La visite du wali de Boumerdès, Kamel Abbès, de chantiers au niveau de six communes (Si Mustapha, Thénia, Boudouaou, Keddara, Kharrouba et Larbaâtache), a mis à nu l'épineux problème de la gestion des projets quand ils sont au stade de chantiers. A Si Mustapha, l'inspection du chantier d'une salle omnisports puis celui d'un lycée de 1 000/300 places a révélé l'absence de représentants du bureaux d'études, la préoccupation sur le branchement électrique et sa localisation ou encore des problèmes du réseau d'AEP. Ce sont quelques exemples seulement de problèmes qui auraient dû trouver des réponses suite aux études du bureau qui normalement possède des cartes de tous les réseaux qui sont à la périphérie du projet pour prévoir tous les branchements nécessaires et adapter les travaux aux différents tracés des réseaux avec des solutions déjà prêtes. Malheureusement, cette visite du premier responsable de l'exécutif a montré au wali que certains responsables attendent que les problèmes se posent pour tenter de les régler au fur et à mesure. Le spectacle de projets en retard ou tout carrément à l'arrêt n'étonne donc plus personne. Le chef de l'exécutif a condamné la situation d'attentisme ou pire d'immobilisme de certains responsables devant des projets qui subissent des réévaluations souvent coûteuses au contribuable en termes de prix mais aussi de qualité et de délai de livraison. Ces préoccupations au niveau des chantiers ne sont pas encore réglées alors que les travaux ont avancé. Ils constituent une des principales raisons de la mauvaise gestion des projets. Faut-il à chaque fois que le wali inspecte régulièrement les chantiers pour voir ces derniers avancer à un rythme appréciable ? Mais il n'y a pas que les responsables de l'exécutif à blâmer. Les élus, et à leur tête les maires, le sont aussi. A Thénia, un simple terrain pour 52 logements EPLF de 1995 a exigé l'intervention du wali pour que la situation foncière soit assainie ! Bien pire, le P/APC de cette commune a été incapable de répondre à des questions relatives à l'opération de cadastre des assiettes foncières pour planifier des projets dans le cadre du PDAU de cette ville. Faut-il s'étonner alors que Thénia soit la dernière commune de la wilaya à offrir des terrains pour la reconstruction de l'après-séisme dix ans après cette catastrophe somme toute naturelle ? Et la crèche qui est achevée depuis trois ans mais qui demeure fermée parce que les responsables locaux n'ont pas pensé la mettre en location adjudicative ! Sans parler bien sûr de la bibliothèque «budgétivore» au point de provoquer le courroux de K. Abbès qui a demandé un décompte global descriptif (DGD) pour tirer cette affaire au clair tant les responsables de la commune demandent des avenants (encore un !) pour achever l'édifice. A sa sortie, le wali a été interpellé par un groupe de jeunes artisans entrepreneurs qui lui ont fait part de leurs difficultés à trouver des marchés auprès des responsables locaux. Pourtant, la réglementation est claire : 20% des projets doivent aller sous une forme ou une autre à ces jeunes entreprises. Kamel Abbès est de suite intervenu pour signifier à un responsable d'inclure ces entrepreneurs avec de grandes entreprises dans des projets comme sous-traitants. Mais là encore, pourquoi cela n'a pas été fait comme le stipule la loi ! Lancinante question qui pose en fait le problème de la modernisation des méthodes de gestion en Algérie où les valeurs de management moderne sont absentes ou peu présentes. Car comment expliquer que de nouvelles entreprises peinent à obtenir des marchés alors que nos responsables se plaignent d'un déficit d'entreprises de réalisation des projets ? C'est un non sens pour un pays où le chômage des jeunes est important. Pourtant, les solutions existent à l'image de la commune de Keddara où le dynamisme du P/APC a permis à cette commune juchée sur le sommet de Djebel Bouzegza, donc enclavée, de bénéficier d'un complexe de proximité doté de salles polyvalentes, de salles spécialisées et d'une bibliothèque ainsi qu'une annexe de la formation professionnelle. Son insistance auprès du wali et la disponibilité des assiettes foncières qu'il a soigneusement préparées lui ont également facilité l'obtention de nouveaux projets de logements et d'autres infrastructures. C'est ce qui s'appelle savoir se vendre. «L'agressivité économique» dans une économie de marché est une exigence et non un choix. Que les responsables et élus s'en empreignent. Même comportement à Larbaâtache où le maire «a provoqué» la visite du wali pour proposer un projet d'une route d'évitement du centre-ville vers l'autoroute Est-Ouest et atténuer la circulation automobile avec tous ses tracas. Malheureusement, à Kharrouba, le retard dans l'achèvement du marché de proximité a mis à nu le peu d'engouement du chargé du projet, un responsable de Batimetal, à honorer ses engagements. Le projet devait être livré la veille du Ramadhan, c'est-à-dire début juillet dernier. Plus de deux mois après, ce même responsable demande un délai supplémentaire et fait état d'un branchement électrique qui gênerait l'entrée du marché. Kamel Abbès a averti qu'il sévirait. A juste titre, le wali a commenté son inspection par «la multiplication des efforts» pour la maîtrise des chantiers. Il a révélé que les chantiers des trois lycées inspectés entrent dans le cadre de la préparation de la rentrée scolaire 2014/2015 pour ne pas connaître les mêmes retards. En effet, des établissements n'ont pas été livrés à temps pour cette rentrée. Le wali a annoncé que 26 000 logements sont inscrits. Certains sont déjà en cours de lancement, et d'autres le seront incessamment.