L'Unesco prépare un plan d'action pour évaluer les dommages causés à Tombouctou par les groupes islamistes, où la seule reconstruction des mausolées détruits pourrait coûter 4 à 5 millions d'euros, a annoncé vendredi sa directrice générale Irina Bokova. «Dès que la situation sera sécurisée à Tombouctou, nous enverrons une mission d'évaluation», a-t-elle déclaré. Pour la seule reconstruction des mausolées de «la ville aux 333 Saints», dont onze ont été rasés par les groupes islamistes armés, l'Unesco avance une première estimation, encore très générale, de 4 à 5 millions d'euros. La plupart des tombeaux de Saints sont en fait situés dans des demeures de grandes familles qui se sont bien gardées, pendant les dix mois d'occupation de la ville par les extrémistes, de dévoiler leur existence, permettant ainsi leur préservation. «Ce sera important de restaurer les mausolées car cela fait partie de l'identité de la population. Je ne crois pas que le Mali pourra aller vers la réconciliation nationale s'ils ne restaurent pas cet héritage», a jugé Mme Bokova. Ce sont ces mêmes familles, une trentaine, qui détiennent la majorité des 300 000 manuscrits de Tombouctou, un véritable trésor culturel, remontant à l'époque où la cité mythique a été la capitale intellectuelle et spirituelle de l'Islam en Afrique aux XVe et XVIe siècles. Ces familles «ont caché ces manuscrits et les ont transférés en zone non occupée», comme à Bamako, s'est félicitée Mme Bokova. Au final, selon l'Unesco, les autorités locales de Tombouctou estiment «de 2 000 à 3 000, le nombre de manuscrits détruits dans l'incendie d'un des deux bâtiments du centre de Recherche Ahmed Baba, causé par les islamistes avant leur fuite de Tombouctou. Quelque 40 000 manuscrits étaient conservés dans ce centre et il va falloir aussi remplacer le matériel de numérisation pour que la digitalisation, qui venait de commencer, puisse reprendre. Ce ne sera pas difficile d'avoir des financements, il y a une sensibilisation très forte à l'égard de ce patrimoine mondial», estime Mme Bokova.