Une fois n'est pas coutume, l'entraîneur de la sélection algérienne de football, Vahid Halilhodzic, est resté «muet» avant d'affronter le Burkina Faso aujourd'hui à Ouagadougou en barrage aller qualificatif à la Coupe du monde-2014 au Brésil, refusant de faire la moindre déclaration aux journalistes à propos de cette rencontre. Le technicien bosnien est allé même jusqu'à «hausser le ton» devant un confrère de la télévision nationale qui insistait pour l'interviewer à son arrivée vendredi avec ses poulains à Ouagadougou. Une attitude traduisant, selon les observateurs, cette grosse pression à laquelle est soumis Halilhodzic. C'est que l'homme ne veut pas connaître la même désillusion que celle vécue en Afrique du Sud, lorsque les Verts avaient quitté la précédente édition de la coupe d'Afrique dès le premier tour, alors que tout le monde leur prédisait d'atteindre au moins le dernier carré de l'épreuve. Un fiasco qui avait mis le Bosnien dans l'œil du cyclone, avant que le président de la fédération algérienne, Mohamed Raouraoua, ne vienne à son secours en lui renouvelant sa confiance contre vents et marrées. Une décision qui s'est avérée sage, aux yeux des spécialistes, comme le témoigne la qualification des coéquipiers de Madjid Bougherra à l'ultime phase donnant accès au mondial brésilien. Mais Halilhodzic sait pertinemment que si par malheur il ne réussit pas à mener les Verts dans le pays du «Samba», sa cote prendrait un sérieux coup. Le fait qu'il répétait, quelques semaines avant ce premier rendez-vous contre les Etalons, qu'il était «très inquiet quant à l'état de forme de ses protégés» dont la plupart manquent de temps de jeu au niveau de leurs clubs respectifs, renseigne, on ne peut plus de ses craintes, d'où son attitude actuelle vis-à-vis la presse. Participer au Mondial est aussi un défi personnel pour lui Devant ses protégés, Halilhodzic, arrivé à la barre technique du «Club Algérie» en juillet 2011, ne cesse de marteler qu'un quelconque échec dans ces barrages démolirait un travail de deux années durant lesquelles il s'était efforcé à redonner à l'équipe nationale son blason terni. Une manière pour lui de mettre en exergue l'importance de cette étape décisive qu'il vit avec la sélection algérienne. Cette étape est la plus importante aussi dans sa carrière d'entraîneur, lui qui n'a toujours pas digéré son éviction des commandes techniques de la sélection ivoirienne quelques mois seulement avant la coupe du monde de 2010. Pourtant, il avait contribué grandement dans la qualification des Eléphants à ce rendez-vous, avec à la clé un parcours sans faute dans les éliminatoires. L'ancien attaquant du Paris saint Germain veut ainsi prendre sa revanche sur le sort, en réservant un ticket pour le Brésil. Il sait d'ailleurs pertinemment qu'il ne connaîtra pas le même sort avec l'équipe algérienne s'il venait de la qualifier au prochain Mondial. Au contraire, il sera porté sur les épaules. Une distinction que Halilhodzic ne veut pas rater, lui qui avait déclaré à l'issue du précédent match contre le Mali, faire du Mondial brésilien «un défit personnel». Tout cela ne fait, en vérité, que faire monter la pression sur les épaules de l'entraîneur national, à qui tout le monde est prêt à tout pardonner s'il parvient à damer le pion à son homologue belge des Etalons, Paul Put.