En dépit de la douleur et du poids de la difficile épreuve vécue, il y a deux semaines par le personnel du site gazier de Tiguentourine, In Amenas, les travailleurs œuvrent à divers niveaux à dépasser les séquelles engendrées par l'attaque surprise et barbare des terroristes. C'est ce qui a été perçu au contact des travailleurs du site gazier de Tiguentourine, rencontrés, jeudi dernier, au cours de notre déplacement au lieu précité dans le cadre d'une visite guidée organisée par Sonatrach au profit de près de 150 journalistes de la presse nationale et étrangère. Les témoignages des employés du site gazier de Tiguentourine rencontrés en ce jour, ont porté sur des récits de l'attaque barbare perpétrée sur la base de vie des travailleurs et sur le site gazier susmentionné. Si le travailleur qui venait juste de finir sa tasse de café dans sa chambre s'apprêtait à se rendre sur son lieu de travail, il était loin de se douter qu'en ouvrant sa porte il allait se retrouver nez à nez avec deux terroristes armés dont l'un d'eux lui a lancé «où sont les chambres des travailleurs étrangers ?». En quelques secondes, cet employé originaire d'Oran, s'est rendu compte que son autre collègue à quelques mètres de lui «a reçu des coups de ces mêmes terroristes car il a refusé de leur apporter la réponse à leur question qui m'a été posée. «Je ne sais pas où sont les étrangers». Les deux terroristes armés, l'un tunisien et l'autre libyen sont restés ainsi sans suite devant leur question». Il est à noter que les travailleurs ayant vécu la difficile épreuve de l'attaque terroriste du 16 janvier d'In Amenas sont dans leur majorité absents de leur lieu de travail et suivent un traitement de soutien psychologique du fait du traumatisme. Néanmoins, certains ont repris leur travail pour relever le défi et se mettre à la réparation des appareils endommagés». C'est ce que nous a indiqué M. Hafsi, ingénieur-inspecteur qui ne semble pas être épargné lui aussi des conséquences de l'acte barbare des terroristes même si'il n'était pas présent sur les lieux le jour du drame. Originaire d'Oum El-Boughi, M. Hafsi nous confie qu'il a vécu l'épreuve comme s'il était présent sur les lieux, qu'il avait quittés la veille au terme de son calendrier de travail rythmé par équipe. Il a vécu aussi de près le drame se confie-t-il car «après tout ce sont mes collègues quelle que soit la nationalité et il s'agit d'un acte terroriste perpétré dans mon lieu de travail». M. Hafsi, cadre au site gazier de Tiguentourine, de l'association «Sonatrach/BP/Statoil», depuis près de sept ans est affirmatif «le reflexe de notre défunt collègue Mohamed Amine Lahmar animé d'un sens de devoir et responsablité, a pu donner l'alerte et épargné tout risque d'explosion du site». La première alarme déclenchée par le martyr a permis «la mise en en action de tout le processus du dispositif de sécurité», visant à mettre en échec tout risque d'explosion du site gazier, et ce, par l'arrêt complet du fonctionnement des installations. «En refusant d'ouvrir le portail de la base de vie de Tiguentourine et en enclenchant l'alarme, Amine a faussé les calculs des terroristes». Les assaillants ont compté sur l'effet-surprise de leur attaque terroriste avortée par le geste salutaire du défunt martyr Mohamed Amine Lahmar en déclenchant l'alarme au prix de sa vie. M. Hafsi a été catégorique en nous apportant sa réponse quant aux capacités psychologiques à dépasser les séquelles de cette difficile épreuve par l'ensemble des travailleurs qui étaient en service le jour du drame et pour ceux qui étaient en congé de récupération chez eux. «Nous sommes déterminés à relever le défi à relancer le fonctionnement des installations endommagées par les actes des terroristes», nous affirme M. Hafsi. «Le défi que nous sommes en train de relever concerne la relance de l'activité du premier train (unité de production), des trois que compte le site gazier», indique notre interlocuteur rassurant et convaincu que c'est une question quelques semaines pour voir le premier train reprendre son activité. M. Hafsi ajoutera aussi: «le personnel en charge de relancer l'activité du premier train, composé de près de 200 algériens arrivera à atteindre cet objectif, même si nos collègues étrangers sont absents pour le moment». Ce pari illustre l'aspect des leçons tirées par l'expérience vécue par l'Algérie, seule face à la barbarie terroriste à l'instar de la bravoure du défunt Amine Lahmer qui s'est sacrifié pour sauver des vies humaines et le site gazier et la résolution des travailleurs à relancer l'activité économique. Un autre employé de la région de Sid-Cheikh d'El-Bayedh, rencontré sur le site gazier, a souligné «j'ai vite fait d'interrompre mon congé pour reprendre mon travail et relever le défi. Il faut dépasser la peur pour relancer l'activité», nous indique-t-il. Par ailleurs, le récit du directeur général de l'association «Sonatrach/BP/Statoil», Lotfi Benadouda, présent sur les lieux, a porté sur ce qu'il a vécu depuis l'attaque des terroristes et de la prise d'otages jusqu'au moment du dénouement de la situation suite à l'assaut donné par les éléments de l'Armée nationale populaire, mettant hors d'état de nuire les terroristes.