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Partenariat dans le cadre euromaghrébin
Publié dans La Nouvelle République le 22 - 12 - 2012

Le président français François Hollande a effectué une visite en Algérie les 19 et 20 décembre 2012. Il était certainement question des grandes questions stratégiques, donc du devenir de l'Afrique du Nord vision française, du Sahel, surtout après les évènements du monde arabe, notamment en Tunisie, Libye et Egypte, sans oublier le conflit du Sahara occidental et le Moyen-Orient, notamment la situation en Syrie et en Iran.
Cette organisation spécifique où l'autonomisation de la décision économique est faible engendre peu d'innovations, d'esprit d'entreprise. Aussi, certaines entreprises publiques ou privées sous-traitantes de ce secteur, vivant du transfert de la rente, exercent des pressions pour accroître le protectionnisme néfaste à terme et sont peu enclines à la concurrence internationale. Mais au niveau du Maghreb, il faut reconnaître que, depuis quelque temps, avec une formation plus élevée et l'ouverture sur l'extérieur, nous assistons à la naissance de nouvelles entreprises mues par de véritables entreprenants. Pourtant les multitudes pressions administratives, combinées avec l'absence de motivation, ne leur permettent pas parfois la créativité et l'imagination. Cette situation explique l'extension de la sphère marchande ou industrielle informelle et que, du point de vue des relations maghrébines, au lieu que l'intégration soit dominée par des économies contractuelles ou organisées, nous assistons à une dynamique informelle caractérisée par une identité culturelle qui permet à des milliers de Maghrébins, surtout aux frontières, de contourner la myopie des bureaucraties nationales. La raison essentielle trouve un fondement socio-historique qui rend d'actualité les analyses ibn-khaldouniennes avec le poids du politique dans les sociétés maghrébines, accentué par des structures familiales et tribales qui se consolident en période de récession économique. Il s'agira impérativement d'intégrer cette sphère dominante au niveau du Maghreb par la délivrance des titres de propriété devenant citoyenne, car acquise aux réformes pouvant constituer une force sociale dynamisant. Dès lors s'impose la nécessité d'une véritable révolution culturelle pour inculquer l'esprit d'entreprise et libérer l'ensemble des énergies créatrices. La coordination des politiques économiques, dont celle de la sphère réelle, monétaires, commerciales, fiscales et douanières est un objectif vital. Pour cela, une nouvelle gouvernance est nécessaire par une lutte efficace contre la corruption, notamment des dirigeants, qui se généralise au Maghreb et qui menace la sécurité régionale, le Maghreb devant être un vecteur dynamisant de l'Afrique qui est son espace économique d'avenir afin de stabiliser le Sahel où la misère enfante justement le terrorisme. Dans ce cadre, je pense fermement et après analyse que l'intensification de la coopération entre la France via l'Europe et le Maghreb fondée et le partenariat gagnant-gagnant, l'introduction de l'investissement direct permettrait de bouleverser ces comportements et de les inscrire dans une perspective dynamique profitable aux populations de la région et faire du bassin méditerranéen un lac de paix et de prospérité. C'est que l'espace méditerranée peut être ce lieu de création de réseaux rationnels, l'économie de marché concurrentielle répondant à des lois universelles, mais il existe des spécificités sociales nationales dont il convient de tenir compte car source d'enrichissement mutuel permettant de communiquer avec des cultures lointaines et favorisant la symbiose des apports de l'Orient et de l'Occident. Ce réseau doit favoriser les liens communicationnels, les ères de liberté dans la mesure où les excès du volontarisme collectif inhibent tout esprit de créativité. Il y a lieu d'accorder une attention particulière à l'action éducative, l'homme pensant et créateur devant être à l'avenir le bénéficiaire et l'acteur principal du processus de développement. C'est pourquoi je préconise la création d'une université américano-maghrébine et d'un centre culturel de la jeunesse comme moyen de fécondation réciproque des cultures et la concrétisation du dialogue soutenu pour éviter les préjugés et les conflits, sources de tensions inutiles, afin de favoriser l'émergence de nouveaux comportements pour un devenir solidaire. C'est que le Maghreb et l'Europe sont des régions géographiques présentant une expérience millénaire d'ouverture sur la latinité et le monde arabe avec des liens naturels et, dans son ensemble, porte de culture et d'influences anglo-saxonnes. Economiquement les Etats-Unis et le Maghreb présentent l'un et l'autre des atouts et des potentialités pour la promotion d'activités diverses et cette expérience peut être un exemple de partenariat global par l'amplification et le resserrement des liens et des échanges sous différentes formes. Il est indispensable que la France via l'Europe développe toutes les actions qui peuvent être mises en œuvre pour réaliser des équilibres souhaitables à l'intérieur de l'espace méditerrané, la constitution d'espaces régionaux économiques faibles étant une étape d'adaptation structurelle au sein de l'économie mondialisée afin de favoriser un quadruple objectif solidaire : la démocratie politique, une économie de marché concurrentielle à finalité sociale, les débats contradictoires d'idées par des actions sociales et culturelles pour combattre l'extrémisme et le racisme et enfin la mise en œuvre d'affaires communes n'oubliant jamais que les entreprises sont mues par la seule logique du profit et dans la pratique des affaires il n'y a pas de sentiments. Dans ce cadre l'émigration maghrébine (plus de 3,5 millions selon l'INSEE en 2010), ciment des liens culturels, peut être la pierre angulaire de la consolidation de cette coopération. C'est un élément essentiel de ce rapprochement du fait qu'elle recèle d'importantes potentialités économiques et financières. La promotion des relations entre le Maghreb et sa communauté émigrée doit mobiliser à divers stades d'intervention l'initiative de l'ensemble des parties concernées, à savoir le gouvernement, les missions diplomatiques, les entrepreneurs, les commerçants et les compétences individuelles. L'engagement implicite caractérisant les relations entre nos communautés émigrées et les pays d'origine ne doit pas occulter les légitimes intérêts strictement économiques des parties concernées pour garantir la rentabilité et la pérennité des opérations engagées. Les pouvoirs exécutifs devraient veiller, dans le cadre organisationnel et législatif, à alléger l'ensemble des procédures administratives afin de favoriser la promotion de l'investissement et les échanges commerciaux, à l'instar de pays qui utilisent leurs compétences nationales localisées à l'étranger comme point d'appui au développement national. Cela permettrait par des actions concrètes de promouvoir la synergie de systèmes privés, politiques et administratifs, pour développer une approche «co-coopération» qui pourrait être mieux perçue par l'interlocuteur maghrébin qu'une approche purement commerciale. Mon ami, le professeur Jean-Louis Guigou, ami d'ailleurs du président François Hollande, délégué de l'IPIMED, m'a transmis un document important où son organisation a mis en relief un concept opérationnel intéressant, celui de colocalisation qui se définit comme le principe selon lequel les investissements français au Maghreb ont des retombées à la fois positives sur l'économie française et les économes maghrébines «s'il y a une stratégie de partage de la valeur ajoutée». Il y a donc urgence d'entreprendre ensemble tant dans les domaines économique, culturel et sécuritaire, le terrorisme étant devenu une menace planétaire. Les relations entre les pays du Maghreb, l'Europe et les Etats-Unis sont souvent passionnées, notamment à cause du conflit du Moyen-Orient qu'il conviendra de solutionner pour une paix durable et juste, les Arabes et les juifs ayant une expérience millénaire de cohabitation pacifique. Mais, avec de nombreux intellectuels, entrepreneurs, hommes politiques européens, maghrébins et américains, soucieux de concilier la modernité et notre authenticité, je suis convaincu du fait de la densité de nos rapports économiques et culturels qu'elles seront transgressées dans le cadre des intérêts bien compris de chaque nation. L'accélération des réformes économiques, sociales, culturelles (le droit à la différence) et politiques, inséparable de l'instauration de l'économie de marché humanisée basée sur la concertation sociale, l'équité, de l'instauration de la démocratie, du respect du droit de l'homme, de la promotion de la condition féminine et de la sécurité conditionnent largement la réussite de cette grande entreprise qui interpelle notre conscience commune. Aux tensions et aux conflits doivent se substituer la coopération et un dialogue soutenu pour éviter des factures douloureuses. La région méditerranéenne doit être un véritable espace économique, un relais puissant entre les Etats-Unis, l'Europe via la France, le Moyen-Orient et l'Afrique et un lieu de brassage des cultures. J'espère que cette visite en Algérie du président Hollande impulsera une volonté claire des deux côtés de la Méditerranée de dépasser les passions et de bâtir, par le dialogue, un avenir partagé. Comme j'ai eu l'occasion de le relater dans plusieurs interviews, tout en étant attentif au devoir de mémoire pour préparer ensemble l'avenir, il est souhaitable que l'Algérie et la France via l'Europe entreprennent ensemble, loin de tout esprit de domination, afin de favoriser la stabilité de la région euro-méditerranéenne et euro-africaine au sein de l'intégration du Maghreb, pont entre l'Europe et l'Afrique. (Suite et fin)

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