En rajoutant huit nations, le format change considérablement. Il en devient même très compliqué d'un point de vue sportif (six poules de quatre, deux qualifiés par poule plus les quatre meilleurs troisièmes pour se retrouver en huitièmes de finale, un niveau de plus), mais assure une compétition plus longue puisque le vainqueur aura disputé sept matchs contre six avec la formule actuelle. Pour faire rentrer de l'argent Qui dit plus de matchs, dit plus de diffusions télévisées et donc plus de pognon dans les caisses de l'UEFA et des nations via les dividendes. On ne va pas se mentir, l'UEFA est un business comme un autre. L'argument ne sera jamais avoué mais il tient la route. La réforme de la Ligue des champions a fait naître une jurisprudence, celle de l'argent. Pour le coup, la nouvelle formule de la C1 a rendu la compétition beaucoup plus abondante aux yeux des télévisions étrangères (notamment en Asie et dans les pays arabes) même si les phases de poules sont parfois terriblement ennuyeuses sportivement parlant. Un tournoi plus compétitif est un produit qui se vend plus cher. Et mieux. Un Euro à 24 pays rajouterait donc des cordes à l'arc de l'UEFA. Après tout, c'est la monnaie qui dirige le monde. Pour faire plaisir aux petits pays Lors d'une récente interview donnée à Kiev, le meilleur buteur de l'Euro-1984 avait commencé à avancer ses arguments pour l'Euro à 24 pays : «En 2007, juste avant que je devienne président de l'UEFA, deux personnes sont montées à la tribune pour demander que l'on passe de 16 à 24 équipes, un Irlandais et un Ecossais. C'est vrai qu'il n'y avait aucune équipe britannique en 2008. Ce n'est pas moi qui ai pris la décision, ce sont les 53 associations nationales, qui ne sont pas bêtes et qui ont compris que ce serait plus facile de se qualifier». Une manière de se dédouaner. Pour autant, un Euro à 16 pays ne laisse aucune grande nation sur le carreau. Cette année, la Norvège, Belgique, Serbie ou l'Ecosse manquaient à l'appel. Rien de dramatique sportivement parlant (sachant que l'Ukraine et la Pologne étaient qualifiées d'office). Quand on sait que Michel Platani a été élu à la tête de l'UEFA grâce aux voix des nations dites «moindres» sur l'échiquier européen, on se dit que le retour d'ascenseur est obligatoire. 24 équipes, c'est l'assurance d'une phase de qualification moins difficile puisque grosso modo la moitié de la zone UEFA pourra se qualifier pour l'Euro (24 sur 53 pays). Forcément, ça baisse le niveau et ça donne lieu à une forme de compétition un peu bâtarde à 24 équipes là où 32 équipes auraient grandement facilité l'organisation. Mais à 32, le niveau aurait vraiment été catastrophique avec un poule France-Ecosse-Lettonie-Monténégro. En partant sur 24 pays, le comité exécutif de l'UEFA a coupé la poire en deux. Tout le monde est content et l'intérêt sportif demeure. Pour préparer l'Europe au grand n'importe quoi de 2020 Histoire de ne pas tout bouleverser d'un coup, Platini opère par étapes. 24 pays en 2016 avant le bordel monstre quatre ans plus tard. Il a déjà annoncé la couleur dans la presse internationale durant l'Euro. Son rêve ? «Un Euro organisé dans 12 ou 13 villes dans toute l'Europe. L'idée me plaît énormément, et la grande majorité du comité exécutif a trouvé que c'était une très belle idée. Pourquoi obliger un pays ou deux pays hôtes à construire 10 stades neufs, des aéroports ? Là, il y aurait un stade par pays, par ville, dans toute l'Europe, ce serait beaucoup plus simple et moins cher. C'est une idée, il n'y a rien de décisif». Cela chamboulerait tout puisque aucun pays ne serait qualifié d'office, a priori. Le comité exécutif de l'UEFA se donne jusqu'à décembre 2012 ou janvier 2013 pour prendre une décision sur cette idée, qui serait une révolution, pour les 60 ans d'existence des championnats d'Europe des nations. Pour les sélections, cette idée reviendra à partir dans un vaste bordel géographique européen. On pourrait jouer son premier tour à Kiev, Rome et Londres. Son huitième à Berlin, le quart à Paris, la demi à Madrid et la finale à Istanbul.