Le président de la République Abdelaziz Bouteflika a nommé au poste de Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui a officiellement pris ses fonctions mardi. A l'issue de la cérémonie de passation de pouvoirs avec Ahmed Ouyahia son prédécesseur, M. Sellal a été nommé Premier ministre par le président de la République. Il a fallu plusieurs mois au président de la République pour prendre cette décision. Tout une période que la présidence avait implicitement justifié en invoquant l'urgence d'une meilleure prise en charge de la gestion du pays. Ainsi durant tout l'été, le président de la République avait limité ses sorties et apparitions au strict minimum. En désignant Abdelmalek Sellal au poste de Premier ministre, Abdelaziz Bouteflika semble avoir mis un terme à ses relations avec les «traditionnels» hommes du pouvoir. Cependant, force est de dire que ce choix devrait déboucher sur une démarche où la libre entreprise devrait trouver sa véritable expression avec un contrôle bureaucratique allégé. En fait la désignation d'Abdelmalek Sellal à la tête du Premier ministère dénote que Abdelaziz Bouteflika veut changer de cap. Le message aurait été reçu 5/5 par le nouveau Premier ministre. Aussitôt installé dans ses fonctions, ce dernier a répondu en confirmant la poursuite de l'application du programme du président de la République sur le terrain. Abdelmalek Sellal l'a aussi démontré en ne s'exprimant pas, comme veut le protocole, sur les actions menées par Ahmed Ouyahia ces 4 dernières années au titre de chef de l'exécutif. Et pourtant, durant le dernier Ramadhan et à chaque audition d'un membre de cet exécutif, il n'y avait que satisfaction dans les propos du président de la République. Abdelmalek Sellal fait partie du nombre des ministres auditionnés dont les mérites avaient été loués. En fait ce changement de Premier ministre suivi du remaniement du gouvernement ressemble à un changement dans le fond et la forme des méthodes de gestion des affaires de l'Etat. Aujourd'hui la solution est de renforcer davantage les pouvoirs du président dont les décisions publiquement applaudies étaient rarement obéies ou appliquées, tant et si bien que les Algériens ont eu le sentiment que leur quotidien est géré dans une grande anarchie. Or, le passage à une authentique construction démocratique ne peut se poursuivre qu'avec un gouvernement libre de ses mouvements et de ses initiatives. C'est cet objectif que se serait assigné l'ancien ministre des Ressources en eau. Il a les capacités de l'atteindre. C'est d'ailleurs ce qu'il avait souligné lors de son allocution de passation de pouvoirs. Il avait parlé de feuille de route à respecter pour poursuivre les tâches de développement du pays et de réformes à appliquer. Il a également abordé l'organisation des prochaines élections locales et la révision de la Constitution. Avec la courtoisie qui l'a toujours animé, Abdelmalek Sellal a évité de s'exprimer sur ce qui a été fait dans la gestion économique et sociale sous Ahmed Ouyahia. Ce dernier est, pour la troisième fois mis au placard. Dans ce méli-mélo auquel la présidence nous a habitués, il y a une petite satisfaction, celle de voir certains ministres qualifiés d'indétrônables mis à la porte. Beaucoup ont en effet applaudi à l'annonce du départ de Benbouzid et Ould Abbès. Leur passage respectivement au ministère de l'Education nationale et celui de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière a été véritablement catastrophique. Tout autant que Ahmed Ouyahia, le premier comme le second ont totalement failli à leur mission en multipliant les grands et les petits mensonges. Ils ne sont malheureusement pas les seuls. A de très rares exceptions, dont Sellal l'homme des défis tenus et réussis, le gouvernement Ahmed Ouyahia avait atteint un niveau de médiocrité inégalée dans la gestion des affaires de l'Etat. C'est ce qui semble avoir incité le président de la République à ne pas céder à la pression médiatique pour désigner son nouveau Premier ministre et de là, les membres du gouvernement. Ainsi le changement intervenu se veut être beaucoup plus au niveau de la tête pensante qu'à autre chose. Dès lors, M. Abdelaziz Bouteflika veut atteindre la fin de son mandat présidentiel sans avoir à enregistrer quotidiennement le mécontentement populaire. Lors de la cérémonie de passation de pouvoirs, Abdelmalek Sellal a fait sentir à son homologue qu'il était réellement en disgrâce auprès du président Abdelaziz Bouteflika. Il faut dire que l'ancien Premier ministre qui ne ratait pas une occasion pour louer les mérites du président de la République, paraissait s'être rebiffé à la veille des législatives. Depuis, il n'avait pas cessé de multiplier les petits mots politiquement incorrects, telles celles des institutions de la République qui, selon lui, étaient minées au milieu d'une complaisance et d'une indifférence quasi générales qu'il s'agisse de la fonction présidentielle et celle de Premier ministre, des rapports entre le gouvernement et l'Assemblée nationale ou de l'influence des partis sur la politique gouvernementale. La cible étant aujourd'hui bien visible et les revanchards pouvant être légion pour toucher de plein fouet son parti le RND. Ahmed Ouyahia s'efforcera d'éviter l'actualité même si l'échéance des élections locales lui impose d'en être partie prenante. Pour Abdelmalek Sellal qui a réussi son pari d'améliorer la situation des ressources en eau du pays en ouvrant son secteur à la libre entreprise, l'heure est venue de démontrer que le choix du président de la République n'est pas fortuit mais tient du principe de l'homme qu'il faut à la place qu'il faut.