l'origine des conditions sine qua non exigées par la Banque extérieure pour octroyer le crédit de 500 millions d'euros demandé par la filiale d'Annaba. En effet, depuis des mois, cette dernière était sur la sellette en termes de garanties qu'elle devait apporter à la banque pour bénéficier dudit crédit. D'autant que le complexe sidérurgique El-Hadjar ne finissait pas d'alimenter un feuilleton syndicat d'entreprise/direction générale aux multiples rebondissements. C'est pourquoi les termes contenus dans le communiqué signé par Joe Kazadi ressemblent fort à l'expression d'un soulagement. Il le souligne d'ailleurs lorsqu'il affirme : «Après avoir réuni l'ensemble des garanties requises, je suis heureux que cet accord fruit d'une coopération exemplaire entre la BEA et ArcelorMittal se concrétise.» Soulagement aussi du côté des 5 700 travailleurs sidérurgistes qui n'en finissaient pas d'attendre, avec impatience même, l'opération rénovation de leur outil de production. Ils seront certainement d'attaque lors de la mise en route de la première phase du plan de développement. Elle sera entamée dans les prochains mois avec en toute priorité la réhabilitation du haut fourneau. Tout autant que de nombreux autres équipements tels les laminoirs, l'aciérie à oxygène et celle électrique, le haut fourneau sont incontournables dans la production de l'acier au complexe sidérurgique El-Hadjar. Quant à la cokerie, rien ne dit qu'elle sera changée ou rénovée. Pour l'heure, ArcelorMittal a préféré l'importation du nécessaire en coke destiné au HF. A L'arrêt depuis plusieurs mois à la suite d'un grave incident qui, selon les conclusions de l'expertise d'un bureau d'études étranger, l'avait sérieusement endommagée, la rénovation ou le changement de cette cokerie est un véritable casse-tête pour la direction générale ArcelorMittal Annaba.