Dans le cadre de la tenue du cinquième Festival international du livre et de la littérature jeunesse, une rencontre littéraire s'est déroulée hier, au niveau de l'esplanade de Riadh El-Feth, animée par l'Américain Jonathan Ames, Jaoudet Gassouma et Amara Lakhous. Les invités sont revenus respectivement sur leur parcours littéraire, sur leurs différentes publications et sur la narration littéraire en rapport à d'autres genres artistiques et aux nouvelles technologies. Le coup d'envoi de ce rendez-vous littéraire a été étrenné par le scénariste et auteur, l'Américain Jonathan Ames. Ce dernier a d'emblée rappelé l'universalité de l'acte de raconter des histoires, en dépit des formes nouvelles ou de l'évolution des formes classiques de narration. En outre, Jaoudet Gassouma, artiste-peintre, travaillant également pour le cinéma et ayant à son actif deux romans, estime que l'évolution de la narration suit celle des nouveaux médias comme internet. Il reste persuadé que l'éclatement des formes narratives s'impose par la réalité de l'époque, la multiplication des supports et les nouvelles exigences du lectorat. L'écrivain arabophone Amara Lakhous souligne, quant à lui, que la particularité de son travail d'auteur vient du fait qu'il écrive en deux langues : l'italien et l'arabe, précisant qu'il n'est pas traducteur et que chaque roman est écrit en deux versions. «Cette spécificité permet à l'auteur de mêler plusieurs références culturelles, notamment celles ayant trait au cinéma italien des années 60 et la commedia del arte qu'il a adaptée à des réalités propres au monde arabe dans son dernier roman Divorce à la musulmane, en écho au film Divorce à l'italienne, de l'Italien Pietro Gerni. Cet écrivain installé en Italie depuis quelques années déjà affirme que cette influence du cinéma se traduit, également, par sa manière de travailler le texte et la trame narrative «en utilisant, comme pour un film, les techniques de montage». Rebondissant sur l'intervention de Jaoudet Gassouma, l'écrivain américain donne l'exemple de certains auteurs de son entourage qui privilégient «l'interactivité dans la lecture à l'époque des livres numériques», qui sont, selon lui, «le futur certain de la littérature avec lequel il faudra s'adapter». Une nouvelle forme de narration, basée sur la possibilité d'introduire des «liens hypertextes, permettant l'illustration de la trame par des images ou la présence, comme pour le cinéma, d'un fond musical». L'auteur américain de The extra man (l'homme de compagnie) tient à souligner que le livre numérique ne porte pas atteinte à la narration, mais introduit une forme nouvelle de lecture. Abondant dans le même sens, Amara Lakhous argue que le livre numérique et, plus généralement, les nouvelles technologies donnent un «plus grand rôle aux lecteurs», alors que la réactivité de ces derniers était minimisée par la présence de médiateurs que sont les éditeurs et les critiques.