Les organisateurs du spectacle «Barbès Café», pour leur étape oranaise, se sont contentés, dimanche soir, de programmer seulement la partie «bal» de ce travail concocté par Améziane Azaïche. Le public qui s'est déplacé pour suivre ce spectacle, organisé en collaboration avec l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC), à défaut de découvrir l'histoire de l'immigration par la chanson, s'est surtout «défoulé» en dansant et en reprenant en chœur des chansons bien connues, puisées d'un répertoire «adapté» pour cette soirée oranaise. Même le coordinateur du spectacle, Mohamed Ali Allalou, n'a pas caché sa déception. «Nous aurions aimé présenter à Oran notre spectacle dans tous ses volets de comédie musicale, de théâtre, de concert musical et de montage vidéo, mais notre partenaire nous a demandé de ne programmer que le volet bal», a-t-il expliqué à l'APS, à la fin du spectacle. Dans un décor simple reconstituant la devanture d'un débit de boisson et sous une enseigne lumineuse annonçant «Barbès Café», dix musiciens et chanteurs ont évolué deux heures durant pour interpréter une vingtaine de chansons, des succès pour la plupart, des années 40 jusqu'aux années 70, avec une place bien importante «ville d'accueil oblige» pour les genres oranais et raï. Le spectacle a débuté sur les chapeaux de roue, avec un clip de Rachid Taha chantant «Barbès», cette «Little Algéria», en plein cœur de Paris, avant que ne s'enchaînent pêle-mêle les autres «tubes» de Cheikh El-Hasnaoui, Raïna Raï, Zoulikha, Wahbi, Salim Hellali, Djamel Allam, Idir, H'nifa, Rimiti, Hadj M'hamed El-Anka, Deriassa et Blaoui Houari. C'est le groupe «Noujoum Essaf» qui mettra le feu dans la salle, en invitant jeunes et adultes à envahir littéralement la scène pour danser aux rythmes entraînants du genre «Saf» très répandu dans la région de Sebdou (Tlemcen). Une histoire pas suffisamment connue Mohamed Ali Allalou a indiqué que ce spectacle raconte «l'histoire de la chanson de l'émigration algérienne vue à travers un café. Une histoire écrite par des artistes algériens qui n'ont jamais eu de place que le café du quartier pour chanter. Mohamed El-Kamal, El-Hasnaoui, Saadaoui Salah, H'nifa, Rimiti et bien d'autres n'ont jamais fait de grandes scènes parisiennes». «Notre spectacle reconstitue toute cette histoire et rend hommage à toutes ces figures. Il a été monté en 2011, pour marquer le cinquantenaire des massacres du 17 octobre 1961 à Paris. Il y a une partie allant des années 40 jusqu'à 1962 où est racontée toute cette époque d'El-Ghorba (l'exil) et de la guerre de Libération nationale. Elle s'achèvera avec «El- Hamdoulillah» du regretté El-Anka», a-t-il précisé. Le coordinateur a ajouté que «la seconde partie commence à partir de 1962 pour retracer la résistance des Algériens en France face au racisme, la résistance des jeunes Beurs, l'époque de Sarkozy et la fierté d'être d'origine algérienne avec Zizou», ajoutant que l'objectif d'Ameziane Azaïche est de «montrer le travail de ces artistes algériens dont les grands succès ont été faits dans les années 40 jusqu'aux années 70 dans l'exil et de faire redécouvrir cette histoire pas suffisamment connue». De son côté, le chef du service communication de l'AARC, M. Bousbaa Faycal, a indiqué que cette tournée s'inscrit dans le cadre de la célébration du cinquantenaire de l'Indépendance et de la mission dévolue à son organisme chargé de «faire connaître à la communauté algérienne à l'étranger les œuvres nées en Algérie et, dans l'autre sens, de promouvoir en Algérie les expressions issues de l'émigration». Le spectacle «Barbès Café» a été présenté hier, lundi et le sera aujourd'hui mardi à Alger après avoir été programmé à Tizi Ouzou et Oran.