Si l'on s'en tient aux élections législatives du 10 mai 2012, le constat, malgré des dépenses colossales et un effort jamais déployé au niveau des appareils de l'Etat algérien depuis l'indépendance politique, est une très forte démobilisation populaire, comme si la population algérienne, surtout plus de 80% de la jeunesse, désabusée par tant de promesses non tenues, résignée, disait au pouvoir ‘faites ce que vous voulez, nous ne sommes plus concernés !'. Donnez-nous notre part de rente sans contreparties productives. Mais attention, cette résignation, outre qu'elle conduit le pays à la démobilisation et au suicide collectif, peut déboucher à tout moment sur une très forte déflagration sociale. En effet, si l'on calcule le nombre de voix abstention, 12.307.800 plus bulletins nuls, 1.704.047, plus les partis ayant des sièges ayant décidé de boycotter -1.075.351 plus les partis n'ayant obtenu aucun siège 1.366.656, nous aurons un total de 16.453.854 voix sur un nombre d'inscrits de 21.645.841, donc 76,01% de la population algérienne n'étant pas représentée. Le FLN, avec 6,11% des voix accaparant 43,75% des sièges et si l'on ajoute la dizaine d'indépendants qui devraient rejoindre le parti FLN, a donc la majorité absolue avec plus de 50% au niveau du parlement. Après le boycott du gouvernement par l'Alliance verte dont le nombre de suffrages recueillis a été de 475.049 pour un nombre de sièges obtenus de 47, le problème posé est le suivant : que représentera également le futur gouvernement moins représentatif que l'actuel Parlement déjà non représentatif? Et surtout, que fera-t-il face aux échéances qui vien- nent ? Si l'on prend le timing, vacances à compter de fin juin/août 2012, le mois sacré du ramadhan entre juillet et août 2012, la rentrée scolaire, la fête de l'Aïd Seghir et l'Aïd El Kébir, les élections locales (qu'en sera t-il réellement du taux de participation?) programmées en novembre 2012, la révision constitutionnelle, qui nécessitera au préalable les trois quarts des deux chambres (le Sénat devant être renouvelé), si elle ne touche pas aux équilibres fondamentaux, le référendum populaire si elle touche aux fondamentaux, nous retrouvant courant le premier semestre 2013. Comme la nouvelle constitution stipulera, allant selon nos informations vers un régime semi-présidentiel, que le chef de gouvernement serait issu de la majorité parlementaire, si le nouveau gouvernement installé fin mai- début juin 2012 comme le stipule l'actuelle Constitution, peut être choisi y compris le Premier ministre (reconduction de l'actuel ou changement) par le Présidant de la République, dérogeant à cette règle, il faudra le remplacer en application de la nouvelle constitution durant le premier semestre 2013. C'est alors que commenceront dans les coulisses les tractations par le pouvoir pour le choix du futur Président de la République, le Président actuel ayant annoncé à Sétif le désir de ne pas se représenter, nous retrouvant à nouveau en été 2013. Ce sera à nouveau le ramadhan début juillet 2013, la fête de l'Aïd Seghir et l'Aïd El Khébir, les vacances et la rentrée scolaire allant vers septembre/octobre 2013. Vers novembre/décembre 2013, ce sera le début de la campagne pour les élections présidentielles d'avril 2014. Ainsi, l'Algérie risque d'être en stand-by jusqu'aux élections présidentielles d'avril 2014. Les responsables pourront-ils prendre des décisions importantes, à savoir de profondes réformes structurelles qui engageront l'avenir de l'Algérie qui seront certainement douloureuses au risque d'une implosion sociale ? L'on assistera vraisemblablement, à moins d'un événement intérieur et extérieur imprévisible, à la gestion courante et à la distribution de la rente des hydrocarbures pour temporairement calmer le front social. Et pourtant l'Algérie, au moment d'importants bouleversements géostratégiques qui se dessinent entre 2013/2020, a besoin d'un profond changement si elle veut préparer l'après-hydrocarbures et éviter sa marginalisation au niveau des relations politiques et économiques internationales.