Après la clôture des 30es Jeux olympiques qui se sont tenus à Londres, le président du Comité olympique algérien, Rachid Hanifi, s'exprime en exclusivité à La Nouvelle République. Il fait le tour sans aucune retenue... La Nouvelle République : président, les délégations rentrent ou sont déjà rentrées à la maison après une participation aux JO-2012 de Londres où nous venons de récolter le fruit du grand désordre... Une seule et honorable médaille qui sauve l'image de l'Algérie. Comment peut-on expliquer cette catastrophe ? Rachid Hanifi : Les résultats obtenus par notre délégation sportive se résument à une médaille d'or pour l'athlète Toufik Makhloufi, laquelle a permis au drapeau algérien et à l'hymne national d'être honorés lors de cet événement sportif planétaire. Après la joie et l'émotion suscitées par cette grande victoire de l'athlétisme algérien, la raison doit cependant nous faire prendre conscience d'un échec relatif pour un certain nombre de disciplines sportives, dont on attendait de meilleures performances, compte tenu des prédispositions de leurs athlètes respectifs et des traditions de prestations honorables au niveau international. Ce semi échec vient confirmer les résultats acquis aux Jeux africains de Maputo et Jeux arabes de Doha, témoignant d'une santé plutôt fragile de notre sport, et de la nécessité urgente de revoir notre politique de sport, en impliquant toutes les compétences du secteur, sans exclusive aucune. Les JO ont certainement marqué les esprits des boxeurs qui avaient piaffé d'impatience pour réussir à Londres, ce qu'ils ont raté ailleurs. Tout comme les judokas, le nageur ou encore les escrimeurs dont on avait limité le nombre. Les jeunes haltérophiles qui ont été choisis avaient affûté leurs armes pour «remorquer» une médaille ce qui n'a pas été le cas. Ces Jeux se seraient perçus par les joueuses, comme une belle opportunité pour le volley-ball qui fait du surplace depuis des lustres. Les résultats, permettez-moi d'y revenir ont été tout simplement l'humiliation par excellence. Vos impressions ? Sur les disciplines citées, un certain nombre d'entre elles n'ont pas beaucoup d'expérience au niveau international, à l'image de l'équipe de volley-ball, laquelle s'est comportée de façon très honorable, malgré les défaites face à des équipes plus expérimentées. La déception vient plus des disciplines sur lesquelles reposaient de grands espoirs de médailles. Il appartient aux responsables concernés d'en analyser les raisons, afin d'envisager les mesures correctives nécessaires. Président, vous parlez d'un comportement honorable mais les scores ne l'ont pas été. Vous étiez sur place et vous avez suivi toutes les rencontres. Notre équipe de volley n'a pas réussi une seule fois à mettre dans des situations difficiles leurs adversaires, les scores réalisés exprimaient, selon des professionnels rencontrés, le très bas niveau de nos représentantes... Ne serait-il pas les conséquences d'une mauvaise sélection ? Pour ce qui est précisément de l'équipe féminine de volley-ball, je ne partage pas l'avis sur l'appréciation des résultats. J'ai assisté à l'ensemble des rencontres et j'ai remarqué une équipe combative, qui a sérieusement mis en difficulté l'équipe d'Angleterre à laquelle elle a pu arracher 2 sets, pour céder le dernier, visiblement pour des raisons de différence au plan de la condition physique. Il ne faut pas oublier également que plusieurs joueuses titulaires n'ont pas été du voyage, ce qui peut expliquer en partie, le manque d'expérience de cette équipe. Je pense qu'en lui accordant plus d'attention, cette équipe peut progresser. Pour ce qui est des autres disciplines engagées, il y a visiblement une grande différence de niveau, ce qui ne permet pas d'espérer des résultats performants, mais vu les conditions de qualification de plus en plus difficiles, la participation aux JO pour certains sports est en elle même une relative bonne performance. En somme, les professionnels ont vu juste puisque comme vous le dites si bien «plusieurs joueuses titulaires n'ont pas été du voyage» ceci explique cela. Dites-nous, s'il vous plaît quel a été la réaction du COA face à cette série de défaite auprès des fédérations ? Pourtant au départ d'Alger, chaque discipline avait une place dans ces cabas pour une médaille pas forcement en «or» mais... le pire dans certain cas, il n'y avait pas eu de résistance sur le terrain de la part de nos athlètes à l'image du volleyeur éliminé comme un élève du primaire. Ce ne sont pas les moyens qui leur manquent pour réussir mais une question revient dans toutes les discussions, étaient-elles prêtes et avaient-elles, selon vous, le niveau pour affronter leurs adversaires ? Le COA avait pour mission de préparer la logistique de la participation algérienne aux JO de Londres. Les félicitations formulées par le Comité d'organisation britannique (LOCOG) au Comité olympique algérien, pour la qualité des relations et l'efficacité du travail accompli par l'équipe en charge sous la direction du chef de mission (Azzoug), et l'absence de problèmes majeurs relatifs au séjour de la délégation, montrent bien que le COA a accompli sa mission avec sérieux et professionnalisme malgré toutes les tentatives de déstabilisation dont il a été l'objet à quelques semaines de l'événement. Pour ce qui est du domaine technique, je rappelle que c'est de la responsabilité des fédérations concernées, sous le contrôle d'une commission de suivi de la préparation placée sous la présidence du directeur général des sports du MJS. Enfin, on aurait aimé saluer l'excellent niveau des scores réalisés à défaut de médailles. Ceux qui avaient pris part à ces jeux (athlètes), se sont bien engagés à être les dignes représentants d'un sport qui a grand besoin de rappeler le bon vieux temps fait de jolies médailles et quelques appréciables exploits. Et ce qui devrait donner plus de consistance à cet optimisme, c'est bien l'entente entre les différentes institutions sportives... Que faudrait-il conclure ? La médaille d'or remportée avec brio par Toufik Makhloufi, doit nous faire prendre conscience de l'obligation de respecter ce seuil minimum pour les prochains Jeux olympiques de RIO 2016. Les échecs rencontrés dans les disciplines habituellement performantes, doivent inciter les responsables du secteur, à tous les niveaux, à faire une évaluation objective et prendre les mesures nécessaires pour permettre à ces disciplines de mieux honorer les couleurs nationales aux prochaines éditions. La mobilisation de toutes les compétences est plus que nécessaire, toutes les institutions sportives nationales doivent unir leurs efforts pour mettre nos athlètes dans les meilleures conditions de préparation possibles. La participation à un événement sportif de haut niveau demande plus de sérieux, plus de rigueur et plus de complémentarité dans les actions à mener. Il ne devrait plus y avoir de place aux divergences futiles et aux intérêts personnels. Propos recueillis par H. Hichem A voir n Eurosport : Allemagne – Argentine à 20h n Al Jazeera sport +3 : Swindon Town – Brighton & Hove Albion à 20h
