L'Etoile nord-africaine (ENA) était une association fondée en France en 1926 par un noyau de travailleurs émigrés essentiellement kabyles, devenue un parti politique comprenant plusieurs militants. Les membres de l'ENA sont Salah Bouchafa, Messali Hadj, Amar Imache, Hadj-Ali Abdelkader, Djeffal, Si Djilani, Belkacem Radjef et Belghoul, qui en jouèrent les principaux rôles. El-Emir Khaled El-Hassani Ben El-Hachemi (connu sous le nom de l'émir Khaled El-Hassani Ben El-Hachemi, petit-fils de l'émir Abd El-Kader), exilé en Egypte en fut le président d'honneur. Hadj ali Abd El-Kader est membre du Comité directeur du Parti communiste français (PCF) quand le Komintern demande que l'action du parti se développe parmi les travailleurs nord-africains. Hadj ali Abd el-Kader fonde alors l'Etoile nord-africaine dans ce but. Cette organisation, selon la volonté de Hadj ali Abd el-Kader, est fondamentalement laïque et compte se battre en complète collaboration avec la classe ouvrière française. Elle recrute la majeure partie de ses militants dans l'émigration ouvrière algérienne à dominante kabyle, militants qui sont placés sous haute surveillance par le Service des affaires indigènes nord-africaines de la Préfecture de police de Paris. Les buts de cette association sont «la défense des intérêts sociaux, matériels et moraux» des travailleurs de cette région. En 1927, elle accueille Messali Hadj. Ce jeune Tlemcénien a des points de vue qui divergent de ceux de Hadj Ali Abdel-Kader. moins préoccupé par la laïcité et faisant état de points de vue nationalistes, il veut engager le mouvement sur le terrain politique en se faisant porte-parole d'une revendication d'indépendance de l'Afrique du Nord (Maroc, Algérie et Tunisie au sein d'un ensemble national que serait l'Algérie). Il est membre et permanent du Parti communiste et il est adhérent et militant de la CGTU. Le parti comprenait 4000 membres en 1924. «Le peuple algérien qui est sous la domination française depuis un siècle n'a plus rien à attendre de la bonne volonté de l'impérialisme français pour améliorer notre sort.» Le discours de Messali Hadj est influencé à la fois par «l'islam politique» et le nationalisme arabe. Messali Hadj avait été le premier homme politique à réclamer l'indépendance de l'Algérie publiquement lors d'un congrès anticolonial à Bruxelles les 10 et 15 février 1927, sous l'égide du Parti communiste. Parmi les revendications politiques essentielles apparaissent : 1. L'indépendance totale de l'Algérie. 2. Le retrait total des troupes d'occupation. 3. Constitution d'une armée nationale, d'un gouvernement national révolutionnaire, d'une Assemblée constituante élue au suffrage universel. Le suffrage universel à tous les degrés et l'éligibilité dans toutes les assemblées pour tous les habitants de l'Algérie. La langue arabe considérée comme langue officielle. 4. La remise en totalité à l'Etat algérien des banques, des mines, des chemins de fer, des forts et services publics accaparés par les conquérants. 5. La confiscation des grandes propriétés accaparées par les féodaux alliés des conquérants, les colons et les sociétés financières et la restitution aux paysans des terres confisquées. Le respect de la moyenne et petite propriété. Le retour à l'Etat algérien des terres et forêts accaparées par l'Etat français. 6. L'instruction gratuite obligatoire à tous les degrés en langue arabe. 7. La reconnaissance par l'Etat algérien du droit syndical, de coalition et de grève, l'élaboration des lois sociales. 8. Aide immédiate aux fellahs pour l'affectation à l'agriculture de crédits sans intérêts pour l'achat de machines, de semences, d'engrais, organisation de l'irrigation et amélioration des voies de communications. 9. Abolition immédiate du Code de l'indigénat et de toutes les mesures d'exception. 10. Amnistie pour tous ceux qui sont emprisonnés, en surveillance spéciale ou exilés pour infraction au Code de l'indigénat ou pour délit politique. 11. Liberté de voyage absolue pour la France et l'étranger. 12. Liberté de presse, d'association, de réunions, droits politiques et syndicaux. 13. Remplacement des délégations financières élues au suffrage restreint, par un Parlement national algérien élu au suffrage universel. 14. Suppression des communes mixtes et des territoires militaires, remplacement de ces organismes par des assemblées municipales élues au suffrage universel. 15. Accession de tous les Algériens à toutes les fonctions publiques sans aucune distinction, fonction égale, traitement égal pour tous. 16. L'instruction obligatoire en langue arabe accession à l'enseignement à tous les degrés, création de nouvelles écoles arabes. Tous les actes officiels doivent être simultanément rédigés dans les deux langues. 17. Application des lois sociales et ouvrières. Droit au secours de chômage aux familles algériennes en Algérie et aux allocations familiales. L'année 1928 En 1928, l'Etoile nord-africaine se sépare du Parti communiste français (PCF) dont la «bolchevisation» voulue par le Komintern l'éloigne de ce qui sera sa revendication principale, l'autodétermination. Les autorités françaises dénoncent la «menace pour l'autorité de l'Etat». L'ENA est dissoute le 20 novembre 1929.