L'abstention est-elle une solution ? Bien sûr que non, mais pas plus que l'élection n'en serait une. La seule solution serait le changement de rapports sociaux. Or, nous constatons avec résignation que tout est conçu par les tenanciers des partis politiques au pouvoir et autres gérants du système moribond de faire en sorte que l'élection n'aboutisse à cette situation. L'éventail agité de la main de l'étranger et autres interventions sur notre pays, via l'Otan et autres superpuissances, par le secrétaire général du Front de libération nationale et le chef de file du Rassemblement national démocratique dans deux manifestations distinctes qui se sont tenues dans la wilaya de Mascara, rentrant dans le cadre de la campagne électorale des législatives du 10 mai prochain, a relancé la polémique sur le bien brodé à des fins électoralistes. On ne voit guère ce que les deux hommes au pouvoir ont à gagner de la publication de tels pavés après l'épisode du programme commun présidentiel, une autre occasion manquée pour se replier sur leur monde imaginaire en acceptant ce long suicide. Au niveau de la wilaya de Mascara, après quinze jours de campagne électorale, considérée par la vox populi de non-événement et de trop timide, les citoyens ont les yeux fixés ailleurs, sur la flambée des prix qui ravage tout sur son passage, la hogra, l'injustice et autres dérives mafieuses de ceux qui conseillent la bonne gouvernance et l'équité sociale au niveau de la wilaya de Mascara. La campagne pour les législatives du 10 mai prochain a été un véritable fiasco, le système étant de fait verrouillé. Au cours des divers déplacements des responsables des partis politiques dans la wilaya de Mascara, la campagne électorale ressemble à une corvée pour la plupart des conférenciers, notamment pour les nouveaux partis politiques. Leur public n'est pas celui qu'il pourrait espérer, c'est-à-dire un public réceptif, sinon un auditoire composée plus d'enfants et de vieilles femmes au milieu de quelques militants, communément appelés occasionnels et issus de la transhumance politique. On se rend compte également que les partis politiques les plus contestataires, les plus critiques à l'égard du pouvoir pour épater la galerie, et les exemples, ne manquent pas dans cette campagne électorale somme toute banale où toutes les «bonnes volontés», moyennant bakchich, sont les bienvenues. Chômeurs, oisifs en tous genres connus sur la place publique.… Des candidats à la députation, connus pour être des beggarine à la grosse chkara dans la wilaya de Mascara, n'hésitent pas à s'offrir des services des plus inattendus, à l'exemple de ces femmes recrutées dans le cadre du contrat à durée déterminée (CDD), qui font chauffer les salles et autres lieux publics où des youyous fusent de partout, des enfants embrigadés qui distribuent des photos en noir et blanc sur fond de papier photocopié en guise de carte de visite de fortune... On a eu à observer, comme à chaque élection, des bonimenteurs occasionnels sans hauts-parleurs dans des cafés, sur les trottoirs et autres places publiques qui font l'éloge du candidat tête de liste, moyennant des sucreries et autres bonbons pour calmer les panses des plus affamées. Des citoyens très avertis ont dénoncé cette manière d'épater les citoyens : «Les marges de manœuvre des politiques étant limitées par cette mondialisation marchande, d'où depuis quelque temps, cette soi-disant perte de civisme, qui n'est en fait que la prise de conscience d'une bouffe.» En effet, et on le comprend bien, il est vital pour la classe politique périmée, sans projet et sans programme clair, et ils sont très nombreux, que le citoyen, un électeur considéré comme un «impératif moral» catégorique le fait d'aller voter. D'autres, pour la plupart, couramment désignés comme étant la majorité silencieuse, composée surtout d'intellectuels et de cadres moyens qui se sentent délestées de ce rebutant duel des cimes qu'oppose les divers partis politiques, ne sont pas allés par quatre chemins pour dénoncer cet manque de dignité et de civisme pour des raisons alimentaires. Un juriste explique cette dérive des temps des vaches maigres : «C'est un peu rapide comme jugement, mais il est vrai que l'abstention progresse. A quoi est dû ce phénomène ? Le principe de base de l'élection est clair et précis : faire participer activement le citoyen aux affaires de la cité, faire en sorte que soit tenue en compte son opinion et qu'ils soit représenté dans les instances décisionnelles à l'exemple des pays qui se respectent. Ce principe n'est pas nouveau, il remonte à l'Antiquité. Sur ce principe il y a peu de chose à dire. Et il est évident que la plupart de ceux ou celles qui n'ont plus confiance en ces élections à répétition remettent en cause le grand mentir de la politique alimentaire et rurale de nos prétendus élus.» Et à ceux et celles qui ne votent plus d'avancer : «Même si on vote, rien ne change dans le fond et la forme. Après les législatives, on sera toujours dans le même guêpier.» Des campagnes opportunistes et dogmatiques orchestrées en catimini par des partis au pouvoir, bureaucratiques, figés qui utilisent les moyens de l'Etat à des fins électoralistes et qui se soldent par une baisse d'influence aux élections. L'analphabétisme aidant, la misère des citadins et autres ruraux qui sont quotidiennement charroyés par bus dans des meetings subtiles, via une idéologie dépassée où la concurrence des islamistes et autres Ouyahia et Belkhadem, des dirigeants qui excellent d'occasions manquées en espoirs trahis qui bouleverse un échiquier politique instable. Les prétendants à la députation du 10 mai prochain dans la wilaya de Mascara sont, pour la plupart, des porteurs de fourre-tout, c'est-à-dire la fameuse chkara et des analphabètes (beggarine) qui ont pignon sur l'administration et sur la voie publique, en donnant des leçons de vertu dans le cadre d'oraisons inaudibles durant cette campagne législative des plus cafardeuses, où ils ont laissé un vide démesuré de cette marmite électorale qui ne manque pas de sauce piquante. A cet égard, le spectre de l'abstention hante les partis politiques, même ceux au pouvoir, dans la wilaya de Mascara où le citoyen-électeur, le dernier concerné, a perdu le sens inné de la citoyenneté, une vision qui en dit long sur le désintérêt général pour la chose politique et la campagne électorale, qui ressemble étrangement à une ouverture officielle de chasse aux pigeon. Un médecin spécialiste algérien exerçant dans un hôpital de renom en France, en visite familiale dans la cité de l'émir Abdelkader, sensible a l'étiquette politique et qui refuse de cautionner une bouffonnerie, nous a dit : «Le jour où vous aurez des candidats convaincants, il y aura certainement un électorat qui prendra plaisir à la chose politique.»