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Le fœtus, la mouette et la censure
Publié dans La Nouvelle République le 01 - 10 - 2012

Peut-on tout montrer ? Remous autour d'une création chinoise. Des limites à l'art ? L'œuvre à tête de fœtus retirée à Berne. L'œuvre de l'artiste chinois Xiao Yu, exposée récemment au Kunstmuseum de Berne, en Suisse, n'est plus visible. La partie de l'œuvre composée d'un corps d'oiseau – une mouette – et de la tête d'un fœtus humain. Les responsables du musée ont précisé que ce fœtus était âgé de six mois et que l'artiste l'avait obtenu dans un musée de Pékin, en Chine. L'œuvre à tête de fœtus a été montrée à la biennale de Venise en 1990.
En Suisse, elle fait l'objet d'une plainte pour atteinte à la paix des morts. Qui ne se souvient de l'exposition macabre du bon docteur Gunther Von Hagen ? «Body Worlds» montrait de la manière la plus réaliste de vrais corps humains écorchés et plastinés. Elle a fait les belles pages de magazines, suscité quelques discussions d'ordre éthique — de quoi attiser la curiosité du public et poursuivi tranquillement sa carrière. Elle tourne actuellement aux Etats-Unis. Aujourd'hui, une exposition au Kunstmuseum de Berne révèle un art contemporain chinois libéré de ses entraves qui se permet d'être provocant jusqu'au scandale. Et voici que le scandale arrive. Des jeunes militants opposés à l'instrumentation des embryons humains dénoncent la présence d'une tête de fœtus humain parmi les œuvres de la collection Sigguli (Mahjong, Art chinois contemporain), qui déploie des pièces du dernier quart du XXe siècle rassemblées par l'ancien ambassadeur de Suisse. Elle fait partie d'une installation de l'artiste chinois Xia Yu qui dénonce - elle aussi - les manipulations génétiques. Art contemporain, manipulation du corps humain : isolés, ces thèmes sont polémiques. Associés, ils portent l'émotion, assortie de confusion, à son comble. Que ce fœtus à corps d'oiseau dans son bocal soit source d'indignation, rien de plus compréhensible. Alors, la tentation de la censure rôde. Mais n'est-il pas grotesque de parler de limites lorsque, quotidiennement, les images du corps humain, exhibé, exploité, torturé, massacré se déversent par avalanches ? Beaucoup plus gênant, le caractère sélectif de cette indignation. Des limites sont nécessaires, oui. Sans elles, pas de société policée, paisible. Mais elles s'organisent par le dialogue. Il s'agit de comprendre le point de vue de l'autre, son langage, celui de l'art, par exemple. Un art qui reflète la société Au tournant du millénaire, la Chine a produit un courant d'art qualifié de «cruel». L'œuvre de Xiao Yu en est à la marge. Quelques artistes, souvent très jeunes, timides et peu disserts sur leur démarche, mais sous l'influence de l'Occident, ont exploré les limites de la création. Cela s'est traduit par une effusion de mises en scène macabres : sculptures d'animaux embrochés, récupération de cadavres... L'œuvre la plus choquante fut sans conteste le «mangeur d'hommes» de Zhu Yu. Il se fit photographier sur le point d'avaler le corps braisé d'un enfant mort-né, brisant ainsi le tabou absolu du cannibalisme, qui plus est pratiqué sur l'innocence incarnée. Ce n'est pas gratuit : les artistes explorent à leur manière l'émergence de l'individualisme, de l'appropriation du corps et posent la question du statut des morts. L'intérêt de ces artistes est d'avoir traduit l'extraordinaire violence des transformations économiques et sociales en cours en Chine. Ces artistes par qui le scandale arrive ... Les artistes n'ont pas attendu le XXIe siècle pour manier la provocation. C'est la manipulation du corps — humain ou animal — qui fait scandale. Sa représentation choque encore : le tableau de Courbet, «l'origine du monde» montrant un sexe féminin en gros plan, est encore inadmissible en couverture d'un livre. Que dire alors des interventions que font subir au vivant les artistes contemporains depuis les années 1960 ? L'Autrichien Otto Muehl crée des «actions matérielles» où se mêlent nourriture, sexe et excréments. Il subit l'opprobre du public, la répression policière, puis judiciaire. Plus récemment, la galerie Saatchi à Londres rassemble des œuvres provocatrices : une montagne de corps de rats de Dave Falconer (1998), la célèbre Vache de Damien Hirst, coupée en douze morceaux plongés dans du formol, prémonitoire, en 1996, de la vache folle. Tracy Emin expose un lit jonché de culottes sales, de préservatifs usés, de mégots et de photos de l'artiste 1999. Les mères de famille exigent le retrait du portrait de la «Serial Killer» Myra Hindley, ornée d'empreintes digitales d'enfants. Et encore de cadavre de requin de Damien Hirst, toujours lui, pantins sanglants de Jake et Dinoso Chapman, en réponse aux mutations génétiques. Marc Quinn utilise son propre sang réfrigéré, Chris Ofili réalise une vierge noire garnie d'excréments d'éléphant. Mais ces œuvres qui choquent à la fin du XXe siècle perdent très vite leur charge scandaleuse, et quand brûle la galerie Saatchi en 2004, l'œuvre des frères Chapman, intitulée Hell disparaît dans l'incendie sans soulever trop d'émotion chez les deux artistes. Les manipulations génétiques éveillent la créativité des plasticiens : l'Art Biotech apparaît dans les années 1990. Les Australiens du collectif symbiotic A cultivent des cellules et créent des mini-poupées en peaux artificielles, censées capter les terreurs du monde moderne. Le Brésilien Eduardo Kac, créateur de l'art Biotech, donne naissance à «Alba», lapin transgénique qui devient vert fluorescent à la lumière noire grâce aux protéines des méduses qui lui ont été injectées. Enfin, à la frontière de l'esthétisation et du prétendu projet pédagogique, les «vrais morts» transformés en «œuvres d'art» par le truchement de la plastination, à travers les expositions de Gunther Von Hagens. Question : d'où proviennent les cadavres ? «De donneurs privés», assure le docteur qui protège leur anonymat. De prisonniers chinois exécutés et vendus, insinuent ses détracteurs. Art, morale et profit : le cas Von Hagens réunit tous les ingrédients du scandale.

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