Yacine Bouchloukh, l'un des joueurs qui ont marqué les annales du CA Bordj Bou-Arréridj, est l'un des 15 refondateurs du club en 1999. Après une carrière riche en compétitions et en émotions, Yacine vit encore tous les événements de son club d'origine, mais à partir des gradins où on le voit parfois plus crispé que les joueurs eux-mêmes, surtout en période de crise que traversait le club. Ayant fait ses premières armes au CABBA, les gens gardent de lui l'image d'un bon footballeur, d'une personne charismatique et surtout d'un amoureux inconditionnel pour son club, le CABBA. C'est pour cela qu'il a acquis cette notoriété dans le milieu sportif et chez des supporters bordjiens. En plus de l'expérience dans le domaine footballistique, Yacine maîtrise la loi et la sagesse. La Nouvelle République a interviewé Yacine Bouchloukh pour connaître certains détails de la saison footballistique du club et surtout sa vision futuriste pour la saison prochaine après le retour du CABBA en Ligue 1. La Nouvelle République : Quel est le secret de votre amour avec le CABBA ? Yacine Bouchloukh : Il n'y a pas de secret, on a conclu un accord dès mon jeune âgé. Je n'ai pas hésité à accepter la tâche d'aimer, jouer, refonder et de veiller sur le club. D'abord l'équipe bordjienne a une histoire bien garnie, ensuite, elle est structurée de façon rationnelle, elle est également connue à l'échelon national et international pour sa discipline et son sérieux. En outre, elle a à son palmarès, le sérieux. Elle est l'une des équipes ambitieuses qui luttent pour jouer les premiers rôles, et possède des potentialités matérielles très importantes en comparaison avec beaucoup d'autres équipes. En plus, elle a d'excellents joueurs qui ont inscrit leurs noms dans les annales du football algérien. Grâce à ces données entre autres, j'ai toujours été passionné par la mission qui m'a été confiée en tant que joueur ou supporter. J'ai été surpris par d'autres aspects positifs. Comme je l'ai ressenti sur le terrain, l'équipe est très bien structurée au niveau de ses composantes, et ce n'est pas une flatterie, mais c'est la réalité que je vis depuis les préparations et les premières rencontres de cette saison. Le CABBA a toujours était une véritable équipe de dirigeants passionnés de football et qui s'investissent à fond dans le club. Une équipe de bénévoles qui s'emploient corps et âme à chaque rencontre, à domicile pour faire du match une véritable fête. De fidèles supporters qui nous soutiennent aussi bien à domicile qu'en déplacement afin de nous apporter une aide supplémentaire par leurs encouragements. Comment ne pas avoir envie de s'investir dans un tel environnement ? Que pensez-vous du parcours du CABBA cette saison ? Il a été convenu dans le cadre d'un dialogue transparent avec le bureau dirigeant et le staff technique que notre premier objectif est le retour en Ligue 1. Dès la première rencontre, j'ai remarqué le désir de certains, de changer d'atmosphère et d'aller concrétiser cet objectif. On n'avait pas d'autres alternatives que de travailler sur la cohésion entre les éléments présents et de créer un groupe capable de répondre à tous les aléas. Si on considère l'effectif de l'équipe, on remarque qu'il a été remanié à 90% de sa composition. Afin que les jeunes aient confiance en eux-mêmes, on a dû attendre pendant un certain temps. A mon avis, le résultat est généralement positif malgré les contraintes. Est-ce que cela veut dire que l'équipe ne souffre pas de points faibles ? L'une des plus grandes faiblesses de l'équipe est l'absence de joueurs natifs de Bordj Bou-Arreridj. En toute honnêteté, nous nous plaignons de plusieurs faiblesses. Concernant l'effectif et concernant certains noms, il est nécessaire qu'ils apprennent de leurs erreurs. Je pense que mon discours est clair et net, le poste doit être pour celui qui pourra imposer son nom, on a donné beaucoup plus de chance à certains, et c'est le temps de rendre des comptes et surtout de former les jeunes. Cette magnifique saison du CABBA vous surprend-elle Chaque semaine, on se prépare pour remporter le match face à notre adversaire. Il n'y a donc pas de surprise. Je savais le groupe capable de bien faire, il ne suffisait qu'à le prouver sur le terrain. Et c'est ce que le groupe a fait depuis le début du championnat en alignant 17 victoires sur 28. La préparation a été bonne et ils ont continué à travailler pour rester sur la même dynamique. Pouvez-vous nous définir votre relation avec le bureau dirigeant ? Ce qui soulage chaque amoureux du club, c'est le respect mutuel. Je communique de façon continue avec toutes les composantes du bureau dirigeant. Nous discutons tout le temps des questions concernant le club et son environnement. Comme je le disais en toute sincérité, le contact avec les dirigeants du club vous fait sentir que nous sommes confrontés à un type de professionnalisme dans la gestion. Pour être plus clair, le bureau a toujours cherché à satisfaire les doléances des joueurs. Ils perçoivent leurs dûs sans retard ni ajournement, et la même chose en ce qui concerne les primes. En d'autres termes, les joueurs sont conscients de ces faits, ce qui constitue une sorte de stabilité psychologique par rapport aux joueurs puisque leur seule source de vie, c'est le football. En toute honnêteté, ce qui nous soulage vraiment, c'est que les joueurs ne manquent de rien. C'est pourquoi le travail avec ce bureau est un travail clair et transparent, fondé sur des bases d'interaction positive dans l'intérêt du club. Quel sentiment éprouvez-vous après le retour en Ligue 1 ? Sentiment de joie et de satisfaction parce que ce n'est pas souvent qu'on a vu une équipe revenir rapidement en Ligue 1. Et cette accession est le travail de tout le monde : dirigeants, staff technique, joueurs, supporters et surtout le soutien du wali, Azzedine Mecheri et le P/APC de Bordj Bou-Arreridj qui ont tout fait pour soutenir l'équipe moralement et financièrement. Mais le grand travail commence maintenant ! Peut-on avoir plus de précisions ? On le dira grâce à Dieu et certainement au courage de tout le monde que l'équipe est revenue rapidement en Ligue 1 parce que s'il ne l'avait pas fait, on ne serait pas là. D'où mes sincères félicitations à toute l'équipe dirigeante malgré les soucis financiers qu'elle a eu à affronter. Dans l'immédiat, il faut redonner ce club aux populations de Bordj Bou-Arreridj. Il faut ouvrir les capitaux de la société à la souscription publique. Car dans la région, il faut que les gens apprennent à se réapproprier ce club de football qui est le leur. Je dis ça parce que j'estime je suis resté l'un des rares centristes, c'est-à-dire à ne pas appartenir à un groupe… Les gens savent combien de fois j'ai souvent apporté un peu du mien dans ma ville natale. Je pense qu'à travers cette petite lecture, on pourra tout de suite fixer les nouveaux objectifs de l'équipe. Peut-on connaître ces objectifs ? Se maintenir en Ligue 1 et pourquoi pas s'offrir un titre. Pensez-vous que le CABBA a les moyens de ses ambitions ? C'est un tort de penser qu'on peut prendre ses propres moyens pour les investir dans un club de football. Ce qui finit par arriver, c'est que l'on a l'impression de gérer la chose. Ce qui n'est pas tout à fait normale. Le CABBA va avoir les moyens que les fils et les filles de Bordj Bou-Arreridj vont lui donner. Si les gens ne s'approprient pas le club, l'équipe restera toujours dans le doute alors que Bordj Bou-Arreridj aujourd'hui regorge de plusieurs personnes. Il suffit que 8 000 personnes se décident à donner 2 000 DA par mois. Imaginez ce que cela fait… Quel est, selon vous, le plan d'action pour la prochaine saison ? On va continuer à mettre en œuvre les axes stratégiques définis dernièrement, avant le lancement du championnat. Il s'agit d'abord de réparer la confiance des membres. Ensuite, planifier et constituer sur la base d'un système global de concertation continue des actions de développement de la profession. Et enfin, outiller le CABBA de moyens et de qualifications pour mettre en place une politique sur la base d'éléments fiables, d'aide à la prise de décisions et à son application. Il y a aussi plusieurs dossiers qui sont en instance, qu'on doit attaquer. D'autres améliorations vont être certainement ajoutées. Quelles sont les priorités ? La formation, à travers la mise en place de cycles de formation réguliers. Apporter un nouveau souffle au monde sportif, redonner du sens au football, redistribuer les moyens et imaginer de nouvelles solidarités, engager un ambitieux projet sportif, éducatif, social et citoyen, affirmer une nouvelle gouvernance… Quelles sont les premières décisions à prendre ? Après l'ouverture du capital, il faut restructurer le club et impliquer tous les membres du comité par le biais de commissions qui ont toutes leur importance, à l'aide d'un nouvel organigramme du club. Le but est aussi de mettre en place une meilleure communication entre toutes les composantes du club. On souhaite redynamiser le secteur des jeunes. L'ambition est de former et garder les jeunes pour jouer en équipe fanion. Je suis confiant pour l'avenir du club. On a l'impression d'un recentrage sur le club bordjien. C'est surtout un recentrage sur le fait de se battre pour l'esprit de Bordji. On défend un maillot, on vient pour se battre pour cette région. Il manquait cela, c'est un comité qui doit être impliqué à tous les niveaux en recréant une appartenance au club. On mettra aussi l'accent sur la communication interne pour que chacun ait un interlocuteur. Une fois le club restructuré, il faut aller chercher d'autres ressources (sponsors et investissements). L'autre point essentiel est l'encadrement dans la gestion des ressources humaines, choisir les formateurs pour toutes les catégories du club. En résumé, il faut avoir un esprit et une gestion d'un club professionnel. Un dernier mot ? Je souhaite à ce que les Bordjiens reviennent à leur équipe et la soutienne. Leur présence est un atout pour nous. Merci pour votre journal qui s'intéresse à des équipes comme la nôtre, d'ailleurs, il consacre la 24 au sport.