Le président français, François Hollande, doit effectuer une visite en Algérie les 19 et 20 décembre 2012. Face à la crise mondiale, affectant tous les pays sans exception, qui sera de longue durée, et qui nécessite une nouvelle re-configuration et gouvernance mondiale, cette présente contribution pose la problématique du renforcement de la coopération Algérie-France dans le cadre de l'axe Europe-Maghreb au sein de la re-mondialisation 1.- Quelle est la situation des économies maghrébines ? Le Maghreb a un poids économique insignifiant du PIB mondial de 405 milliards de dollars en 2011, soit 0,5% du PIB mondial, 70% du PIB de la Grèce dont la population ne dépasse pas 12 millions d'habitants, la non-intégration lui faisant perdre plusieurs points de croissance. Même les échanges intra-maghrébins sont dérisoires moins de 3% de leurs échanges globaux. Or, le Maghreb totalise environ 90 millions d'habitants, l'Europe des 27 environ 500 millions d'habitants. Or, la région maghrébine est frappée actuellement par une récession économique avec un écart croissant, entre les pays de l'UMA et le reste du monde, dont le PIB mondial dépasse 71 000 milliards de dollars en 2011, dont 40% sont représentés par l'Europe, plus de 17 000 de PIB et le USA plus de 15 000 avec la percée des pays du BRIC qui risquent de bouleverser la carte économique mondiale. Cette récession s'explique par différents facteurs dont le manque d'homogénéisation économique pour des raisons essentiellement politiques qui fait fuir les capitaux vers d'autres cieux plus propices à un moment où la concentration des échanges est dans le Nord, avec une nette percée en direction des pays émergents. Mais la raison essentielle est le retard pris dans les réformes micro-économiques et institutionnelles, liées à l'Etat de droit et à la démocratisation, bien que certains pays du Maghreb aient réussi la stabilisation du cadre macro-économique éphémère sans de profondes réformes structurelles. Les entreprises publiques et privées sont fortement dominantes au Maghreb imbriquées dans le système administratif lieu de relation de clientèles. Cette organisation spécifique où l'autonomisation de la décision économique est faible engendre peu d'innovation, d'esprit d'entreprise. Aussi certaines entreprises publiques ou privées sous-traitantes de ce secteur, vivant du transfert de le rente, exercent des pressions pour accroître le protectionnisme néfaste à terme et sont peu enclins à la concurrence internationale. Mais au niveau du Maghreb, il faut reconnaître que depuis quelque temps avec la formation plus élevée, et l'ouverture sur l'extérieur, nous assistons à la naissance de nouvelles entreprises mues par de véritables entreprenants. Pourtant, les multitudes pressions administratives, combinées avec l'absence de motivation ne leur permettent pas parfois la créativité et l'imagination. Cette situation explique l'extension de la sphère marchande ou industrielle informelle et que du point de vue des relations maghrébines, au lieu que l'intégration soit dominée par des économies contractuelles ou organisées, nous assistons à une dynamique informelle caractérisée par une identité culturelle qui permet à des milliers de Maghrébins surtout aux frontières de contourner la myopie des bureaucraties nationales. La raison essentielle trouve un fondement socio-historique qui rend d'actualité les analyses ibn khaldouniennes avec le poids du politique dans les sociétés maghrébines accentué par des structures familiales et des tribales qui se consolident en période de récession économique. Dès lors s'impose la nécessité d'une véritable révolution culturelle pour inculquer l'esprit d'entreprise et libérer l'ensemble des énergies créatrices. La coordination des politiques économiques dont celle de la sphère réelle, monétaires, commerciales, fiscales et douanières est un objectif vital. Pour cela, une nouvelle gouvernance est nécessaire par une lutte efficace contre la corruption, notamment des dirigeants qui se généralisent au Maghreb qui menace la sécurité régionale, le Maghreb pont entre l'Europe et l'Afrique devant être un vecteur dynamisant de l'Afrique qui est son espace économique d'avenir afin de stabiliser le Sahel où la misère enfante justement le terrorisme. 2.-Mais la dynamisation de la coopération économique et cultuelle fondement des échanges avec la France via Europe /Maghreb ne sera profitable pour le Maghreb que si d'une part la France a une approche du co-partenariat loin du mercantilisme et d'esprit de domination du fait que c'est l'ancienne puissance coloniale et que si les pays du Maghreb ont une vision commune de leur devenir (1). Mon ami, le professeur Jean- Louis Guigou, ami d'ailleurs du président François Hollande, délégué de l'IPIMED, m'a transmis un document important où son organisation a mis en relief un concept opérationnel intéressant celui de la «colocalisation» qui se définit comme le principe selon lequel les investissements français au Maghreb ont des retombées à la fois positives sur l'économie française et les économes maghrébines «s'il y a une stratégie de partage de la valeur ajoutée». Cela permettrait par des actions concrètes de promouvoir des synergies communes pour développer une approche «co-coopération» qui pourrait être mieux perçue par l'interlocuteur maghrébin qu'une approche purement commerciale. La symbiose des apports de l'Orient et de l'Occident, le dialogue des cultures et la tolérance sont sources d'enrichissement mutuel. Les derniers événements devraient encore mieux nous faire réfléchir évitant cette confrontation des religions, car autant l'islam, le christianisme ou le judaïsme ont contribué fortement à l'épanouissement des civilisations, à cette tolérance en condamnant toute forme d'extrémisme. Au moment de la consolidation des grands ensembles, enjeux de la re-mondialisation, si l'on veut attirer des investisseurs potentiels, intéressés non par des micros- espaces, mais par un marché de 100 millions d'habitants, je suis persuadé du nécessaire rapprochement, d'une intensification de la coopération avec la France via l'Europe à la mesure du poids de l'histoire qui nous relie si l'on veut dépasser les résultats mitigés. Dans ce cadre, je pense fermement et après analyse que l'intensification de la coopération entre la France via l'Europe et le Maghreb fondée et le partenariat gagnant-gagnant, l'introduction de l'investissement direct permettrait de bouleverser ces comportements et les inscrire dans une perspective dynamique profitable aux populations de la région et faire du bassin méditerranéen un lac de paix et de prospérité. C'est que l'espace méditerranée peut être ce lieu de création de réseaux rationnels, mais existant des spécificités sociales nationales dont il convient de tenir compte, car source d'enrichissement mutuel permettant de communiquer avec des cultures lointaines et favorisant la symbiose des apports de l'Orient et de l'Occident. Il y a lieu d'accorder une attention particulière à l'action éducative, l'homme pensant et créateur devant être à l'avenir le bénéficiaire et l'acteur principal du processus de développement. C'est pourquoi, je préconise la création d'une université euro -maghrébine ainsi qu'un centre culturel de la jeunesse comme moyen de fécondation réciproque des cultures, et la concrétisation du dialogue soutenu pour éviter les préjugés et les conflits sources de tensions inutiles afin de favoriser l'émergence de nouveaux comportements pour un devenir solidaire. C'est que le Maghreb et l'Europe sont des régions géographiques présentant une expérience millénaire d'ouverture sur la latinité et le monde arabe avec des liens naturels et dans son ensemble porte de culture et d'influences anglo-saxonnes. L'objectif est un développement harmonieux se fondant sur la démocratie politique et économique solidaires, sur des débats contradictoires d'idées par des actions sociales et culturelles pour combattre l'extrémisme et le racisme et enfin la mise en œuvre d'affaires communes n'oubliant jamais que les entreprises sont mues par la seule logique du profit et dans la pratique des affaires il n' y a pas de sentiments. Dans ce cadre, l'émigration maghrébine, plus de 3,5 millions selon l'INSEE en 2010, est un élément essentiel de ce rapprochement du fait qu'elle recèle d'importantes des potentialités culturelles, économiques et financières. L'engagement caractérisant les relations entre nos communautés émigrées et les pays d'origine ne doit pas occulter les légitimes intérêts strictement économiques des parties concernées pour garantir la rentabilité et la pérennité des opérations engagées. 3.-En conclusion, les relations entre les pays du Maghreb, l'Europe et les USA sont souvent passionnées notamment en raison du conflit du Moyen-Orient qu'il conviendra de solutionner pour une paix durable et juste, les Arabes et les juifs ayant une expérience millénaire de cohabitation pacifique. Mais avec de nombreux intellectuels, entrepreneurs, hommes politiques maghrébins et américains, soucieux de concilier la modernité et notre authenticité, je suis convaincu, sous réserve de dépassionner les relations, qu'elles seront transgressées dans le cadre des intérêts bien compris de chaque nation. Dans ce cadre, j'espère que lors de cette visite en Algérie du président Hollande, tout en n'occultant pas le devoir de mémoire, loin de tout esprit de domination, qu'il y aura une volonté claire des deux côtés de la Méditerranée de bâtir, par le dialogue, pour préparer ensemble l'avenir. L'histoire commune bien que mouvementée nous impose d'entreprendre ensemble afin de favoriser. La stabilité et la prospérité de la région euro-méditerranéenne et euro-africaine doit être l'objectif stratégique de l'Algérie et de la France.