L'ancien chef de gouvernement Mouloud Hamrouche s'est de nouveau exprimé dans les médias sur le principal sujet d'actualité, à savoir l'élection présidentielle, pour réitérer son appel à un sursaut national et à «un nouveau consensus national». Si dans ses premières déclarations, il a franchement appelé à l'intervention de l'armée pour sortir le pays de l'impasse actuelle – sans pour autant recourir à quelque coup d'Etat que ce soit -, il n'en est pas moins alarmiste lorsqu'il met en garde contre «les risques d'un effondrement du système». «Un système qui, selon lui, a atteint ses limites, qui ne peut plus se renouveler, ne peut plus gouverner dans la cohérence et cohésion. Car il n'est plus porteur du projet national.» Hamrouche donne une explication à la position actuelle de l'institution militaire par rapport aux élections, qui a donné lieu à moult interprétations, en estimant que «l'armée n'a pas choisi de candidat. Elle a été forcée de maintenir le statu quo. Nous sommes dans l'impasse.» Au-delà du constat amer qu'il dresse encore dans cette intervention, Hamrouche voudrait certainement jouer un rôle dans le débat politique actuel au deuxième jour de la campagne électorale. Mais sa voix risque d'être inaudible au milieu des discours populistes destinés à appâter des électeurs très peu sensibles à la chose politique. Ce qui peut lui être reproché justement, c'est de ne pas s'être physiquement impliqué dans cette bataille pour être plus proche des Algériens et expliquer son message à une base plus large, au lieu de continuer à s'adresser, par messages codés aux cercles des décideurs. Car ce qui est attendu d'un homme politique, a fortiori quand on est face à une grave crise politique, c'est une présence, des propositions concrètes et des initiatives susceptibles d'associer un maximum d'acteurs. Car la décantation tant souhaitée par Mouloud Hamrouche ne peut se réaliser sans la participation active de la classe politique et de la société civile. L'armée ne peut, à la limite, que légitimer – pour reprendre le terme usité par Hamrouche – une recomposition du champ politique, voire du système politique tout entier et accompagner le changement. Il est clair qu'on est encore loin de ce stade.