La sixième édition du Salon Djurdjura du livre qu'organise la direction de la Culture de la wilaya Tizi Ouzou, en hommage à Abdelhamid Benhadouga, Bahia Amellal et Mohamed Seghir Feredj, s'ouvre aujourd'hui lundi, à la maison de la Culture Mouloud-Mammeri. Plusieurs maisons d'édition dont l'Enag, Dalimen, Thira, La Pensée et Barzach, pour ne citer que celles-là, prennent part à ce rendez-vous culturel aux côtés d'organismes étatiques à l'instar du Cnrpah (Centre national de recherche préhistorique, anthropologique et historique), le Hca (Haut commissariat à l'amazighité), indique un communiqué de la cellule de communication de la direction de la Culture de la wilaya de Tizi Ouzou. Au programme de ce rendez-vous annuel devenu incontournable, les organisateurs prévoient l'organisation d'un colloque sur le thème «Livre, histoire et perspectives», un atelier de confection et réalisation d'un ouvrage, un club de lecture, des témoignages sur, respectivement, Abdelhamid Benhadouga, Mohamed Seghir Feredj et Bahia Amellal, des conférences-débats autour de l'écriture de Mohamed Seghir Feredj, animées par l'Association des études historiques et archéologiques de Tizi-Ouzou, l'analyse des œuvres de Benhadouga et l'analyse des œuvres de Bahia Amellal. Les organisateurs prévoient également une exposition des travaux réalisés par les participants des différents ateliers ainsi que des ventes-dédicaces de livres, un récital poétique présenté par «Le Cercle Des Poètes de la Maison de la Culture», et des pièces de théâtre. Abdelhamid Benhadouga est né le 9 janvier 1925 à El Mansoura (Bordj Bou Arréridj). Il fit ses études dans les deux langues arabe et française, d'abord dans le petit village d'El Hamra, non loin d'El Mansoura, avant d'intégrer l'Institut Ketani à Constantine puis la Zitouna de Tunis (Tunisie). De retour en Algérie, il compose des pièces radiophoniques en arabe pour l'ORTF et la BBC. Militant nationaliste durant la guerre de libération nationale, recherché par la police, il part pour la France en 1955. En 1958, il rejoint le FLN à Tunis où il collabore à la radio «La voix de l'Algérie». Il est l'auteur de plusieurs romans, dont le plus connu est «Le vent du Sud», écrit en arabe et traduit en français, en hollandais, en allemand et en espagnol, ainsi que d'un grand nombre de pièces de théâtre et de sketches pour la radio tunisienne, la BBC et la Radiotélévision algérienne. Abdelhamid Benhadouga était président du Conseil national de la culture (1990) et vice-président du Conseil national de consultation (1992), après un bref passage à la tête de l'Enal. Il démissionne du Cnc le 26 juillet 1993. Il est décédé en 1996 à Alger. Mohamed Seghir Feredj est né le 4 févier 1912 à Tabnaêlit, dans la Haute Ville de Tizi Ouzou. La vie dure et l'impitoyable misère de l'époque l'avaient contraint à quitter l'école, en 1926, alors qu'il n'avait que 14 ans, avec un CEP (Certificat d'études primaires), pour aider son père qui possédait une forge à l'emplacement actuel du marché Errahma (en face du Trésor). Il y travailla jusqu'en 1947 avec son père pour faire face aux besoins d'une famille nombreuse. Quelques années plus tard, il acheta un magasin de quincaillerie générale pour devenir commerçant jusqu'à se retraite. Il aimait la lecture et tous ses temps libres, il les consacrait à la recherche du savoir et des connaissances. Autodidacte en français et en arabe, il défia toutes les contraintes de son époque par son abnégation, son engagement et son militantisme. Il était membre de l'UDMA et de la Nahdha dès l'année 1930. Il fut membre fondateur et président du Comité du Cercle Culturel «Nadi Es-Salam» de Tizi Ouzou dès 1935. De 1937 à 1939, il dirigea la section locale de «l'Association des Ulémas» et présida le comité de la médersa «Ech-Chabiba» de Tizi Ouzou où il enseigna pendant quelques années. En 1944, il adhéra aux «Amis du Manifeste de la Liberté – AML». Il participa aux activités du groupe scout «El Hillal» de la ville et assista en 1939 à la fondation de la Fédération SMA aux côtés de son ami Mohamed Bouras. Il devint Commissaire régional, puis Commissaire fédéral et enfin Commissaire général adjoint. Arrêté une première fois en 1943 puis en février 1945, il est relâché et de nouveau arrêté en juin lors des événements du 8 mai 1945. Libéré en 1946, il est contraint à l'exil en France, puis en Allemagne et enfin au Maroc. Après l'indépendance, il se consacra à la culture et à l'histoire de Tizi Ouzou et de la Kabylie. Son premier écrit consacré à «Fathma N'Soumeur et la résistance à la conquête française en Algérie » a été publié dans la «Revue d'Histoire Maghrébine» à Tunis en juillet 1979. Ses différents travaux ont porté sur plusieurs monographies restées inédites à ce jour, telles que «Les Belkadi de Koukou», «Les Bensalem», «Les Beni Zamoûm», «La Zaouia de Bendris», «Le guet-apens de Bordj Sabaou», «Notice sur Dellys», «Lexique sur les plantes», «Toponymie des lieux», etc. En 1990, il publie aux Editions Anep, son best-seller « Histoire de Tizi Ouzou, des origines à 1954» préfacé par le Dr Cheikh Bouamrane qui demeure, à ce jour, une référence incontestable. Il a passé en revue les périodes qui ont jalonné l'histoire de toute la région, depuis l'Antiquité jusqu'à la veille du déclenchement de la Révolution. Le 16 février 1969, il créa et présida, avec un collectif de passionnés d'histoire, la «Société d'Etudes Historiques et Humaines de la Grande Kabylie». Après sa dissolution, il créa à nouveau, le 5 mai 1988, « L'Association d'Etudes Historiques et Archéologiques de la wilaya de Tizi Ouzou» dont il fut également le président. Mohamed Seghir Feredj a été vice-président de la Chambre de Commerce d'Alger. Ses différents voyages à travers l'Afrique, l'Europe, l'Asie et l'Amérique lui ont permis de découvrir la vie des peuples tout en cherchant à lire et à comprendre leurs préoccupations. Sa vie durant, il s'est consacré, avec passion, à la lecture, aux recherches (documentaires et témoignages) et à l'écriture pour transmettre aux nouvelles générations, avec discernement, en replaçant les faits dans leur contexte, l'histoire de Tizi Ouzou et de la Kabylie. Il recevait chez lui tous ceux qui le sollicitaient soit pour contribuer à leurs recherches, soit pour enrichir leur culture. Il meurt le 16 octobre 2003. Bahia Amellal est native de la ville de Tizi Ouzou et originaire de Taguemount-Azzouz (Larbaa N'Ath Irathen). Elle effectue dans sa ville natale une grande partie de ses études, jusqu'au premier cycle universitaire. Elle passe cinq années (au lieu de six) à l'école primaire Dali-Arezki. Elle intègre le CEM Babouche de Tizi Ouzou puis rejoint le lycée Fathma-N'Soumeur. A l'université Mouloud- Mammeri (Hasnaoua), elle prépare un DES (Bac+4) en Biochimie. Elle sera admise en magister à l'université de Bab Ezzouar (Alger) et réalisera ses travaux de recherche à l'Institut Pasteur d'Alger avec le professeur Bouguermouh Abdelmadjid et au CNRS de Lyon (France). Elle obtient une bourse de doctorat, qu'elle présente à l'université de Leeds (Grande-Bretagne). Bahia Amellal est aujourd'hui Docteur ès sciences en virologie avec comme co-spécialités la biologie moléculaire et l'immunologie. A 22 ans, elle intègre le monde professionnel et sera recrutée à l'institut de biologie de l'UMM TO (Hasnaoua) comme vacataire et évolue en passant par divers grades jusqu'à celui de maître de conférence sans y être confirmée puisque cette nomination parvient alors qu'elle a quitté le pays. Toutes ces études, depuis le primaire jusqu'à la bourse de doctorat, n'auraient pu se réaliser sans le système de l'école gratuite et sans les bourses de l'Etat. En France, elle prépare à l'Institut Pasteur de Paris des cours approfondis en immunologie et sera, depuis, admise dans un laboratoire de recherche sur le SIDA. Elle s'adonne à l'écriture sur la terre de France mais puise ses idées et informations de son sol natal. Ses thèmes ont trait à la Kabylie d'antan. En plus de ses deux ouvrages : La Ruche de Kabylie (épuisé) et Dans le giron d'une montagne, sont en attente de parution la réédition enrichie et complétée de la Ruche de Kabylie, avec entre autres des témoignages recueillis auprès des anciens, un CD de chants kabyles et français du répertoire de la Ruche, enregistré auprès d'anciennes de ce mouvement. Elle produira prochainement un Essai sur La politesse kabyle, son rôle dans la société et son évolution dans le temps (depuis 1857 à ce jour) et dans l'espace (du village à la ville de Tizi Ouzou d'aujourd'hui).