L'Algérie paie son engagement antiterroriste Le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), considéré comme une branche dissidente d'Aqmi (Al Qaïda au Maghreb islamique) serait, selon certaines sources médiatiques, derrière l'enlèvement des diplomates algériens. Cet enlèvement nous rappelle la tragique affaire des deux diplomates algériens enlevés en Irak durant l'été de l'année 2005 par l'organisation Al-Qaïda en Mésopotamie. Les autorités algériennes n'en auront plus de nouvelles. L'enlèvement de Gao vient ainsi confirmer la présence de groupes djihadistes fortement armés dans le nord du Mali. Parmi ces derniers, nous trouvons AQMI. Vingt-quatre heures avant l'enlèvement des diplomates algériens, trois Occidentaux, dont un Français, ont été évacués in extremis de Tombouctou de peur qu'ils ne soient enlevés par les groupes armés. Depuis le coup d'Etat militaire du 22 mars 2012, la situation ne cesse de se détériorer dans tout le nord malien. Plusieurs villes, dont les plus importantes, Kidal, Gao et Tombouctou, sont tombées entre les mains des rebelles touareg mais aussi de groupes djihadistes. Selon les informations en provenance de ces régions, le chaos qui c'est installé profite à une mosaïque de groupes composée de Touareg du MNLA mais aussi de djihadistes de Ansar Dine, AQMi, et autres trafiquants d'armes et de drogue et contrebandiers de cigarettes et de carburants. Les circonstances de l'enlèvement des diplomates algériens à Gao nous renseignent sur la confusion qui règne actuellement dans cette région. Selon Hama Ag Ahmed, «un groupe armé du MNLA qui assurait la sécurité du consulat s'est vu encercler par des djihadistes. Ces derniers avaient autour de leur taille de grosses ceintures explosives avec des détonateurs. Ils ont dit que si les éléments du MNLA ne partaient pas, ils les feraient sauter eux, le personnel du consulat et le consulat. C'est ainsi que le consul algérien et d'autres membres du personnel ont été enlevés». Ce même MNLA, soi-disant représentant légitime des Touareg de l'Azawad, a décrété hier l'indépendance de la région nord mali. Une décision prise à un moment où il reconnaît les difficultés qu'il a à contrôler cette vaste région et les villes qui s'y trouvent face aux groupes de djihadistes. Le MNLA n'a même pas été capable de protéger le personnel algérien du consulat de Gao, comment pourrait-il demain rétablir l'ordre et la stabilité dans cette région frontalière de l'Algérie ? Les pays occidentaux, qui ont sous-estimé les conséquences de leur intervention armée en Libye, doivent prendre leur responsabilité pour aider à régler cette grave crise malienne. L'Algérie, fait aujourd'hui face à un début de guerre civile dans les régions ouest de la Libye et à un chaos qui risquerait fort de s'installer dans le temps dans le Nord du Mali. Une situation qui amènerait l'instabilité dans cette vaste région, et pourrait anéantir les efforts colossaux faits par l'Algérie pour mettre un terme au renforcement de l'implantation d'AQMI et autres groupes djihadistes dans le Sahel.