De nombreux chiites irakiens ayant juré fidélité aux chefs religieux iraniens combattent aux côtés des forces de Bachar al-Assad, rapportent des miliciens et des responsables irakiens, illustration de la bataille que se livrent indirectement les mondes chiite et sunnite en Syrie. Pour les Irakiens disciples de l'ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de la révolution islamique en Iran, le soulèvement contre Bachar al-Assad en Syrie, pays majoritairement sunnite, menace l'influence chiite dans la région. Ils considèrent donc de leur devoir de défendre le clan Assad, issu de la minorité syrienne alaouite, une émanation de l'islam chiite lui-même majoritaire en Irak. Parmi eux, figurent d'ex-combattants de l'Armée du Mahdi, le mouvement armé de l'imam radical Moktada Sadr, de l'organisation Badr, proche de l'Iran et des mouvements Assaïb al Haq et Kata'ib Hezbollah, autant de groupes ayant combattu les forces américaines lors de l'occupation de l'Irak après 2003. D'après des responsables politiques chiites, ces combattants n'ont pas reçu de feu vert officiel de la part des chefs de leurs mouvements ou du gouvernement irakien, dominé par les chiites, pour aller combattre en Syrie. Certains y étaient avant le début du soulèvement, notamment les anciens combattants de l'Armée du Mahdi arrivés après l'écrasement de leur organisation par les forces irakiennes en 2007. D'autres, respectueux de l'autorité religieuse de l'ayatollah Khamenei, ont franchi la frontière plus récemment. «Nous avons créé la brigade Abou Fadel al-Abbas composée de 500 Irakiens, Syriens et d'autres nationalités», dit un ancien de l'Armée du Mahdi, disant s'appeler Abou Hadjar, interrogé via un téléphone satellitaire alors qu'il se trouvait en Syrie. «Lorsque les combats ont éclaté dans nos secteurs, nous avons mené des opérations militaires conjointes avec l'armée syrienne pour nettoyer les zones prises par les rebelles», a ajouté cet Irakien, réfugié en Syrie avant le début du soulèvement en mars 2011. Rentré récemment de Syrie pour rendre visite à sa famille à Nadjaf, un autre ancien combattant de l'Armée du Mahdi, Abou Moudjahid, affirme que son groupe avait pour unique mission en Syrie de protéger le mausolée de Sayyida Zeinab et les quartiers chiites alentour à Damas. Il ajoute cependant que son groupe attaquait aussi parfois les rebelles de l'Armée syrienne libre dès lors qu'il les soupçonnaient de préparer un assaut contre ce mausolée, contre les locaux des dignitaires religieux chiites ou contre les faubourgs chiites. «Nous n'avons pas de champ de bataille précis mais de temps à autre, nous lançons des opérations avec l'armée contre les sites de l'Armée syrienne libre», dit-il.