Le gouvernement syrien envoie des membres de ses milices se former aux techniques de la guérilla dans une base secrète en Iran, afin de renforcer son armée affaiblie par deux années de combats et de défections. Quatre miliciens ont raconté à Reuters avoir suivi cet entraînement près de Téhéran et des opposants disent aussi avoir réuni des éléments sur cette filière. «C'est une formation à la guérilla urbaine qui dure quinze jours. Les formateurs disent que c'est le même entraînement que celui des combattants du Hezbollah», raconte Samer, membre chrétien d'une milice pro-Assad qui combat dans la campagne autour de Homs, dans le centre de la Syrie. «On enseigne les éléments importants de la guérilla, comme différentes manières de tenir un fusil et de tirer, ainsi que les méthodes pour se préparer contre des attaques surprises.» Le chef des renseignements israéliens et un diplomate occidental estiment que l'Iran, principal soutien du régime de Bachar al Assad, contribue à l'entraînement d'au moins 50 000 miliciens et vise un objectif de 100 000, mais n'indiquent pas où se déroule cette formation. Côté iranien, les responsables du gouvernement ont démenti à plusieurs reprises toute implication militaire dans le conflit syrien, affirmant ne fournir qu'une aide humanitaire et un soutien politique à Assad. Quant au gouvernement syrien, il dément lui aussi. «Nous formons nos propres forces spéciales pour ce type de combat. Depuis 2006, nous avons des unités formées à la guérilla. Pourquoi aurions-nous besoin d'envoyer des gens en Iran ?», dit-on de source proche des services de sécurité. L'entraînement de miliciens syriens en Iran reflète la régionalisation croissante du conflit syrien, bien au-delà de la bataille pour le pouvoir que se livrent le clan Assad et l'opposition. L'Iran, rival chiite des monarchies sunnites du Golfe qui soutiennent la rébellion, considère la Syrie comme un pilier de son influence régionale. C'est par son territoire que transite l'aide iranienne au Hezbollah libanais. Les combattants concernés semblent venir surtout des minorités religieuses qui soutiennent Assad contre un soulèvement majoritairement sunnite, ce qui pourrait encore exacerber la dimension religieuse d'une guerre civile qui a déjà coûté la vie à plus de 70 000 personnes. Selon ces combattants interrogés à Homs, la plupart des miliciens qui suivent cet entraînement sont des alaouites, une branche de l'islam chiite à laquelle appartient le clan Assad. On compte aussi des musulmans druzes et des chrétiens. «Les Iraniens nous répétaient que ce n'est pas une guerre contre les sunnites, mais pour le bien de la Syrie. Mais les alaouites qui étaient avec nous continuaient à dire qu'ils voulaient tuer les sunnites et violer leurs femmes en représailles», ajoute Samer. Les habitants des zones contrôlées par l'armée ou les milices progouvernementales en Syrie ont noté que les forces irrégulières avaient été «régularisées» ces derniers mois. Ces groupes se baptisent désormais «Armée de défense nationale» et semblent opérer parallèlement à l'armée.