Sept jours après son investiture, le nouveau Président issu de la mouvance islamiste des Frères musulmans a décidé d'annuler par décret l'arrêt de la Haute Cour constitutionnelle, invalidant le Parlement. Quelques minutes seulement après cette décision-surprise, le Conseil des forces armées et la Cour constitutionnelle ont convoqué des réunions urgentes. Pour l'instant, aucune information n'a filtré sur les mesures prises par les deux institutions. En effet, dans une déclaration à la presse, le porte-parole de la présidence égyptienne, le docteur Ali Yasser, a indiqué que le président de la République a par décret n°11/2012 décidé d'annuler l'arrêté de la Cour suprême portant la dissolution du Parlement. Le décret en question signé par Mohamed Morsi stipule le retour des membres du Parlement dominé par les islamistes avant qu'il ne soit dissous par la Cour constitutionnelle. La résolution stipule ce qui suit : le retrait de la décision n°350 pour l'année 2012 et que le Parlement est dissous avec effet à partir du vendredi 15 juin 2012 et le retour du Parlement élu pour tenir ses réunions et exercer ses pouvoirs prévus selon l'article 33 de la déclaration constitutionnelle rendu le 30 mars 2011. La même résolution indique que des élections anticipées pour élire un Parlement se tiendront dans les 60 jours à compter de la date d'approbation du peuple sur la nouvelle Constitution et l'achèvement de la loi du Parlement. L'arrêté signé par le nouveau Président indique que le décret présidentiel sera publié au Journal-Officiel. Dans un discours tenu quelques heures après son investiture officielle, Mohamed Morsi avait déjà annoncé lors d'un discours que l'Assemblée parlementaire reprendra incessamment ses activités, sans donner toutefois d'explications. Pour rappel, la Haute Cour constitutionnelle avait ordonné en juin la dissolution du Parlement, dominé par les Frères musulmans, au motif d'irrégularités dans le déroulement du scrutin législatif. Cette décision, prise quelques jours avant le second tour de l'élection présidentielle remporté par Morsi, candidat des Frères musulmans, avait été interprétée comme le signe d'une tentative du Conseil suprême des forces armées au pouvoir de préserver leurs prérogatives. Une semaine après, le nouveau Président islamiste est non seulement passé outre les décisions de la Haute Cour constitutionnelle, mais il a lancé un véritable défi au conseil militaire. Cette décision-surprise du nouveau Président a divisé la classe politique égyptienne. Si les islamistes se sont réjouis de cette sortie de leur Président, les libéraux dénoncent un «coup d'Etat» constitutionnel qui risque de replonger à nouveau le pays dans une crise sans issue. En réaction à la décision du président de la République, le président du Parti socialiste Mohamed Abou Al-Ghar a indiqué que cet état de fait pourrait mener de nouveau le pays vers l'anarchie. C'est le même constat du président du Parti du rassemblement qui trouve que la décision de Mohamed Morsi est une grande erreur, la première dans le monde politique.