Des dizaines de milliers de supporters ont rendu, hier, un ultime hommage à Eusebio à l'occasion d'un dernier tour d'honneur de la «panthère noire» au stade de la Luz à Lisbonne, où il a tant brillé, avant son inhumation dans la banlieue nord de la capitale. Le Portugal s'était réveillé, dimanche matin, sous le choc en apprenant la mort de la légende du ballon rond, âgée de 71 ans, qui a profondément marqué l'histoire du pays et du monde. «L'un des plus grands joueurs de tous les temps», «un champion éternel», le «héros du Benfica» : le Portugal pleure un monument du football mondial, qui a forcé l'admiration sur le terrain, mais aussi en dehors des stades, où il passait pour un «gentleman». Au son de l'hymne national et sous les applaudissements de centaines de supporters, son cercueil, recouvert d'un drapeau rouge de Benfica, était arrivé dimanche soir dans le stade de la Luz, où sa dépouille a été exposée dans une chapelle ardente. Jusque tard dans la soirée, stars du monde de football, hommes politiques et supporters anonymes se sont relayés à son chevet pour saluer celui qui les a fait vibrer lors des matchs et a su gagner leur sympathie par son caractère avenant et chaleureux. «Le Portugal a perdu l'un de ses fils les plus aimés, Eusebio da Silva Ferreira. Le pays pleure sa mort», avait réagi dimanche le président de la République Anibal Cavaco Silva, résumant le sentiment de tout un peuple. Depuis dimanche, et pour trois jours, le Portugal porte le deuil de son plus illustre symbole. Les manifestations populaires attendues pourraient fortement ressembler à l'enterrement, en 1999 de l'autre grande légende portugaise, Amalia Rodrigues, la «Reine du fado», accompagnée au cimetière de Prazeres (ouest de la capitale) par des centaines de milliers de personnes. Du reste, de nombreuses voix réclament déjà que Eusebio rejoigne la reine du fado au Panthéon national, où Amalia a été transférée deux ans après sa mort. Une messe a été célébrée, hier après-midi, à l'Eglise du Séminaire près du stade de la Luz à Lisbonne, suivie une heure après de l'enterrement à Lumiar dans la banlieue nord de Lisbonne. Drapeaux en berne Exauçant l'ultime vœu d'Eusebio, le club a fait porter son cercueil vers 13h30 GMT dans l'enceinte du stade de la Luz, pour donner à ses supporteurs l'occasion de faire leurs derniers adieux. Dans la foulée, le cortège funèbre a traversé les rues de Lisbonne avant d'arriver à la mairie pour une cérémonie officielle. Les drapeaux de la capitale portugaise ont été mis en berne. Né le 25 janvier 1942 à Maputo, capitale du Mozambique, alors colonie portugaise, le jeune homme issu d'une fratrie de huit enfants avait été recruté à 19 ans par le Benfica Lisbonne pour ses exceptionnelles qualités techniques et physiques. Toujours présenté comme le meilleur footballeur portugais de tous les temps, «le Roi» a rivalisé avec les plus grands de son époque : en premier lieu, Pelé ou l'Argentin Alfredo Di Stefano. «J'ai été meilleur joueur du monde, meilleur buteur du monde et d'Europe. J'ai tout fait, sauf gagner un Mondial», disait Eusebio fin 2011, se rappelant encore des larmes versées après la demi-finale perdue par le Portugal face à l'Angleterre (2-1), pays hôte, au Mondial de 1966. «Tout le monde se souvient du jour où il est sorti du terrain en larmes, pleurant pour le Portugal. Les larmes d'Eusebio sont aujourd'hui les nôtres», a commenté dimanche le président portugais.