Dans un discours prononcé, hier matin à Sétif, à l'occasion de la commémoration du 67e anniversaire des massacres du 8 mai 1945, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, s'est montré confiant et serein quant à la maturité des jeunes générations, et s'est dit prêt à leur transmettre le flambeau. S'exprimant devant un parterre constitué principalement de représentants de la société civile, le président Bouteflika a fait savoir, plusieurs fois, que sa génération (issue de la Révolution) «a fait son temps et qu'il est grand temps qu'elle transmette les règnes du pouvoir aux jeunes générations». Sur un ton de plaisanterie, le chef de l'Etat est même allé à dire à trois reprises que sa génération «tab djnanha» (est usée). Cependant, il n'a pas hésité à énumérer les réalisations de l'Algérie de l'indépendance à nos jours, en particulier depuis son investiture au pouvoir en 1999, mettant au défi tous ceux «qui prétendent que notre pays n'a rien fait en 50 ans». Pour lui, «il ne faut pas comparer l'Algérie, un pays qui a eu son indépendance il y a tout juste 50 ans, et la France qui existe depuis plus de dix siècles». S'adressant aux jeunes Algériens, le président de la République les a exhortés à prendre soin de l'Algérie et d'être vigilants contre «les prédateurs» étrangers. Le président Bouteflika a affirmé que la génération qui reprendra le flambeau sera «face aux instigateurs de la fitna et de la division, et aux velléités d'ingérence étrangère. Elle montrera une fois encore qu'elle est à la hauteur de la responsabilité qui lui incombe et relèvera le défi en exprimant fort sa voix pour élever haut celle de la nation». «La liberté et la souveraineté nationale ont été recouvrées au prix d'énormes sacrifices et un tribut lourd a été versé pour préserver l'unité du pays et le régime républicain, et consacrer la sécurité, la paix et la réconciliation», a-t-il ajouté. C'est pour cette raison qu'il a tenu à préciser que «les générations montantes doivent comprendre que la liberté, la stabilité, le progrès et la démocratie dont jouit le pays sont le fruit d'énormes sacrifices et d'importants efforts qu'il importe de mesurer à leur juste valeur afin que ces acquis considérables soient préservés avec fierté et confortés par la poursuite de l'édification et de la réforme en vue d'atteindre le progrès escompté et d'occuper une place respectable dans le concert des nations». «Je suis confiant que les jeunes sortis par millions de l'Ecole algérienne, ouverts au monde de la connaissance moderne et des technologies de la communication, et conscients des défis et dangers de la mondialisation, sauront se dresser contre les ennemis du pays», s'est-il félicité. Le président Bouteflika s'est attardé dans ses recommandations au point que la majorité de l'assistance, du moins ceux croisés à la sortie de la salle, a eu la même réflexion :«Est-ce le discours d'adieu du président ?» Bouteflika appelle le peuple à voter en masse le 10 mai Profitant de l'occasion, le président de la République a appelé les Algériennes et les Algériens à se présenter en masse devant les urnes le 10 mai prochain pour choisir leurs représentants à l'Assemblée populaire nationale et «provoquer une nouvelle étape dans le processus de développement, de réformes et d'évolution démocratique». Pour le président Bouteflika, la mobilisation du peuple le jour du scrutin doit être identique à celle du 8 mai 1945. «Tout comme est sorti le peuple algérien en ce même jour, il y a de cela 67 ans, uni, mobilisé, clamant haut et fort sa position, et défendant avec courage et dignité sa cause nationale, je vous appelle tous à sortir en masse le jour du scrutin.» Sur sa lancée, le chef de l'Etat, tout en indiquant que son appartenance politique est bien connue de tous, a souligné que «ces élections seront exceptionnelles au regard des nombreuses garanties que nous avons mises en place, elles seront propres et transparentes à la hauteur des attentes de notre peuple. Des élections réussies grâce à la contribution de tous, d'une justice indépendante, d'une administration neutre, de partis actifs, d'associations dynamiques et vigilantes, d'une presse libre et d'observateurs nationaux et internationaux». Pour lui, «la conscience nationale doit constituer le seul arbitre pour le choix de programmes, de candidats ou candidates compétents aux qualités politiques et morales incontestables». Bouteflika évoque les relations algéro-françaises A l'occasion de la commémoration du 67e anniversaire des massacres du 8 mai 1945 commis par la France coloniale contre des civils algériens sans défense, le président de la République a évoqué les relations tumultueuses entre l'Algérie et la France. A ce sujet, le chef de l'Etat a mis en exergue l'importance de procéder à «une lecture objective de l'histoire, loin des guerres de mémoire et des enjeux conjoncturels, à même d'aider les deux parties à transcender les séquelles du passé douloureux pour aller vers un avenir où règnent confiance, compréhension, respect mutuel et partenariat bénéfique». L'Etat algérien, a-t-il ajouté, «s'est attaché depuis 50 ans à construire des relations d'amitié et de coopération fructueuse avec les différents pays du monde, parmi eux l'Etat français, en dépit du lourd tribut versé par le peuple algérien pour sa liberté et sa dignité. Des relations fondées sur les intérêts communs, partant de sa foi en la nécessité de faire de la mer Méditerranée un espace de paix et de bien commun entre les peuples de la région, et de son aspiration à un ordre international plus équitable, plus solidaire et plus tolérant».