«Je ne demande ni un coup d'Etat ni à ce que l'armée empêche Bouteflika de se présenter». Lors de sa conférence de presse ce jeudi 27 février à l'hôtel Essafir (ex-Aletti), Mouloud Hamrouche voulait clarifier sa déclaration rendue publique lundi 17 février. «Je demande pardon à celles et à ceux qui ont cru comprendre que ma précédente déclaration était un acte de candidature et je les remercie d'avoir montré tant de confiance, de disponibilité et d'enthousiasme.» Pour Hamrouche, la crise actuelle du régime dépasse la seule échéance du 17 avril. «Il y avait des crises politiques, déclare-t-il, mais maintenant nous avons une crise à l'intérieur du régime. On ne sait pas comment vont se développer les choses à partir du 18 avril, car cette problématique dépasse la présidentielle.» «Je persiste à dire que les facteurs de blocage sont toujours là, avec ou sans renouvellement de mandat», appuie Hamrouche. Débordements «Ces blocages sont des risques sérieux. Ce sont des impasses qui recèlent de graves menaces, exacerbent les facteurs de division, paralysent les institutions et soumettent les hommes à des pressions impossibles.» Les risques ? «Il ne faut pas se faire surprendre par des débordements», prévient-il. A ses yeux, sa candidature ou non, le maintien ou non de Abdelaziz Bouteflika ou le débat sur le boycott ne règlent en rien la crise d'un système qui n'arrive plus à produire des solution ou un consensus. Il a appelé, deux fois, l'armée à la discipline, malgré les «pressions» qu'elle subit à cause de la présidentielle. L'ancien chef de gouvernement s'interroge dans ce sens : «Jusqu'à quand l'encadrement de nos forces de défense, de sécurité, nos cadres et acteurs économiques resteront soumis, à chaque échéance présidentielle et à chaque changement de responsables, à d'intolérables pressions, interrogations et examens de conscience ?» «L'édification d'un régime démocratique et l'instauration d'un Etat de droit sont des approches raisonnables qui mettront à l'abri la cohésion, la discipline et l'adhésion de tous les constituants de notre société», martèle Hamrouche. «Seuls les pays démocratiques et les Etats de droit garantissent une stabilité profonde, leurs armées ont triomphé et gagné toutes les guerres durant le dernier siècle.» Limites Le père des réformes de la fin des années 1980 assume l'appel à l'armée et explique qu'il a un attachement particulier à ce qu'il appelle sa «maison» (il a pris sa retraite au grade de lieutenant-colonel). «Mon espoir est que nous tous, particulièrement les nouvelles générations et élites n'allons plus nous encombrer des fardeaux, des errements et des querelles du passé et que nous opteront pour des solutions qui marchent et qui garantissent des résultats.» Nouvelles générations : les jeunes officiers doivent savoir que Mouloud Hamrouche peut les accompagner dans la transmission du pouvoir par l'ancienne génération, cette dernière étant arrivée à une fin de cycle chaotique. Ici, Hamrouche parle d'un «système qui a atteint ses limites» et précise : «On ne peut instaurer un système démocratique sans le soutien de l'armée.» Face aux journalistes, venus nombreux, Hamrouche lâche : «Je ne défends pas le régime, je veux faire tomber ce régime pacifiquement, avec des décisions responsables», et l'armée, «seule institution fortement organisée», doit être associée à ce processus de transition. «Je n'ai pas voulu convoquer, affirme-t-il, le passé de notre présent. J'ai plutôt parlé du futur de ce présent et de ce qu'il offre comme opportunités pour peu qu'on fasse appel aux traditions politiques en matière de consensus et de compromis.» Adlène Meddi