Le tourisme en Algérie ! ça ne vous dit pas grand-chose, peut-être. La plupart des Algériens, qui peuvent se les offrir, préfèrent les passer leurs vacances loin de leur pays. Ce secteur vacille et les chiffres annoncés çà et là sont loin de ceux de nos voisins. Pour promouvoir le tourisme en Algérie il faut construire, entre autres, une base solide d'infrastructures et revoir la politique touristique nationale. Le domaine de l'hôtellerie reste un facteur majeur pour faire de l'Algérie un pôle en la matière et faire de ce secteur une source de rentabilité économique. Les tentatives de mettre en place des infrastructures touristiques ont toujours été faites avec des partenaires étrangers, ce qui a mis ce genre d'investissement en dépendance directe avec l'extérieur. A l'ouest du pays, la chaîne d'hôtellerie Eden, de son propriétaire Karim Cherif, a brisé cette élan de dépendance. En effet, depuis les années 90 le Groupe à franchi une ligne importante en créant des infrastructure hôtelières privées, avec un capital 100% algérien. A l'heure actuelle, seules Oran et Sidi Bel-Abbès en bénéficient, en attendant d'autres wilayas. Pour en apprendre plus, nous avons sollicité du boss de la chaîne Eden cet entretien. La Nouvelle République : M. Cherif, votre chaîne d'hôtels est d'un capital 100% algérien, c'est une première dans le secteur privé en Algérie... Karim Cherif : Exact. Il y avait des hommes d'affaires qui ont créé des hôtels mais c'était avec des partenaires étrangers. Donc, on peut dire que nous sommes la première chaîne privée nationale dans lesquels les capitaux sont à 100% algérien. On a remarqué que vous avez installé vos projets à l'ouest du pays, envisagez-vous d'élargir votre présence dans d'autres régions ? Bien sûr, c'est vrai que nous avons commencé par les villes de l'ouest algérien, notamment Oran et Sidi Bel-Abbès, mais nous visons à annoncer notre présence dans d'autres wilayas. A l'heure actuelle, nous avons deux projets : deux hôtels en construction à Annaba et Skikda, et nous réfléchissons à construire un autre en Kabylie, à Béjaia ou à Tizi Ouzou. En revanche, il y en a un à Aïn Témouchent qui sera inauguré fin juin 2013. Qu'en est-il du Centre du pays et du Grand Sud ? Notre but est d'être présent là où il faut. Vous savez, Alger est le centre de tout investissement, c'est la capitale du pays. Nous avons souhaité, bien entendu, après Oran, de réaliser un projet hôtelier à Alger et nous avons déposé de nombreuses demandes depuis 2006, malheureusement, nous n'avons jamais pu avoir une assiette foncière pour des raisons que nous ignorons encore. Par ailleurs, concernant le sud du pays, il faut savoir que nos hôtels sont de caractère urbain, donc à la périphérie des villes. Les hôtels du Grand Sud obéissent à une orientation saharienne et nous, nous ne sommes pas spécialisés dans ce type d'hôtel. On a remarqué qu'il y a pas mal de Tunisiens dans le personnel qui gère vos établissements. Une explication à ce sujet ? Qui dit Tunisie dit tourisme. On connait bien la qualité et l'expérience de nos voisins tunisiens dans ce domaine. Une expertise et un professionnalisme qu'on n'a pas encore ; ils sont ici pour un temps limité pour la gestion des hôtels et la formation des cadres afin d'avoir une potentialité algérienne en la matière. Mais il y a tout de même des Algériens. Il y a des cadres qui ont été formés en Algérie. La situation actuelle en Tunisie a fait que beaucoup de cadres quittent ce pays à cause de la fermeture de plusieurs hôtels après la révolution et nous, on les a accueillis à bras ouverts. Comment voyez-vous l'avenir du tourisme en Algérie, vous qui êtes président de la Fédération nationale des hôteliers ? Personne ne peut nier les atouts touristiques que possède l'Algérie. Cela ne suffit pas. Il faut travailler. On a actuellement en Algérie 1 350 hôtels, ce qui fait un nombre de 93 000 lits exploitables. En Tunisie, il y a 270 000 lits et 75% répondent aux normes internationales. Au Maroc, c'est 195 000 lits. Par contre, ici, on n'en a que 20% de lits aux normes internationales. vous voyez la différence. Donc, si on veut développer le tourisme, ça passe par l'augmentation des infrastructures hôtelières du pays, donc mettre en place une politique d'incitation dans le cadre de l'investissement touristique. Il faut qu'il ait plus d'hôtels encore pour pouvoir avoir un potentiel qui nous permettra de drainer du tourisme et en même temps, il faut engager des actions pour une mise à niveau et une politique pour faire en sort que ces hôtels fassent un saut qualitatif pour pouvoir, demain, être une destination agréable. L'hôtellerie, c'est la colonne vertébrale pour le développement du tourisme dans notre pays et le grand défi, c'est de mettre les hôtels aux normes. En plus, il y a, bien sûr, la formation, le marketing, la communication... mais le fondement, c'est, je l'ai déjà cité, d'augmenter les infrastructures hôtelières et les mettre aux normes. Que pensez vous du climat d'affaires en Algérie ? Ecoutez, il y a deux choses, deux aspects qui sont très importants et qui vont permettre, à mon avis, à ce secteur de se développer. Premièrement, il y a la possibilité, maintenant, aux autorités locales, en l'occurrence le wali, de pouvoir affecter des assiettes foncières de gré à gré dans le cadre de l'investissement touristique, alors qu'avant il ne pouvait pas. Ce qui va permettre à beaucoup de porteurs de projets de les concrétiser. Deuxièmement, c'est la disponibilité des banques à accompagner des projets d'investissement touristique.