«Qu'en est-il de Triolet-Bouzaréah, en passant par le verdoyant Djebel Koukou, en moins de dix minutes ? C'est vraiment un rêve de gamins pour nous», explique Khebbouz, admirant la «grande infrastructure de fer» construite près de Diar El-Kef qui sera le futur téléphérique Bab-El Oued-Bouzaréah. Le téléphérique entre Triolet, sur les hauteurs de Bab El-Oued, où des centaines de personnes ont été emportées par les eaux lors des inondations dramatiques de novembre 2003, et le chef-lieu de commune de Bouzaréah, à quelques 700 mètres d'altitude serait, selon les responsables du projet, réalisé à un peu plus de 70%. Conçu pour apporter une solution adéquate et conforme à la topographie escarpée des quartiers de Montplaisant, Beau-Fraisier, Scaffino, Scotto Natal et Cité Mollines, le téléphérique Bab-El Oued-Bouzaréah fait déjà jaser les habitants de ces lieux, toujours réputés pour leurs jardins où trônent quelques mystérieux abricotiers andalous, des pruniers du Chelif ou des cerisiers centenaires de Miliana. «Ce projet devait être achevé au premier trimestre 2013. On ne comprend pas ce retard», s'interroge Nacer Z., dont la famille a «colonisé» la vallée de Beau Fraisier dans les années 1920. «On attend avec une très grande impatience la réalisation de ce projet, qui va mettre fin à notre calvaire», ajoute-t-il. Les habitants de ces «hauteurs de Bab El-Oued», souvent isolés en hiver, et où les projets communaux se comptent sur les doigts d'une main, déplorent l'absence ou le peu de moyens de transports dans cette localité, si proche et si loin d'Alger à la fois. «Ici, les moyens de transports ne sont pas suffisants, d'autant que la plupart des autobus ne montent pas jusqu'à Bouzaréah, ou desservent les nouvelles cités d'habitations construites à Djebel Koukou», rétorque Ahmed, qui habite seul la vieille maison familiale, ses frères ayant quitté le quartier pour l'absence «du minimum de confort en matière de services publics». Pourtant, beaucoup des quelques 10 000 habitants, entre «natifs» de ces quartiers ombragés et frais en été, dont la Cité Mollines, où avait vécu quelque temps le célèbre musicien Mohamed Iguerbouchène, estiment que le futur téléphérique sera la vraie solution au problème de transport entre Bab El-Oued et Bouzaréah. Le choix de la construction de téléphériques à Alger, dont l'enveloppe est de plus de 10 milliards de dinars, pour solutionner le problème de transport pour les habitants des quartiers de Bouzaréah et celui également de Z'ghara, sur les hauteurs de Notre Dame d'Afrique, répond à «une demande spécifique, et une configuration topographique non moins particulière» de la capitale, indiquent des experts. Car Alger, avec ses anciens téléphériques de Laaqiba (Belouizdad)-El Madania, Les Annassers-Kouba, et celui de Bologhine (vers la basilique de NDA et vers Z'ghara), figure depuis plus de 40 ans dans le cercle restreint des grandes villes du monde qui ont réglé le problème de transport urbain en optant pour le câble. Avec Alger, il y a notamment la ville de New-York (Etats-Unis), Medellin (Colombie), Barcelone (Espagne), Rio de Janeiro (Brésil), Caracas (Venezuela) ou Taipei (Taiwan). Djebel Koukou, qui tiendrait son nom, selon une légende, de sa dépendance du royaume de Koukou dans la lointaine Kabylie, aura lui aussi son téléphérique. Dans cette colline naguère verdoyante, qui domine les quartiers marins de Bab El-Oued, avec son cimetière (El-Kettar) où sont enterrés Raïs et Dey de la Régence d'Alger, il n'y a plus ni perdrix, ni chardonnerets, encore moins de lièvres ou de châtaigniers.